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Démolition des maisons à Souleymanebougou : Les incohérences du ministre Bathily

Alors que son opération de démolition des maisons amorcée le jeudi est stoppée dès vendredi par les plus hautes autorités du pays, le ministre Mohamed Aly Bathily dont le cabinet s’était refusé de toute explication, a tenu un point de presse sur l’affaire. Mais, au de-là de ses explications qui n’apportent rien de nouveau, le ministre Bathily s’est prêté à un discours truffé d’inexactitudes à en dormir.

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Bamako- Certes, la loi interdit la construction de tout édifice à moins de 25 mètres des cours d’eau (référence faite ici au code domanial et foncier du Mali). La même loi interdit toute occupation sans titre légalement acquis. C’est donc à ces lois que le ministre s’est référé pour passer à l’acte. Ceci, en considérant que les titres fournis par les préfets de Kati dans ce cas précis, sont nuls.

Jeudi 23 juillet 2015, 51 maisons furent réduites en débris, certaines avec ce qu’elles contenaient à l’absence de leurs propriétaires qui eux, pour la plupart n’en n’étaient même pas informés.

Le lendemain vendredi, dans la matinée, les trois bulldozers engagés dans l’opération reviennent et s’en prennent chacun à une villa ciblée parmi la soixantaine marquée sur les murs d’une croix blanche. Erreur.

Dans le plan, l’opération devrait concerner une soixantaine de maisons. Mais, sur le champ, elle est arrêtée. Pour raison évoquée, il s’avèrerait que parmi les maisons encore démolies, se trouvent concernées celles de certaines grosses pointures du régime. A tort ou à raison, les observateurs eux, ne pouvaient comprendre cet arrêt brusque d’une opération inopinée, qui se voulait décisive mais qui freine comme une aiguille de la montre.

Lors du point de presse qu’il a animé lundi, trois jours après l’arrêt de l’opération qui n’a fait que du mal, Bathily se veut véridique. A la question de savoir pourquoi l’arrêt brusque de l’opération, il justifie cet état de fait par un besoin de s’assurer que lesdites maisons ne sont pas habitées en cette période d’hivernage. Ce qui est complètement inexacte ! Car aucune de la dizaine des maisons (certaines sont nouvellement bâties et d’autres en chantier) en reste n’a l’habitude d’être habitée. Il suffit pour s’en convaincre, d’y effectuer une visite. Au contraire, la majorité des maisons démolies était depuis des mois, voire des années, habitée.

Pis, des habitants ont été illico vidés de leurs maisons comme des animaux pour assister impuissamment à la démolition de leurs maisons (voir photos).

Des maisons entières ont été détruites avec portes, fenêtres, climatiseurs, lavabos, armoires en place. Bien d’autres furent directement démolies sans que les portes ne soient ouvertes afin de constater ce qui s’y trouve. Personne n’a cherché à le savoir.  Et pourtant, nous somme en hivernage.

Rattrapé par le passé ?

Il y a de cela presqu’un an, le même Bathily, alors ministre de la justice ordonnait la détention immédiate de plusieurs huissiers de justice pour avoir fait démolir des maisons en saison de pluie. Que ceux-ci ne dormiront pas dans leurs maisons tant que les déguerpis resteront dehors.

Le ministre de la justice d’alors condamnait le fait que même des enfants aient perdu la vie parce que jetés à la rue sous la pluie. C’était le mardi 5 août 2015 à Kalabanbougou. Ceci est une parenthèse même si les scénarios sont similaires.

Quelle mesure de protection pour le citoyen qui est lui aussi l’Etat ? Quel sort pour les déguerpis de Souleymanebougou ?

Le ministre ne sait pas, mais que l’Etat a déposé une plainte contre les agents administratifs ayant procédé à la distribution desdits lots, explique-t-il.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois que des maisons bâties sur des terrains illégalement acquis sont démolies. Mais avant toute démolition effective, l’Etat ordonnait les responsables administratifs à relocaliser les victimes qui seront en même temps dédommagés par l’Etat lui-même après avoir constaté la faute administrative. Quel gâchis !

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