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Démission ou pas du P.M Moussa Mara : IBK, rattrapé par son passé avec Alpha Oumar Konaré

Il n’a guère été aisé pour l’ancien président Alpha Oumar Konaré d’obtenir la démission de son premier Ministre Ibrahim Boubacar Keïta en 2000. Mais voilà,  15 années plus tard, devenu président de la République à son tour, qu’IBK peine à convaincre son jeune premier Ministre, M. Moussa Mara à se démettre de ses fonctions. Il paraît que l’histoire a souvent le sens de l’humour.

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Qu’on le dise franchement: le premier Ministre Moussa Mara rendra un grand service à IBK en lui remettant sa démission. En marge des considérations sociopolitiques, la Loi fondamentale malienne (la Constitution du Mali) n’autorise pas le président de la République à démettre son premier Ministre. Il revient plutôt à ce dernier de présenter sa lettre de démission (lire encadré).

En clair, le président de la République n’a pas vocation à démettre le chef de l’Exécutif quand bien même il ait deux options à sa guise : annuler le décret portant sur sa nomination (une décision que l’intéressé ou tout citoyen peut éventuellement attaquer devant les juridictions compétentes puisqu’en déphasage avec la Loi fondamentale) ;  ou, exiger la lettre de démission avant la prise de fonction du PM fraichement nommé et ainsi,  la faire valoir au moment opportun. C’est bien cette option que la majeure partie des chefs d’Etat africains adoptent afin d’anticiper sur les événements.

Mais en 2000, Alpha Oumar Konaré n’avait pas songé à cette seconde  alternative. Et il s’en mordit les doigts. Son premier Ministre Ibrahim Boubacar Keïta s’abstint de produire la lettre de démission souhaitée par son employeur quand celui-ci le jugea opportun et le pays fut alors plongé dans une crise institutionnelle sans précédent. D’un côté, le président de la République avec son équipe et de l’autre, le PM et non moins président du parti majoritaire avec ses hommes, tous droits dans leurs bottes. C’est là où se trouve la véritable origine de l’implosion du parti ADEMA PASJ, à la suite, souvenez-vous, le fameux conflit entre «Conservateurs» et «Rénovateurs» respectivement symbolisés par IBK et Bocary Tréta et  par le «Clan CMDT» à sa tête, Soumaïla Cissé et Soumeylou Boubèye Maïga, farouchement opposés à la «candidature naturelle» du «Conservateur» Ibrahim Boubacar Keïta.

Les deux premiers (Soumaïla Cissé et Soumeylou Boubèye Maïga) considérés comme des hommes d’Alpha Oumar Konaré, étaient en effet opposés à la candidature du Premier Ministre à la présidentielle de 2002. Le président de la République aussi qui avait, selon toute évidence, choisi un autre dauphin. Mais puisque son tout puissant premier Ministre était aussi chef du parti majoritaire, celui-ci avait toutes les chances de se faire élire à l’issue des consultations présidentielles. Raison pour laquelle, il réclama sa démission du poste de premier Ministre. Mais conscient des dispositions légales en la matière, et surtout des conséquences pour son éventuelle candidature, Ibrahim Boubacar Keïta s’abstint. Commença alors le bras de fer. On connaît la suite. Sous la pression, IBK démissionna d’abord de la primature, de son poste de président du parti ADEMA, ensuite de «toutes ses responsabilités» au sein de la formation, s’exila un moment au Gabon chez son frère et ami, feu Oumar Bongo Odimba et se présenta plus tard aux élections présidentielles maliennes sous les couleurs d’un nouveau parti : le RPM. Il obtint un score honorable à l’issue du scrutin derrière Amadou Toumani Touré et Soumaïla Cissé.

Elu président de la République après plusieurs péripéties, il nomma un premier Ministre (Tatam Ly) lequel ne se fit pas prier pour rendre le tablier. C’est le second qui, certainement conscient des limites juridiques, fait aujourd’hui de la résistance. Tout comme lui-même en 2000.

L’histoire nous rappelle certainement là l’impérieuse nécessité d’une relecture de notre Loi fondamentale. En attendant, c’est bien IBK qui est rattrapé par la même histoire. Son histoire !

B.S. Diarra

 

Encadré

 

Extrait de la Constitution du 25 février 1992

Au regard des dispositions de la Loi Fondamentale, le président de la République ne saurait démettre le Premier Ministre qu’à la présentation de la démission de celui-ci. C’est seulement à cette seule condition que le président de la République peut se défaire de son employé du jour. Mais entre gentlemen, inutile d’en arriver là. Voici l’extrait en question.

Titre III.
Du président de la République

Article 38.

Le président de la République nomme le premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.

Sur proposition du premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Titre IV.
Du Gouvernement

Article 53 ; Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation et dispose de l’administration et de la force armée.

Article 54 : Le Gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 78 et 79.

SOURCE: La Sentinelle  du   15 nov 2014.
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