Dans le cadre de la Quinzaine de l’environnement, la direction nationale des eaux et forêts (DNEF) a présenté hier, dans les locaux de l’Agence de l’environnement et du développement durable (AEDD), un document sur la problématique de la reforestation et le projet de reboisement intensif au Mali. La séance a été dirigée par le colonel-major Bakary Traoré, représentant le directeur national des eaux et forêts.
Le chef de section reboisement et restauration du couvert végétal à la DNEF, le capitaine Samba Goïta qui présentait le document, a expliqué que les formations ligneuses au Mali occupaient environ 32 millions d’hectares en 1985. Elles couvrent maintenant 17,4 millions d’hectares du fait des différentes pressions humaines. Aussi, les 107 forêts classées et les 30 aires protégées couvrant une superficie de 14.030.930 hectares connaissent une dégradation constante.
Selon le rapport «État de l’environnement au Mali 2012-2014», le volume total de bois coupé en vue de la satisfaction des besoins des populations en bois énergie (bois de feu et de charbon) est actuellement estimé à environ 12.761.565 de tonnes par an. Le potentiel de régénération annuelle est estimé à 7 millions de tonnes. Des études récentes estiment les pertes économiques liées à l’érosion des sols et à la déforestation découlant de ces problèmes à 4.239 Fcfa par ha et par an pour les terres marginales cultivées et à 90.000 Fcfa /ha/an en zone soudanienne, suite à la perte d’éléments fertilisants.
Le capitaine Samba Goïta a rappelé que la signature et la ratification de plusieurs conventions, accords et traités internationaux, relatifs à la protection de l’environnement a renforcé la volonté politique du gouvernement à faire face à ces problèmes. Au nombre desquelles figurent les Conventions des Nations unies sur la lutte contre la désertification, de l’Afrique sur la conservation de la nature et des ressources naturelles et la convention Ramsar relative aux zones humides d’importance internationale.
Pour renforcer ce dispositif, a ajouté l’officier, le gouvernement a pris des initiatives telles que l’inscription de la gestion de l’environnement dans la Constitution du 22 février 1992 (article 15). Elle stipule que «toute personne a droit à un environnement sain. La protection, la défense de l’environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour tous et pour l’État». Aussi le gouvernement a-t-il élaboré et mis en œuvre différents documents de politiques notamment les Politiques de protection de l’environnement, forestière nationale et nationale sur le changement climatique.
Mais le secteur de la forêt fait toujours face à d’importants défis et nécessite des innovations, notamment le renforcement de la décentralisation/régionalisation, l’implication et la responsabilisation des acteurs privés et de la société civile dans la gestion des ressources forestières ainsi que la règlementation de l’exploitation minière notamment l’orpaillage, a soutenu le capitaine Samba Goïta.
Le projet «Reboisement intensif au Mali» a vu le jour à travers l’adoption récente d’une nouvelle Politique forestière nationale. Celle-ci vise à assurer une gestion intégrée et durable des ressources forestières et fauniques. Le but est de contribuer à la lutte contre la pauvreté, la gestion durable des terres et la lutte contre le changement climatique.
Financé par le budget national pour un montant total de 200 millions de Fcfa, le Projet a une durée de 4 ans, couvrant la période de 2020 à 2023 inclus.
Les principales activités sont notamment l’information et la sensibilisation des acteurs (populations, communautés, collectivités, décideurs et partenaires techniques et financiers), la formation et l’organisation des bénéficiaires des actions, le financement des campagnes médiatiques pour le reboisement et la promotion des activités de reboisement, d’enrichissement de forêts, de conduite de régénération naturelles, de récupération des terres dégradées.
M. S.