Il l’a dit, il est en train de la réussir : construire l’armée de nos besoins. En trois ans de pouvoir du Président IBK, l’on assiste à une montée en puissance dans les domaines de la défense et de la sécurité. Les attentats déjoués ; les arrestations ; les neutralisations de terroristes enregistrés en sont la parfaite illustration. Pour autant, le chemin reste long et semé d’embûches.
Trois ans après l’accession du Président Ibrahim Boubacar KEITA à la magistrature suprême du pays, le visage des Forces armées et de sécurité se transforme indubitablement. Il s’y était du reste engagé en briguant les suffrages de ses compatriotes en 2013. Cela dans un contexte sécuritaire fortement marqué par l’explosion du terrorisme islamiste et où nos forces n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes.
L’état des lieux
En plus de la crise politico-institutionnelle larvée plusieurs mois durant sinon des années, notre pays a entamé l’année 2012 avec des attaques rebelles des éléments du Mouvement national de libération de L’Azawad (MNLA) qui seront vite rejoints par les combattants de Ançar Eddine, de Iyad Ag GHALY, de Al qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Une jonction des forces qui plongera, en quelques mois, le pays dans l’une des plus graves crises sécuritaires de son histoire avec l’occupation des 3/4 du territoire national.
Grâce à l’Opération Serval, le ‘’Nord a été libéré’’. Il serait en réalité plus juste de dire que les grandes villes ont été libérées d’une occupation obscurantiste. Parce que, dans les faits, les djihadistes qui étaient la principale cible des forces libératrices (il n’a jamais été question pour elles de combattre l’allié MNLA des jihadistes), s’ils ont subi des coups par-ci et par-là, ont été plutôt dispersés ou repoussés. Du coup, la menace est et reste toujours présente. Elle est d’ailleurs devenue beaucoup plus pernicieuse avec l’évolution machiavélique de leur mode opératoire qui reste toujours dans le registre de la guerre asymétrique : attaques à moto ; dissimulation au sein de la population ; délocalisation des cibles, parce qu’aucune localité du Nord comme du Sud, de l’Est comme de l’Ouest n’est plus à l’abri d’une attaque terroriste. Les attentats dans la capitale (Le bar restaurant La Terrasse, le 7 mars 2015 et l’hôtel Radisson Blu, le 20 novembre 2015 ; le Byblos à Mopti) étant la plus parfaite illustration.
En ce qui est des Forces de sécurité et de défense maliennes, ce n’était pas le lustre ; malgré leur sursaut d’orgueil pendant la guerre de reconquête des localités occupées du Nord du pays. Elles faisaient face à de véritables écueils.
Primo notre pays disposait d’une armée dont la cohésion n’était que de façade. Ce, en raison des affrontements fratricides pendant la période de la Transition que certains ont cyniquement qualifié de guerre des bérets. Or, il est de notoriété publique que la force d’une armée, c’est son unité et sa discipline. Cette unité en reconstruction représentait donc un handicap pour les hommes qui ont fait le serment de défendre l’intégrité territoriale du Mali, les personnes et leurs biens.
Secundo, l’on s’accorde à dire que le moral des troupes n’était pas au mieux. Il ne pouvait pas en être autrement au regard des épreuves auxquelles les hommes ont eu à faire face, dans l’accomplissement de leur mission de défense, de l’intégrité territoriale du Mali. La défaite au Nord a été particulièrement mal vécue par nombre d’entre eux.
À l’autoflagellation des Forces de défense et de sécurité, s’ajoutait l’incompréhension et même une certaine haine de la population à leur égard. Ce qui, à la limite, imposait de garder profil bas parmi les siens, de raser les murs.
Tertio, se posait avec acuité la question de l’équipement des Forces armées et de sécurité. L’on se rappelle que certains médias étrangers avaient poussé l’ironie jusqu’à diffuser des images présentant des soldats maliens en pleine action à Gao portant des chaussures en plastique (les célèbres ‘’yoro’’) pour déloger des djihadistes retranchés dans un bâtiment de la mairie. Il est vrai qu’une telle représentation ironique blesse la fibre patriotique, mais c’était la preuve de l’état de dénuement matériel dans lequel se trouvaient les soldats de notre pays. En mission commandée, il fallait faire avec les moyens du bord. Dans ces conditions, les forces armées et de sécurité étaient-elles vraiment capables d’accomplir leur mission ? Il y a lieu d’en douter. D’où, l’impérieuse nécessité d’apporter les réponses idoines à cette problématique.
Les acquis
C’est le sens de l’engagement pris par le Président Ibrahim Boubacar KEITA, le 7 juillet 2013, au Stade du 26 Mars, lors de l’ouverture de sa campagne présidentielle. Il annonçait, en effet : « pour la garantir, je veux reconstituer une capacité de défense et de surveillance du territoire. Désormais, aucun groupe terroriste ou criminel ne franchira la frontière du Mali sans trouver devant lui les forces armées nationales en position de combat ».
Indéniablement cette promesse est en train d’être tenue. Pour ce qui est du réarmement matériel de nos Forces armées et de sécurité, l’on retient qu’après son investiture, la première mesure phare du Président IBK a été leur habillement. À cet effet, d’importantes commandes ont été réceptionnées comprenant des gilets pare-balles ; des bérets pour différents corps ; des ceintures et des ceinturons ; des logos FAMa ; des cartouchières ; des chaussures rangers en cuir, des chaussures rangers en toile et chaussures rangers sable.
À cela, il faut ajouter les tenues camo plus casquettes couture commando avec poches chargeurs plus logo FAMa ; des tenues d’opération plus casquettes couture commando avec poches chargeurs ; des tenues treillis VA plus casquettes couture commando avec poches chargeurs plus logo FAMa ; des bas ; des Parka (veste pour le froid) ; des imperméables.
Pour le couchage, apprend-on, il y a eu l’acquisition de sacs de couchage ; de lits de camp avec armature métallique.
Pour le campement, les achats ont porté sur des tentes de 30 et 20 places ; des pelles bêche ; des pelles pioche ; des chaises de campagne.
Les Forces armées ont également été dotées de cuisinières roulantes ; de bidons individuels complets ; de casques balistiques ; de gamelles 3 éléments ; des sacs à eau (GAMEL BAG) ; de bidons d’eau applicables au ceinturon et des bidons d’eau qui se portent au dos.
La liste n’est certainement pas exhaustive. Au regard du contenu de cette dotation, l’on devrait reconnaitre que ce qui était du luxe est devenu normal. Désormais, l’armée malienne peut parader, altière, devant n’importe qui et n’importe où. Elle dispose des accessoires nécessaires pour les opérations en campagne.
Le réarmement moral est l’autre élément crucial dans le processus de réhabilitation des FAMa. La matière est sensible et est de toutes les manières frappée du sceau du secret défense.
Ce qui n’est plus secret, c’est que le Gouvernement a passé une commande de six avions de combat A-29 Super Tucano. L’annonce faite le 15 juin, en marge du salon du Bourget, à Paris, va redonner quelques couleurs aux forces aériennes maliennes. En effet, le constructeur brésilien Embraer a indiqué avoir trouvé un accord avec Bamako pour la livraison de 6 exemplaires de son avion léger d’attaque A-29 Super Tucano.
Le cap du professionnalisme
Cependant, l’acquisition de matériels de combat est loin de suffire. On se rappelle, l’un des reproches qui a été fait à l’armée malienne, après la chute des trois régions du Nord, est son manque de professionnalisme. La rengaine dans certains médias étrangers était connue : une armée sous-équipée, mal entraînée et indisciplinée. Pour nombre d’observateurs, c’est la conjonction de ces trois facteurs qui a conduit à la débâcle des Forces armées et de sécurité sur différents théâtres d’opérations. Une tare qu’il urgeait de corriger. A cet effet, le Président IBK, lors de l’ouverture de la campagne présidentielle annonçait : « grâce à l’appui des partenaires étrangers et notamment de l’Union européenne à qui nous sommes très reconnaissants, le travail de refondation a déjà commencé. Mais le Mali doit aussi assumer sa part ».
Avec le concours de la Mission européenne de formation (EUTM), des centaines de soldats sont en train de se mettre à niveau. Les bataillons ‘’Waraba’’ ; ‘’Elou’’, entre autres, sont les fruits du Centre de formation de Koulikoro et qui sont pleinement opérationnels, depuis leur sortie.
Le processus de formation des hommes est fortement soutenu par le chef suprême des Armées qui ne fait aucun mystère sur le fait que c’est aux Forces armées et de sécurité d’assurer la défense du territoire national, de protéger les personnes et leurs biens conformément à leur mission. Pour cela, il s’est engagé à mettre à disposition tous les moyens nécessaires avec en retour une obligation de résultat.
Outre Koulikoro, des centres sont ouverts dans plusieurs localités du pays : Kati ; Bamako… Les formations sont assurées par des instructeurs nationaux. L’on note une amélioration sensible des conditions de travail, mais également de vie des stagiaires dont la prise en charge alimentaire revient à l’État. Ce qui, affirme-t-on, ne faisait plus partie des habitudes de l’armée.
La Loi d’orientation et de programmation
C’est dans le même souci de la réforme des Forces armées qu’est intervenu le vote de la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM), pour la période 2015-2019, qui consacre la volonté du chef suprême des Armées de doter le pays d’un outil de défense capable de préserver ses intérêts fondamentaux. Aussi, a-t-elle pour objectif : amorcer une réforme profonde des armées, cohérente avec l’évolution de l’environnement aussi bien national qu’international, et qui se traduit en particulier par des contrats opérationnels ; doter les Forces armées et de sécurité en ressources humaines en nombre et en qualité ; accorder une attention particulière à l’accompagnement des restructurations qui seront mises en œuvre.
Le but, indique-t-on, est de se doter à l’horizon 2019 d’une organisation et d’un plan d’équipements ; de disposer d’un outil de défense adapte aux besoins de sécurité et capable, en toutes circonstances, de défendre l’intégrité territoriale nationale tout en contribuant à la consolidation de la démocratie.
La LOPM devra permettre aux Forces armées et de sécurité de : faire face à un conflit sur le territoire national avec une structure de commandement interarmées et opérative, capable de coordonner l’atteinte de l’objectif militaire fixé ; contribuer à la protection de la population ; contribuer aux opérations de maintien de la paix à hauteur d’un bataillon de 850 hommes.
La mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire nécessite un financement budgétaire de mille deux cent trente milliards, cinq cent soixante-trois millions, neuf cent soixante-douze milles, trois cent quarante-neuf (1 230 563 349) francs CFA sur une période de cinq ans répartis comme suit : 427 598 785 583 francs CFA pour les investissements ; 442 577 348 718 francs CFA pour le fonctionnement ; 360 387 838 048 francs pour le personnel.
Le vote de cette LOPM était aussi l’une des promesses du candidat IBK en 2013 : « je ferai voter et appliquer, de manière très rigoureuse, une loi d’orientation et de programmation militaire. Elle devra prévoir pour les 10 ans à venir les besoins nécessaires pour remettre à niveau notre appareil de défense, et lui permettre de faire face aux nouveaux défis. La conséquence sera une hausse très importante des moyens alloués au budget de la défense. Il s’agira de rendre notre armée plus performante en la dotant des capacités opérationnelles adéquates pour l’accomplissement de sa mission de défense de l’intégrité territoriale. Elles doivent être portées à un niveau d’efficacité opérationnelle qui dissuade tout agresseur éventuel. L’utilisation de moyens mobilisés sera scrupuleusement contrôlée, pour qu’aucun centime dédié à la sécurité des Maliens ne soit dévoyé. Je le dis, je le ferai ! Inch’Allah ! »
Des victoires éclatantes
Les différentes mesures prises pour mettre nos Forces armées et de sécurité dans les conditions optimales d’opérationnalité leur ont permis de réussir des coups d’éclat.
Parmi les démonstrations de force des FAMa l’on peut citer l’opération ‘’Seno’’. Cette Opération de grande envergure a permis, au bout de deux semaines, en 2015, d’établir un bilan faisant état de cinq djihadistes tués et de quinze suspects arrêtés et mis à la disposition de la gendarmerie.
Ce premier bilan intervenait alors qu’une opération du même genre, dénommée ‘’Jiguiya’’ venait d’être lancée dans la région de Sikasso.
L’objectif de ces deux opérations, expliquent des sources militaires, est de « traquer » les djihadistes, et « assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ». À Mopti, l’opération « Seno » a duré trois semaines.
Les Forces spéciales de leur côté n’ont pas chômé. Après l’attentat du bar restaurant La Terrasse, le 7 mars 2015, dans la nuit de mercredi 18 à jeudi 19, des arrestations étaient opérées. Au cœur de l’attaque, trois terroristes venus du Nord, tous originaires du même village. Ils avaient des complices dans la capitale. Parmi ces derniers, un boutiquier et son frère, ainsi qu’un employé d’une société de transport. C’est lui qui aurait organisé par bus de la région de Gao à Bamako, le voyage des trois principales figures de l’attaque. Au moins, l’un des trois hommes a séjourné un moment chez le boutiquier.
Une semaine après l’attaque de l’hôtel Radisson, le 20 novembre 2015, deux suspects ont été arrêtés par les Forces spéciales.
En rapport avec l’attentat de l’hôtel Radisson, en avril 2016, Fawaz Ould Ahmeida, de nationalité mauritanienne, a été alpagué par les Forces spéciales. Selon les services de renseignement, son nom apparaît dans tous les actes terroristes qui ont frappé Bamako depuis un an : l’attentat du bar-restaurant la Terrasse où 5 clients avaient été tués en mars 2015 ; celui de l’hôtel Radisson Blu, en novembre, qui avait fait 22 morts ; et jusqu’à l’attaque contre l’hôtel Nord-Sud. Fawaz Ould Ahmeida était l’un des hommes suspectés de terrorisme les plus recherchés par la police.
« Il semble être une personnalité très importante d’Al-Mourabitoune », a indiqué une source sécuritaire. Ce groupe djihadiste très actif, dirigé par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, s’était rallié à Al-Qaeda au Maghreb islamique.
Plus récemment, le 26 juillet, leader d’un des groupes armés qui ont revendiqué l’attaque de Nampala, Mahmoud Barry dit Yahiya, a été arrêté par les Forces spéciales entre Nampala et Dogofri dans la région de Ségou. L’information a été confirmée par une source sécuritaire malienne.
Rappelons que l’attaque de Nampala du 19 juillet dernier avait fait 17 morts dans les rangs de l’armée.
Il faut signaler que grâce à l’action des services de renseignement des attentats ont pu être déjoués. L’on peut citer en exemple le projet d’un homme de nationalité burkinabè arrêté, le vendredi 3 avril 2015, après une explosion dans un domicile privé à Sirakoro Méguétana. Un projet « d’attentat de grande envergure » a été découvert, a affirmé un responsable de la gendarmerie malienne.
Des pertes
La lutte contre le terrorisme n’est pourtant pas un long fleuve tranquille. Les Forces armées paient le lourd tribut de leur engagement dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Les attaques traîtresses sont devenues leur lot quotidien.
À Boni, trois soldats ont perdu la vie et deux autres ont été blessés.
À Nampala, les 19 juillet dernier, les FAMA ont déploré 17 morts et 35 blessés, après l’attaque de leur camp vers 5 h 30. Du matériel militaire a également été emporté ou endommagé par les assaillants.
Dans ces deux cas, des défaillances ont été constatées dans la chaîne de commandement.
Après l’attaque du camp de Nampala, les sanctions n’ont pas tardé.
Par ailleurs, le communiqué du ministère de la Défense et des anciens combattants, après l’attaque de Boni, ne laisse aucune place qu’il y a eu défaillance. Si ce n’est plus. En effet, on peut y lire : ‘’c’est dans cette ambiance d’insécurité amplifiée par des rumeurs que le détachement FAMa de Boni, s’est replié sur Douentza sans attendre les ordres de la hiérarchie’’. Le communiqué poursuit : ‘’face aux évènements graves survenus à Boni, le commandement prendra toutes ses responsabilités pour tout manquement constaté dans l’exécution des missions’’.
La première attaque terroriste de l’année 2015 était signée du Front de libération du Macina et exécutée par un certain DIALLO, déserteur de l’armée et originaire de Nampala. Elle est perpétrée le 5 janvier 2015 avec une trentaine d’éléments à bord de deux véhicules Pick-up appuyés par une vingtaine de motos contre la garnison de Nampala. Bilan : 5 soldats tués.
Le chef de l’opération serait ensuite revenu dans son village pour tuer son propre père qui a condamné l’attaque contre les militaires maliens.
L’armée a vite pris le contrôle de la situation en infligeant aux assaillants une lourde perte en vies humaines.
Le lundi 11 mai 2015, une mission de ravitaillement des Forces armées maliennes (FAMA), en provenance de Goundam, est tombée dans une embuscade tendue par des éléments de la Coalition des Mouvements de l’Azaouad (CMA) près de la localité de Tin Telout. Bilan : neuf militaires sont morts, quatorze autres ont été blessés.
Une autre attaque s’est produite sur l’axe Diabaly-Nampala, le 1er août 2015, lorsqu’une escorte des forces armées est tombée dans une embuscade. Bilan : deux soldats tués et quatre blessés.
Deux jours après, 11 soldats maliens sont tués lâchement dans une attaque d’un poste de sécurité de la Garde nationale du Mali de Gourmas Rharous.
Dans la nuit de mardi à mercredi 10 juin 2015, le camp militaire et les postes de police et de gendarmerie du village de Misseni, ont fait l’objet d’une attaque djihadiste perpétrée par des assaillants à bord de véhicules pick-up et de motos. Bilan : un gendarme tué.
Deux semaines plus tard, samedi 27 juin 2015, le camp militaire de la ville de Nara a été attaqué par des djihadistes d’Ansardine. Bilan : douze morts, neuf assaillants et trois de nos vaillants soldats.
Les défis à relever
Face aux nombreuses pertes et les défaillances constatées dans la chaîne de commandement, l’un des défis majeurs à relever, est le réarmement moral et matériel des éléments des Forces armées et de sécurité. Certes, d’importants efforts sont déployés, mais il reste essentiel de maintenir le cap. Ce, d’autant plus que les Forces armées et de sécurité reviennent de très loin. Mais aussi, parce qu’elles doivent faire face à un ennemi particulièrement redoutable et invisible.
Il y a aussi le défi de l’opérationnalisation des patrouilles mixtes. Un point qui a été à l’origine de vives tensions au sein du Comité de suivi de l’Accord (CSA). Il est vrai que le Gouvernement a octroyé 300 millions de francs CFA et 40 pick-up au Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) et qu’un accord a été trouvé pour que chaque partie (FAMa, Plateforme et CMA) fournisse une liste de 200 éléments pour lesdites patrouilles, il n’en demeure pas moins qu’il en faut beaucoup plus. Autant les effectifs que les moyens financiers et matériels devraient être considérablement revus à la hausse. Pour cela, la seule volonté du Mali ne suffira pas.
Sur la liste des défis, figure le cantonnement, intégration et désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) prévus au chapitre 8 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Le processus d’aménagement des sites de cantonnement traîne en longueur. À cela s’est greffée l’équation de la prise en compte des jeunes de Gao confrontés à un sérieux problème de chômage, dans le processus.
Enfin, il va falloir trouver une thérapie à la maladie de Kidal où les groupes armés sont en état de belligérance. La violation du cessez-le-feu y a été constatée avec les violents affrontements des 21 et 22 juillet derniers, dans la ville même de Kidal, qui auraient fait plusieurs morts. De nouveaux affrontements, entre le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA) et la Coordination des Mouvements Armés (CMA) se sont déroulés le 30 juillet 2016, à quelques dizaines de kilomètres de Kidal. Le 9 août dernier, un troisième affrontement a eu lieu dans la zone de Adjlal (70 km à l’est de Kidal).
Le Haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, Mahamadou DIAGOURAGA, a été mis à contribution pour aplanir le différend, après l’échec de la médiation du Premier ministre nigérien. Le challenge est important pour le retour de la paix et de la quiétude au profit des populations civiles qui sont les victimes collatérales dc rivalités entre mouvements armés.
Perspectives :
Le terrorisme étant transfrontalier, une forte collaboration au sein du « G5 Sahel » s’avère indispensable pour venir à bout de l’hydre. À cet effet le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans sa Résolution 2295 du 29 juin 2016 sur le Mali dit ‘’se déclarant toujours préoccupé par la dimension transnationale de la menace terroriste dans la région du Sahel, ainsi que par les graves défis que représentent la criminalité transnationale organisée dans la région du Sahel, notamment le trafic d’armes et de stupéfiants, le trafic de migrants, la traite d’êtres humains, et les liens qui se développent, dans certains cas, entre cette criminalité et le terrorisme, soulignant que la responsabilité de lutter contre ces menaces et de relever ces défis incombe aux pays de la région, accueillant avec satisfaction, dans ce contexte, l’action menée par le Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel), notamment la mise en place d’un mécanisme visant à renforcer la coopération en matière de sécurité régionale dans le cadre duquel sont menées des opérations militaires conjointes transfrontières, et le Processus de Nouakchott de l’Union africaine, se félicitant de la décision prise par les ministres de la défense des États du Sahel et du Sahara les 24 et 25 mars 2016 de resserrer la coopération régionale pour combattre le terrorisme et de créer un nouveau centre de lutte antiterroriste ayant son siège au Caire (Égypte) et se félicitant de ce que les forces françaises font pour aider les États Membres faisant partie du G5 Sahel à renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme’’.
Le « G5 Sahel » est un Groupe de cinq pays du Sahel : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Il est créé le 16 Février 2014 à Nouakchott en République Islamique de Mauritanie. Il s’est doté d’une Convention signée le 19 Décembre 2014 et a son siège en Mauritanie. Le G5 Sahel a pour objet : garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres ; offrir un cadre stratégique d’intervention permettant d’améliorer les conditions de vie des populations ; allier le développement et la sécurité, soutenus par la démocratie et la bonne gouvernance dans un cadre de coopération régionale et internationale mutuellement bénéfique ; promouvoir un développement régional inclusif et durable.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin