Adama Ouattara, PES et analyste politique.
“Je pense les autorités de la transition ont fait une fuite en avant. Lors de la dernière conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, il a été convenu que le médiateur en occurrence Goodluck Jonathan devrait venir à Bamako pour la finalisation de la négociation.
Vu le décret de méfiance qui prévalait entre les autorités de la transition et la CEDEAO, elles devraient attendre l’issue de cette négociation pour prendre une telle décision. Cette décision donnerait raison à l’Institution sous-regionale d’avoir douté de la crédibilité des autorités de la transition. Mais attendons de voir la suite qui nous édifiera avantage”.
Seydou Sangaré, le secrétaire général de la Convention pour une démocratie participative et solidaire (CDPS)
“Je pense que le décret fixant la durée de la transition au Mali est une matérialisation de la bonne volonté de nos autorités d’aller de l’avant dans les négociations avec la CEDEAO en vue de la levée des sanctions. Le Président de la transition, son excellence Assimi Goita a compris que la CEDEAO utilise la théorie de l’usure, c’est-à-dire laisser le peuple souffrir jusqu’à ce qu’il se lève contre les autorités de la transition. Unilatérale ou pas, c’est une bonne décision : elle sera meilleure lorsqu’elle incarnera le sceau de l’inclusivité.
Pour la réussite de cette deuxième phase de la transition, je fais quelques propositions suivantes :
- Revoir la composition du CNT de 121 à 77 membres avec un traitement de 500. 000 fca par membre ou le recomposer avec les agents de l’Etat qui garderont leurs salaires.
- Supprimer les fonds de souveraineté pour ne plus permettre aux autorités issues démocratiquement de s’enrichir sur le dos du peuple malien.
3.Mettre en place une véritable consultation de toutes les forces vives du pays.
- Reformer la justice, l’éducation et la santé.
- Organiser les élections après les réformes politiques essentielles.
A cela, il faut réduire la taille du gouvernement à 11 membres, pas de ministre délégué avec un traitement 400.000 ou nommer les agents de l’Etat qui garderont leur salaire”.
Abdoulaye Sidibé, gérant de lavage-auto: C’est une belle initiative
“Je pense que c’est une meilleure décision de montrer à la Communauté internationale que nous sommes indépendants. Certes nous avons besoin des autres, il nous faut gérer certaines choses sans une interférence étrangère.
La CEDEAO qui a déjà déclaré la guerre au Mali en infligeant un embargo qu’elle pouvait éviter n’a aucun sens positif au vu des Maliens qui ont supporté les sanctions pendant 5 mois. Pour moi, nos autorités ont bien fait de décréter la durée de la transition. Si la CEDEAO était dans une logique de sauver le Mali qui vit dans une crise multidimensionnelle dépuis 2012, elle allait lever les sanctions lors de son dernier sommet extraordinaire tenu à Accra, mais hélas.
Abdoulaye Aziz Sacko, Enseignant à Bamako.
“C’est bien, c’était ce que tout le monde attendait… Mais elles l’ont fait unilatéralement sans l’accord avec la classe politique et la Communauté international, cela risque d’être un problème pour elles. Je pense qu’avec ce décret, les Maliens seront, au moins sur quoi il faut désormais discuter avec la Communauté internationale. Il faut que la classe politique s’approprie cette occasion pour se mobiliser dans un élan de solidarité pour qu’ensemble nous puissions sauver la partie. Quant à la Communauté internationale, elle doit savoir que les Maliens souffrent aujourd’hui à cause de ces sanctions injustes.
TRANSITION : Le Cadre invite les autorités à publier un chronogramme
Le Cadre d’échange des partis politiques, regroupement des partis politiques pour une transition réussie au Mali a réagi face à la situation sociopolitique du pays, cela après la prise du décret de prorogation de la durée de la transition de 24 mois à partir de mars 2022. C’est après sa réunion ordinaire tenue le mercredi 8 juin 2022 à son siège de l’Espérance nouvelle ( Jigiya Kura).
En effet, les membres du Cadre des partis politiques pour une transition réussie ont regretté la signature du décret N° 2022-035/ PT- RM du 6 juin qui proroge la transition de 24 mois à partir de 26 Mars.
Concernant toujours ce décret, le Cadre dénonce l’absence de toute consultation de la Classe politique, malgré la restauration d’un cadre de concertation créé par le département de l’Administration territoriale. Les membres du Cadre d’échange estiment qu’ils ont été ignorés par les autorités de la transition ainsi que les Groupes armés signataires de l’Accord issu du processus d’Alger. Dans la même foulée, le Cadre dénonce l’absence d’un dialogue franc et inclusif.
Le Cadre plaide pour la mise en place d’un Gouvernement inclusif et avec un Premier ministre neutre qui élaborera une bonne feuille de route de transition et propose une durée de transition de 12 mois, c’est à dire une année.
Le Cadre invite les autorités à tout mettre en œuvre pour publier un chronogramme consensuel accepté de tous et chercher rapidement un compromis avec la CEDEAO, afin que les sanctions soient levées immédiatement. Ce qui va soulager les populations qui souffrent déjà des conséquences de cet embargo. Le Cadre lance un vibrant appel à la nation malienne à se mobiliser pour la levée des sanctions contre la Mali qui n’ont que trop duré.
Enfin, le Cadre des partis politiques invite le médiateur de la CEDEAO, SE Goodluck Jonathan, à plus inclusivité dans la recherche des solutions en écoutant toutes les parties maliennes, à savoir la classe politique et la Société civile afin d’aboutir à un chronogramme consensuel.
Seydou Diamoutené
Source : 22 Septembre