Le Premier ministre sent-il la bourrasque venir ? C’est le moins qu’on puisse dire après sa décision de se mettre dans une tour d’ivoire depuis quelque temps. Un choix justifié par la volonté de se concentrer à ce qui apparaît à ses yeux comme une priorité des priorités. Le Premier ministre de la Transition, d’après les indiscrétions, a décidé ne plus recevoir des personnes ou groupes de personnes qui le souhaiteraient. Il ne veut plus accorder des audiences en ce moment, confie discrètement un collaborateur sous l’anonymat.
Les raisons de cet isolement ou du moins auto-isolement de Dr Choguel Kokalla Maïga trouvent leur justification dans la forte pression exercée sur la Transition depuis l’annonce du projet de chronogramme concocté à l’issue des Assises Nationales de la Refondation (ANR), soumis à l’appréciation des Chefs d’Etat de la CEDEAO, lors du voyage effectué par une délégation d’officiels, conduite par le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop.
En plus de la pression de la CEDEAO qui pourrait faire subir au Mali les affres d’une sanction économique, la Transition malienne pour laquelle Choguel sert de fusible depuis sa désignation, est confrontée à une opposition qui se radicalise autour du respect du délai. Un fait qui n’est pas sans inquiéter le Chef du gouvernement, qui y voit des ingrédients d’un cocktail Molotov dont le déclenchement risquerait de lui coûter son fauteuil. Si le Premier ministre Choguel Maïga jouit de la confiance des militaires, actuellement sa chance de poursuivre la gestion des affaires à ce poste est menacée par la volonté des politiques qui plaident pour un Chef de gouvernement sans coloration. Et le choix idéal d’après les confidences serait l’actuel ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Politiquement neutre, il jouit d’un carnet d’adresses et d’une réputation qui plaident en sa faveur au sein de la classe politique malienne où des acteurs se montrent très hostiles au leader du MPR.
Quant au pressenti pour la succession de Dr Choguel à la Primature, il était la préférence de la junte militaire après le coup de force du 20 août 2020. Cela toutes les fois qu’il s’agit de désigner un Premier ministre civil pour diriger le gouvernement de Transition. Les militaires voulaient Diop, quand on leur a proposé Moctar Ouane. Après le deuxième coup également, c’est de lui qu’ils voulaient même si le choix du porte-parole du Comité Stratégique du M5 s’imposait avons-nous entendu commenté un observateur qui suit de près l’évolution de la scène politique au Mali. De l’avis de certains maliens, bien que travailleur, Choguel constitue un blocage dans la tentative de concilier les positions des protagonistes de la scène politique au Mali. D’une part, il y a des hommes et femmes acquis à la cause du Chef du gouvernement pour la continuité du processus et il y a également des adversaires qui ne sont disposés à aucune concession quant à la nécessité de choisir une personnalité neutre sur le plan politique.
Le meilleur profil, de l’avis général qui se dégage de plus en plus dans le pays, est le ministre Abdoulaye Diop. Il peut faire consensus d’après les déclarations de certains qui sont convaincus que l’actuel Chef du gouvernement a peu de chance de conserver son fauteuil au terme des négociations qui pourraient s’ouvrir dans les semaines avenir. Tout ceci constitue un motif d’inquiétude pour Dr Choguel Maïga qui s’efforce dans les faits et gestes à prendre une revanche sur les tombeurs de feu le président Moussa Traoré. C’est pourquoi en prélude au sommet de la CEDEAO prévu dans les prochaines heures dans la capitale ghanéenne, il (Choguel )préfère s’enfermer dans une tour d’ivoire. Visiblement le Premier ministre de la Transition est déboussolé. La suite des événements nous en dira plus sans nul doute.
Source: Le Soir de Bamako
