C’est en principe ce matin, mardi 29 avril 2014 que le nouveau premier ministre, Moussa Mara passera devant les députés afin de faire la déclaration de politique générale du gouvernement dont il a la charge de diriger depuis quelques semaines maintenant.
Un exercice périlleux, mais bien démocratique. Pouvait-on résumer ainsi la déclaration de politique générale du gouvernement devant l’Assemblée Nationale. Pour la simple raison qu’il permet aux élus du peuple de prendre connaissance du projet gouvernemental, les stratégies et les initiatives envisagées pour le mettre en œuvre. Mais aussi l’architecture du budget attendu pour l’exécuter.
Faut-il le rappeler, depuis le dernier gouvernement d’Amadou Toumani Touré, dirigé par Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé, aucun autre chef de gouvernement n’a osé se sacrifier à cet exercice. Sous la transition, c’est le premier ministre Diango Cissoko qui est passé devant les députés pour soumettre à leur appréciation la feuille de route de son gouvernement.
Une feuille de route, qui renfermait les grandes actions politiques de la transition. Notamment, le calendrier détaillé des élections présidentielles et législatives ainsi que le processus de normalisation du septentrion malien. Une feuille de route exécutée à bon échéant, couronnée d’une part par l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita à la magistrature suprême et de 147 nouveaux députés à l’Assemblée Nationale pour un mandat de cinq ans.
Le premier gouvernement du régime d’IBK, dirigé par Oumar Tatam Ly n’a pas eu l’occasion de passer devant l’Assemblée Nationale pour faire connaissance des points inscrits dans son PAGAM (Programme d’Actions Gouvernementales du Mali). Et cela a donné lieu à de nombreuses interprétations et commentaires.
Certains observateurs de la scène politique ont confondu ce manquement grave aux principes démocratiques avec le manque de charisme du premier ministre d’alors, Oumar Tatam Ly. Issu du monde bancaire, sans parcours politique, qui aurait des difficultés à se livrer au feu des questions des députés.
Pour d’autres, il s’agit de la traduction de manque de programme, proprement dit, gouvernemental du président IBK. Quoi serait élu sur la base de la confiance de la majorité des Maliens et non d’un projet viable.
En acceptant de passer devant le parlement pour sa DPG, le premier ministre Moussa Mara se lance dans une aventure démocratique, mais bien périlleuse. Car, il s’agira pour lui d’annoncer point par point les six axes du programme présidentiel d’IBK pour son quinquennat à la tête du Mali. Mais aussi, à faire preuve d’une connaissance parfaite de chacun de ces domaines, avant de donner le ferme engagement de son gouvernement de les réaliser à court, moyen et long termes avec des moyens bien définis.
Faut-il le rappeler, les six axes du programme présidentiel, comme énoncé dans le code d’engagement éthique et de responsabilité, soumis à la signature des membres du gouvernement la semaine dernière, portent sur : le renforcement des institutions, la sécurité des Maliens, la réconciliation nationale, la remise en l’état de l’école, l’acquisition d’une économie prospère ayant des retombées en termes de création de richesse et d’emploi, de pouvoir d’achat et une politique de développement social au bénéfice de tous, notamment les plus faibles et les plus fragiles.
Mara, en mesure de relever le défi !
Vue sur le plan général, cette déclaration de politique générale du gouvernement, dont les débats seront retransmis en direct sur les chaines nationales suscitera un grand intérêt chez les Maliens. Qui seront au parfum des réelles ambitions du pouvoir actuel dans la prise en compte de leurs préoccupations. Mais aussi, les grands projets de l’homme de 77% de suffrages pour sortir le Mali de l’ornière.
En outre, l’exercice de ce matin permettra aux uns et aux autres, à la lumière des débats de savoir si le jeune Moussa Mara a le profil adéquat pour mener à bon port le gouvernement actuel. Sans tract, ni langue de bois il doit être en mesure d’expliquer de manière explicite chacune des composantes de cette politique générale de son gouvernement. Surtout qu’il aura en face, une opposition parlementaire autour de l’URD, composée des technocrates ayant déjà fait leur preuve dans la gestion gouvernementale des régimes précédents. Mais aussi, le groupe parlementaire SADI (au statut ambigu), autour de Dr Oumar Mariko, qui ne rate jamais de telles occasions pour secouer le cocotier.
En effet, sans anticiper sur la tournure que les débats vont prendre, force est de reconnaitre que Moussa Mara aura du pain sur la planche pour expliquer en langage clair le programme d’IBK, que d’aucuns assimilent à de la pure littérature politique, sans base solide, pour briguer la magistrature suprême lors de la campagne électorale.
Tout compte fait, au regard de son charisme politique, de sa connaissance avérée des chiffres de l’indice de développement et de sa maîtrise parfaite des domaines clés de ce programme, le PM Mara pourra se tirer d’affaires. Surtout qu’il sera soutenu par une majorité écrasante des élus de la majorité présidentiel des groupes parlementaires RPM et APM.
En tout état de cause, cette déclaration de politique générale devant le parlement constituera un test grandeur nature pour Moussa Mara.
Moustapha Diawara
Source: Tjikan