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Décédé le 22 février chez lui à 60 ans : Me Boubèye Maïga repose désormais au cimetière de Kalaban

C’est désormais au cimetière de Kalaban Coura que Me Boubèye Maïga repose. Son décès avait été constaté, le jeudi 22 février aux environs de 18 heures, dans sa chambre. Il avait 60 ans. 

C’est avec consternation que le monde de la justice a appris, le jeudi 22 février en début de soirée, le décès de Me Boubèye Maïga, qui fut un célèbre avocat à la Cour depuis décembre 1984. Il est décédé dans une situation très compliquée. Un membre de sa famille raconte : “En fait, Me Boubèye vivait seul dans un appartement à Kalaban Coura ACI puisqu’il n’était marié et il n’avait pas d’enfant non plus. Donc, il habitait avec des co-locataires. Et il n’était pas sorti de sa chambre pendant deux jours. Ses voisins étaient obligés d’informer son frère, le Professeur Mohamed Sida Maïga qui habite non loin. Finalement, ils ont défoncé la porte de sa chambre.  Du coup, ils ont trouvé qu’il était décédé. En d’autres termes, c’est 24 heures après que les gens ont été au courant de son décès. C’était le jeudi 22 février aux environs de 18 heures. Peut-être qu’il a rendu l’âme dans le sommeil”.

C’est le lendemain, le vendredi 23 février aux environs de 13 heures, que Me Boubèye Maïga a été conduit en sa dernière demeure au cimetière de Kalaban Coura par une foule composée de parents, amis, collaborateurs. Plusieurs personnalités étaient là pour lui rendre un dernier hommage, parmi lesquelles de nombreux avocats, dirigeants sportifs…

Le hic est que Me Boubèye Maïga n’a jamais été décoré par la Nation jusqu’à sa disparition. Ce qui est très regrettable pour qui connait ce que cet avocat a fait pour son pays. Il était considéré dans le milieu de la justice comme l’Avocat de défis. Il a été vraiment découvert par le public lors du procès crimes économiques où il défendait Sékou Ly.

C’est d’ailleurs grâce à lui que ce dernier a recouvré la liberté. Et pourtant, on dirait que Me Boubèye Maïga savait que ses jours étaient comptés, il y a quelques mois. A travers sa page Facebook, il avait présenté ses excuses à tout le monde à travers une publication en octobre 2017, après avoir tracé lui-même son parcours. “En dénonçant tous les maux de notre système judiciaire même si nos magistrats travaillent dans des conditions impossibles, ignobles et indignes d’un Etat dit de droit, ce qui vaut à votre serviteur des inimitiés. Aussi bien des magistrats que de mes confrères avocats qui ont été les premiers à pourrir le système. Pas tous bien sûr et vous savez tous de Me Boubèye qui n’est pas un saint mais un passionné et donc n’a pas toujours raison. Je présente toutes mes excuses pour ceux que j’ai pu vexer directement ou indirectement” disait Me Boubèye.

Notons que c’est le 14 janvier 1958 que Me Boubèye Maïga a vu le jour à Bourem, de père vétérinaire et de mère ménagère. Il a fréquenté plusieurs établissements scolaires, notamment à Bourem, Nara, Gao puis à l’école Liberté B de Bamako. Après le Lycée Badala, il a décidé de poursuivre ses études supérieures à l’Ecole nationale d’administration (Ena) section Sciences juridiques.

Me Boubèye est détenteur d’un diplôme d’entraîneur de football. Il fut l’entraîneur fondateur de l’AS Sofa, qui a fourni de grands joueurs à des clubs comme le Stade Malien de Bamako, le Djoliba AC, le Club Olympique de Bamako (COB) l’AS Mandé et bien sûr l’AS Réal de Bamako, son club préféré. “Me Boubèye aimait trop l’AS Réal de Bamako à cause de Salif Kéïta dit Domingo. C’est pourquoi, il a été membre du Comité directeur de ce club” nous a confié l’un des dirigeants sportifs.  Il a été aussi plusieurs fois membre du Comité exécutif de la Fédération malienne de football, mais il a rendu le tablier avant la fin du mandat pour des raisons que lui seul connait. C’est le cas dans le bureau dirigé par l’Inspecteur général de Police, Boubacar Baba Diarra, où il s’occupait des questions juridiques. Un beau jour, il a décidé de rendre sa démission sans aucune raison valable alors que ce dernier l’admirait beaucoup.

En tout cas, le décès de Me Boubèye est une grande perte pour le barreau malien puisqu’il avait du talent pour défendre les dossiers.

                   A.B. HAÏDARA

Me Boubacar Karamoko Coulibaly

 

Boubacar Karamoko Coulibaly

Né en 1958, Aboubacrine S. Maïga dit Boubèye était un homme au caractère bien trempé. Et cela lui a sans doute permis d’affronter à son avantage bien des situations périlleuses. Notamment lorsque nous étions jeunes bleus au Lycée Badala en 1974. À l’époque le bizutage était de règle et souvent de façon très féroce.  Et cela à cause d’un physique et d’une taille aussi ingrate l’un que l’autre. Mais l’homme était déjà un grand passionné de football et grand fan de Salif Kéïta dit Domingo et du Réal de Bamako. Même le basket n’échappait pas à sa passion.

Plus tard il passa ses diplômes d’entraîneur de football et contribua ainsi à la détection et à l’éclosion de nombreux talents en herbe au profit des scorpions et du football malien. Pour se perfectionner il séjourna au Ghana  pendant la suspension de 1980-1981 où il frotta ses connaissances footballistiques à celles de nombreux coachs ghanéens.

À la reprise des cours, il revint au Mali achever ses études en décrochant le diplôme de Maîtrise en droit privé au sein de la mythique Ecole nationale d’administration (ENA) de Bamako dont il avait intégré la section sciences juridiques en 1997, suite à un concours.

Nanti de ce diplôme il se fit admettre au barreau où il a prêté serment le 26 décembre 1984. Depuis, il n’a cessé de se battre au profit de la veuve et de l’orphelin, mais aussi pour le triomphe de la vérité et de la justice.

L’homme un tantinet provocateur aimait aussi prendre à contre-pied en n’étant pas toujours là où il était normalement attendu.

C’est ainsi qu’il assura avec Brio la défense du Généralissime président Moussa Traoré lors du célèbre procès crimes de sang car il fallait beaucoup de cran, de personnalité pour endosser une telle responsabilité dans un contexte de rejet généralisé du régime du Parti État Udpm et de son chef de militant en uniforme. Dans ce cadre, il a affronté avec succès aux côtés de Maîtres Fanta Sylla et Magatte Sèye, Me Demba Diallo et le ministère public dont le banc était occupé par Mme Manassa Danioko. Même la Cour n’échappa point à ses très mordantes saillies et piques.

Dernièrement, nous avons ensemble plaidé avec succès la cause de certains supporters et collaborateurs de la Fédération malienne de football (Femafoot) poursuivis devant le Tribunal de la Commune 4. Cependant, la crise incessante avait eu raison ces temps-ci de ses ardeurs, surtout les problèmes de personnes qui lui semblaient avoir pris le pas sur les problèmes de fond. Tout comme il avait aussi déserté les pages de Facebook en raison de l’intolérance et des écarts de langage pour ne pas parler d’insultes ou d’injures. Comme quoi l’homme avait et aimait les grandes valeurs socio-culturelles prônées chez nous au Mali. Boubé ou Boubèye de son petit nom avait dédié sa vie au football et au droit. Justement, les derniers souvenirs de ses confrères de lui remontent à la rentrée récente du Barreau du Mali. Il projetait de se rendre le mois prochain à la rentrée du Barreau du Niger. Mais le Seigneur en a décidé autrement.

Et oui, à lui nous appartenons et à lui nous retournons à sa guise.

Dors du sommeil du juste grand combattant des libertés, pourfendeur de l’injustice. Le Barreau du Mali, le monde du football malien en général et en particulier celui du Réal de Bamako ne t’oublieront jamais.

Qu’Allah te fasse miséricorde et accueille ton âme dans son paradis. Nous te regretterons.   Merci, merci, merci !

Hadejah S. Maïga, une des nièces de Me Boubèye : 

” Tu restes inégalable et irremplaçable “

Je n’arrive pas à croire tonton que c’était la dernière photo que j’ai prise de toi. Tonton, pourquoi tu ne m’as pas dit que c’était la dernière fois qu’on célébrait la Tabaski ensemble ? D’ailleurs, m’as-tu répondu quand je t’ai demandé de me pardonner ce jour-là ? Pardonne-moi, Tonton… Tonton, tu te rappelles notre “grin” cette matinée-là, tous, sur la terrasse ? Parler de l’actualité politique est/était notre dada favori et tu fais incontestablement parti de ces hommes qui m’ont le plus nourri l’esprit dès mon plus jeune âge. Nos premiers débats sur l’accès pour tous à la justice et surtout le droit à la justice pour tous à 10/12 ans ont façonné mon esprit et guidé mes choix de carrière. On était 6 à la maison dans les faits, mais toi tu as toujours fait partie de l’équation, plus que quiconque. Toujours à répéter “Laissez ma mère tranquille”. Tonton, tu as tellement nourri mon esprit, mais aussi ceux de toutes les personnes qui t’ont côtoyé. J’essaie de dire, de décrire comment… Mais tous mes “souvenirs” s’entremêlent. Parce que tu vois déjà… Comment toi tu peux devenir un “souvenir”, Tonton ? C’est douloureux. Tu m’as appris tellement de choses. La passion pour l’Histoire qu’on avait en commun, je ne l’ai trouvé nulle part ailleurs. Avec qui je parlerai du XVIe et du XIXe siècles que l’on chérissait tant ? Si aujourd’hui je suis décomplexée et que j’ai des facilités en début de carrière, c’est décidément grâce à nos débats, à nos confidences…

D’ailleurs, tu sais pendant tes obsèques, en apercevant certaines personnes, j’ai revécu nos débats politiques et confidences…et ça m’a arraché un sourire entre deux sanglots. Ton humour et tes analyses me manqueront tant. Ah mon Tonton chéri, notre carrière dont on a tant parlé vient de débuter… Comment penses-tu que j’y arriverai sans ton esprit éclairé ? Et notre cabinet d’avocats ensemble dont on a parlé lors de notre dernière discussion ? Depuis quelques mois, tu m’appelais ” Madame 6% ” en raison de Benoît Hamon…

Encore et toujours cet humour. D’ailleurs, aussi, tu sais que la veille de ton décès, j’ai fait une mimique dans le salon et papa a rigolé parce que je lui faisais penser à toi…Mais, tu restes inégalable et irremplaçable. Tu restes par tes choix, ton expérience, ton vécu, une véritable leçon de vie pour moi, “Ta Maman”. Tu as fait l’Histoire et je suis si fière de toi. Les mots ne suffisent pas pour exprimer mes regrets, ma tristesse. Le réveil est dur depuis quelques temps. La réalité est bien amère. Mais merci de nous donner à tous l’occasion de regarder dans nos miroirs… Décidément, tu n’auras rien fait comme les autres jusqu’au bout…

 

Source: aujourdui mali

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