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Débat politique au Mali : A médiocre, médiocre et demi

Le gouvernement du très stratégique Choguel Kokalla Maïga fait face à un flot incessant de critiques sur sa composition, qui ne serait pas inclusive ; sur sa structure qui ne respecterait pas la charte ; sur sa légalité car ne respectant pas le quota réservé aux femmes mais aussi et surtout sur son niveau, à cause des premières sorties de certains ministres.

C’est le thème de la semaine. Chacun y va de son commentaire. Les passions se déchaînent pour fustiger la lecture ministérielle d’un discours, celle du ministre en charge de la promotion de la famille. Hésitante, trébuchant sur les mots, la jeune ministre, dans cet exercice, a buté sur quelques mots et cela suffit à vouloir la « buter » et bouter hors du Gouvernement. Et, voici qu’à tort la « médiocrité » devient le sulfureux débat national au travers d’un tweet du Professeur autoproclamé, Clément Dembélé qui disait : “Comment peut-on prétendre développer un pays dans lequel la promotion de la médiocrité est devenue la voie royale de la fierté et de la réussite!”

Que ce discours soit le curseur populaire pour déterminer le niveau d’un gouvernement n’est pas tant la question, mais en faire une affaire d’Etat est tout ce qu’il y’a de plus risible dans ce pays.

Le peuple malien est lucide, comme par enchantement maintenant, sur le niveau académique de ses ministres. Pourtant, d’autres noms nous restent en mémoire pour n’avoir pas pu justifier d’un vrai diplôme supérieur. Au nom de l’unité nationale, au nom de la paix, au nom du consensus politique, le Mali a accepté des ministres qui n’ont pas été des plus brillants à l’école.

Bien que convaincu que le niveau académique ne soit pas un sacro-saint gage de réussite à la tête d’un département ministériel, il doit cependant être couplé à une certaine expertise ou expérience en cette période cruciale.

Par devant ce débat, ce qui nous frappe est non moins le sens critique des maliens que les sujets qui attisent ce sens critique. Nous avons 9 mois pour finir une transition bancale, le panier de la ménagère est une catastrophe, des populations sont sous embargo au centre du Mali, les conséquences économiques de deux coups d’Etat en 10 mois nous restent au travers de la gorge, la Covid-19, le manque de justice sociale et l’inégalité d’accès à la justice, ne répugnent pas le malien au point de l’indigner mais il s’accroche à la recherche des médiocres du Gouvernement. Oubliant que depuis trois décennies, sinon plus, son école n’est pas capable de former une vraie élite.

La vraie médiocrité, c’est notre incapacité collective à nous mettre au niveau des enjeux de notre pays. La vraie médiocrité, c’est notre naïveté qui a nourri en nous le raisonnement que la composition d’un gouvernement pourrait suffire à enrayer les maux du Mali actuel. Notre médiocrité, c’est d’avoir aveuglement cru, qu’après 1991, un coup d’Etat serait salutaire dans ce pays. Notre médiocrité, c’est de n’avoir jamais su traduire, pour notre peuple, la profondeur du concept de la démocratie.

Un point positif nous réjouit cependant : prendre conscience de la médiocrité d’un acteur politique de premier plan, c’est comprendre qu’il ou elle reste un des meilleurs médiocres de ce pays. Qu’en est-il alors de nous autres, simples citoyens ?

Y. KEBE

Source: Bamako News

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