Il faut croire que la stratégie de la tension permanente est l’un des sports favoris de nos autorités. Privilégiant la posture victimaire, elles ne manquent aucune occasion pour trouver des boucs émissaires aux difficultés réelles que le pays traverse avec cette intention affichée d’avoir des agneaux sacrificiels. Ces derniers temps, nous assistons à une sorte de danse du scalp autour de la Minusma.
Tous les acteurs traditionnels sontsortie: les batteurs de tam-tam, les chauffeurs de foule, les forts en gueule, les vociférateurs avec dénominateur commun de tourner tous dans la galaxie du pouvoir, soit membres du CNT ou membres de cabinets ministériels. Mais les observateurs ne sont pas dupes. A chaque fois que les autorités ont fait monter le mercure et les enchères, c’est qu’il y a un rapport dont le contenu pourrait être gênant qui doit être rendu public. La manifestation prévue aujourd’hui pour exiger le départ de la Minusma coïncide avec la publication d’un rapport sur les droits de l’homme notamment avec les conclusions sur Moura. L’objectif étant de faire suffisamment peur à la Minusma pour qu’elle édulcore un peu son compte rendu. Sinon, les autorités n’ont pas besoin de chauffer l’atmosphère avec une débauche d’énergie et d’argent pour mettre fin à la présence de la force onusienne sur notre territoire.
Dans une moindre mesure, c’est cette stratégie du harcèlement qui avait été utilisée pour pousser Barkhane à la porte. Parfait boucs émissaires à l’époque, les Français ont dû précipiter leur départ face à une hostilité grandissante sur fond d’accusation de connivence avec les terroristes. La conséquence est que l’Etat malien n’a jamais été capable de combler le vide laissé par Barkhane et ce qui se passe actuellement à Ménaka n’est que le symbole de ce qui guette toute cette partie de notre territoire, c’est-à-dire sous la coupe réglée de l’EIGS. Il faut croire que nos autorités ont une dent contre la France dans la mesure où elles ne peuvent pas s’exprimer sans acrimonie vis-à-vis de Paris. Pour preuve, la dernière passe d’arme à l’ONU sur la question des droits de l’homme. Notre ambassadeur qui a été commis pour contrer la France a été semble-t-il emporté par ses propos surtout quand il a évoqué le dramatique épisode de Bounty. Or il se trouve qu’à l’époque l’Etat major général des armées avait produit un communiqué pour appuyer la version française de bombardement de terroristes et pour attester que c’était une mission conjointe. Il serait temps de sortir de cette guerre des tranchées qui ne profite ni à la France ni au Mali.
Les populations du Nord notamment celles de Gao qui ont compris un peu sur le tard que le départ de Barkhane les exposerait davantage à l’insécurité ne veulent pas assister les bras croisés.
En effet, 24 heures après là manifestations des antiMinusma, la jeunesse de Gao organisera un grand meeting pour dire NON au départ de la Minusma. Comme on peut malheureusement le constater, à force de chercher des forces derrières lesquelles se cacher,les autorités ont réussi à creuser le fossé entre le Nord et le Sud. Vouloir coûte que coûte chercher des boucs émissaires et des agneaux sacrificiels constitue la meilleure façon de se défausser et de fuir ses responsabilités.
TBM
Source : La Nouvelle République