L’Europe et les autres grandes puissances de ce monde se sont montrées intraitables envers les indépendantistes de la Catalogne. L’Union Européenne fait bloc derrière l’Espagne pour « mater » sur le plan judiciaire les responsables du gouvernement de la Catalogne qui ont bravé l’exécutif espagnol en proclamant unilatéralement l’indépendance de cette enclave autonome.
Les pays de l’Union Européenne aident l’Espagne à traquer et emprisonner les indépendantistes catalans. Un bel exemple de solidarité !
Paradoxalement, c’est cette même Europe qui encourage et protège ceux qui veulent balkaniser le continent noir, berceau de l’humanité. Si c’était le Mali, on sortirait tous les arguments pour mobiliser le monde entier à soutenir les petits aventuriers qui réclament l’indépendance d’un territoire dans lequel ils manquent de racines sociales et politiques pour faire une quelconque revendication.
Cette solidarité européenne autour de l’Espagne doit inspirer les leaders africains qui doivent travailler à contrer les velléités des petits aventuriers qui rêvent de morceler l’Afrique dont le seul salut est dans son unité. Ce qui est loin d’être le cas. Le Mali, le pays le plus menacé de partition après le Soudan, a beaucoup souffert du double jeu de certains de ses voisins comme l’Algérie, la Mauritanie et le Burkina Faso. Ces pays offrent gracieusement aux rebelles qui ont pris des armes contre leur peuple, leur territoire comme base arrière.
En 2012, la Mauritanie a été la base des traîtres du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla). De nombreux leaders de ce mouvement fabriqué de toute pièce par la France de Nicolas Sarkozy, le concepteur de la « stupide guerre de la Libye » pour reprendre une expression du général Delaporte, avaient pris leur quartier général à Nouakchott. Aucun pays n’a exécuté les mandats d’arrêt lancés par la justice malienne contre les responsables du Mnla et d’autres mouvements. Les agissements troubles de certains pays voisins ont rarement fait l’objet d’une protestation de la part des autorités maliennes. L’équipe de transition dirigée par le Premier ministre de pleins pouvoirs, Cheick Modibo Diarra, a une fois protesté auprès du Burkina Faso. Lorsqu’un hélicoptère de l’armée du Faso a récupéré près de Gao en juin 2012, un responsable du Mnla blessé lors d’un combat avec les islamistes du Mouvement pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), le ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Sadio Lamine Sow, a convoqué l’ambassadeur du Burkina Faso au Mali, Sanné Mohamed Topan pour lui demander des explications. Aussitôt sorti de Koulouba, le diplomate burkinabé a pris le premier vol pour Ouagadougou pour y faire un compte-rendu fidèle à Djibril Bassolé, alors ministre des Affaires étrangères. Sadio Lamine Sow ne s’est pas arrêté là, il s’est rendu dans la capitale burkinabé. Les échanges francs et directs que le chef de la diplomatie malienne a eus avec le Président Blaise Compaoré ont permis de mettre à nu de nombreuses connexions dangereuses d’une part, entre Djibril Bassolé et les mouvements armés du nord du Mali et d’autre part, avec le groupe du capitaine Amadou Haya Sanogo.
Dans la résolution de la crise, le Mali a un mauvais voisinage. L’Algérie de Ben Bella n’est pas celle d’Abdel Aziz Bouteflika. La Mauritanie de Moktar Ould Daddah n’est pas celle de Mohamed Ould Abdel Aziz. La Haute Volta de Maurice Yaméogo n’est pas le Burkina Faso de Blaise Compaoré. Des voisins excellant dans le double-jeu, des occidentaux offrant des conditions idoines aux soi-disant séparatistes du Mnla et consorts, le Mali est très mal barré.
Il ne nous reste plus qu’à prendre conscience de cette situation et à faire une véritable union sacrée autour de notre patrie commune.
C. Doumbia
Source: Le Challenger