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Dans Yarmouk, la percée djihadiste

Pierre Krähenbühl avait une proposition à faire passer, ce lundi, aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU réunis à New York: envoyer une délégation au camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de la capitale syrienne Damas. Une manière, selon le chef de l’UNRWA, l’agence onusienne qui s’occupe des réfugiés palestiniens, non seulement de «prendre la mesure» de la tragédie vécue par la population, mais aussi d’adresser «un message fort» en affichant la volonté commune de la communauté internationale de mettre fin à cette situation.

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Dans l’immédiat, le Conseil de sécurité s’en est tenu à réclamer un accès à l’aide humanitaire pour les quelque 18 000 personnes piégées dans le camp. Une gageure: en quelques jours, le groupe de l’Etat islamique (EI ou Daech selon l’acronyme arabe) semble s’être emparé d’une grande partie de Yarmouk, qui est en réalité une banlieue de Damas, distante du centre-ville d’une poignée de kilomètres.

Cette percée des djihadistes – qui combattent en Syrie l’armée loyale à Bachar el-Assad ainsi que les milices chiites du Hezbollah libanais – a pris par surprise le monde entier. L’Etat islamique n’en est pourtant pas à son coup d’essai dans les banlieues sud de Damas. L’année dernière, l’EI a combattu très violemment le Hezbollah dans le quartier voisin de Hejirah, où se trouve la mosquée de Zainab, un lieu saint pour les chiites. Repoussés par le Hezbollah, les combattants de l’EI (sunnites) ont amassé une partie de leurs troupes autour de Yarmouk. Même si les combats continuent de faire rage, il leur a suffi de quelques jours pour poster leurs tireurs sur les plus hauts bâtiments encore sur pied et pour avancer parmi la population terrifiée.

Peuplé de quelque 150 000 personnes avant la guerre, Yarmouk est aujourd’hui converti en un champ de ruines, où la survie des derniers habitants dépend de l’aide humanitaire. Plusieurs milices (au moins une demi-douzaine) y ont pris les armes contre le régime de Bachar el-Assad. Mais d’autres, au premier rang desquelles le Front populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) ont pris fait et cause pour le pouvoir de Damas, un allié historique des Palestiniens face à Israël.

Sur le terrain, face à l’avancée de Daech, ce sont les troupes d’Aknaf Bait al-Maqdis, une milice composée principalement de jeunes Palestiniens, qui ont défendu le camp (et leurs habitants), maison par maison, tandis que l’armée syrienne procédait elle aussi à des bombardements, selon divers témoignages.

Plus étonnant: le puissant groupe Al-Nosra, affilié à Al-Qaida, n’aurait pas bougé le petit doigt pour stopper l’avancée des djihadistes de Daech, alors que les deux groupes s’opposent violemment dans le reste de la Syrie.

Les témoignages les plus effrayants circulent sur les méthodes employées par l’Etat islamique pour assurer sa progression (lire ci-dessous). Au-delà de ses aspects humanitaires, une éventuelle mainmise de l’Etat islamique sur cette banlieue qu’il était autrefois possible de rejoindre en dix minutes de bus à partir du centre-ville, représente une grave menace pour l’armée syrienne de Bachar el-Assad. Selon Hassan Hassan, un chercheur établi à Dubaï et qui est l’un des meilleurs connaisseurs de Daech, «ce succès de l’EI, s’il dure, lui permettra de recruter abondamment parmi tous ceux qui sont aujourd’hui lassés par les rivalités des milices plus petites et qui s’opposent aux tactiques menées jusqu’ici pour combattre le régime de Bachar el-Assad».

Alors que, par le passé, des dizaines d’habitants de Yarmouk sont morts de faim ou de déshydratation, l’organisation de Pierre Krähenbühl ne voit aujourd’hui que deux options pour éviter une tragédie de très grande ampleur: une possible «stabilisation» des combats qui permettrait d’acheminer de nouveau de l’aide humanitaire, ou l’évacuation de milliers de personnes vers d’autres quartiers de la capitale. Un peu partout, les installations de l’UNRWA (écoles, dispensaires) sont désormais débordées, et même son quartier général à Damas abrite des déplacés internes. Quant aux pays limitrophes, soit le Liban et la Jordanie, ils ont fermé leurs frontières et refusent d’accueillir davantage de réfugiés palestiniens, craignant une contagion de la guerre syrienne.

Source: leemps.ch

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