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Dans l’urgente obligation d’une trêve sociopolitique

Aussi vrai que l’ordre ne jaillit jamais du désordre, la trêve est capitale pour juguler toute situation conflictuelle. Au Mali, une trêve sociopolitique est aujourd’hui plus que nécessaire à l’entame du dernier virage d’une transition dont l’épilogue décidera certainement du sort de toute une nation. En effet depuis belle lurette, tout est susceptible d’être raison d’effritement du tissu sociopolitique malien. La dernière installation du gouvernement en date n’est visiblement pas une exception dans cette logique de charivari dans laquelle on se complaît.

 

En effet, depuis sa prise de fonction le Premier ministre n’a aucun répit.

Toutes choses qui se comprennent, vu qu’il s’est dédit en trahissant ses propres convictions et même l’esprit du M5-RFP avec la violation flagrante de la Charte de Transition, lors de la formation du gouvernement, pour ne citer que cela. Une déroute qui risque inéluctablement de faire encore du chemin, malgré l’opiniâtreté du Premier ministre et de certains de ses acolytes qui affirment toujours tenir à leurs revendications chimériques à tous points de vue. Si le langage peu réfléchi de la rue ploie devant la réalité objective du pouvoir, il appartient aux acteurs de la sphère politique, de la société civile, des syndicats, tous sur le qui-vive, de faire preuve d’indulgence à l’égard du nouveau président de la Transition et de son Premier ministre pour donner au pays une lueur d’espoir dans cet engrenage d’insécurité et d’anarchie. Il s’agit tout simplement de savoir raison gardée, d’un dépassement de soi pour une convergence nationale temporaire. On a tendance à être dans l’étonnant déni de dire ou de croire qu’à force de vaciller le Mali va finir par tomber.

Encore faudrait-il comprendre ce que la déliquescence d’une nation veut dire. Avec la perte de l’intégrité territoriale et une souveraineté nationale mise à mal, la démocratie qui pèse une plume, une armée sans réelle repère, une laïcité piétinée, une éducation nationale totalement paumée, un système sanitaire à la traîne, une économie nationale à l’agonie, une agriculture à vau-l’eau, le pouvoir judiciaire et législatif domptés par un exécutif corrompu et chancelant, une constitution qui n’a rien n’a envier à un ballon de football, un patriotisme pris à la pincette, une conscience populaire désabusée et résignée, le regard condescendant des autres pays; bref, autant de signaux l’effondrement d’un Mali qui jadis était cité en exemple sur bien de domaines.

En vérité chaque Malien à son niveau doit consentir le sacrifice de ne pas trop tenir rigueur des griefs justifiés ou pas à l’égard des nouvelles autorités de la transition qui font face à un chantier juste indescriptible. A ces autorités également de s’assumer en toute responsabilité et que le colonel président de la Transition sache que la plus délicate page de l’histoire du Mali est en train de s’écrire sous son leadership, que le Premier ministre sache qu’il est défié par l’histoire et qu’il n’oublie surtout pas son éloquent discours du 26 mars 2021. Même si le ridicule ne tue pas, il est plus que temps d’arrêter cette hémorragie dont le Mali souffre depuis maintenant une décennie.

Ousmane Tiemoko Diakité

Source: Le Témoin

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