En février Amadou Kouffa apparaissait dans une vidéo sur France 24, dans une vidéo de propagande destinée à remonter le moral de ses troupes. Plus récemment, suite au déchainement de violences intercommunautaires dans le centre du pays, le chef de la Katiba Macina prend sa part de responsabilité, et furieux, condamne dans un message audio les agissements de ses troupes.
Dans ce message en Poular (langue Peul) et Arabe, il rappelle sévèrement à l’ordre les djihadistes sous son commandement et les appelle à respecter les populations civiles. Même s’il ne revendique pas pour autant les massacres de Sobane et du cercle de Koro, par la simple diffusion de ce message, il reconnait implicitement une certaine implication de sa katiba dans les dernières exactions.
Si tant est qu’il soit un chef spirituel respecté, Kouffa a bien du mal à faire valoir une quelconque compétence militaire, lacune qu’il cherche à compenser en entretenant des liens étroits avec le JNIM de Iyad Ag Ghali dont on dit souvent qu’il est le pion au Centre. Le contenu incisif de son discours contraste d’ailleurs avec le ton peu assuré et hésitant qu’il emploie, ainsi qu’une lecture vacillante. Ce message laisse penser que le vieux chef est dépassé par des combattants qu’il ne contrôle plus vraiment.
Ces djihadistes de Kouffa, qu’on devrait plutôt qualifier de bandits ou de criminels de grands chemins, sont recrutés et soi-disant formés par la Katiba Macina avant, pour certains, d’être transférés dans la région de Tombouctou et employés par un autre criminel, Talha Al Liby. Mais ces hommes ne sont pas des combattants, encore moins des soldats, ils ne forment que des groupes de vagabonds sans attaches qui errent en brousse. Ils n’entendent plus leurs propres chefs, et ne font que semer la désolation. En recrutant des hommes issus de la Katiba Macina, Talha Al Liby fait désormais peser un grave risque sur les communautés présentes dans la zone dans laquelle il évolue.
La hiérarchie du JNIM n’en a que faire. Talha Al Liby et les autres chefs Arabes du JNIM ne peuvent pas se passer de combattants. Amadou Kouffa, Talha Al Liby occupent des zones et y recrutent souvent de force. En recyclant la pauvreté en criminalité, le terrorisme ne fait qu’instrumentaliser les situations et récupérer à son profit le manque d’éducation et de structures. Il est aujourd’hui à redouter que les combattants de Talha Al Liby ne sombrent eux-aussi dans la criminalité et les exactions dans la zone de Salam, à l’encontre des communautés présentes, notamment les Ouasra. Face à ces hommes laissés livrés à eux-mêmes, sombrant dans la spirale de la criminalité, la solution est bien le développement et l’éducation. Et pour cela, il faut précisément commencer par se débarrasser par ceux qui alimentent le cycle infernal.
Ibrahim Keïta
Page FB : Association des Victimes du Terrorisme au Mali – @HalteTerrorismeMali
Twitter : @ikeitakeita