Le 14 février dernier, le Collectif des Ressortissants du Nord (Coren), s’est fendu d’une déclaration aux contours obscurs, tant il est devenu impossible pour le commun des mortels de trouver un sens à cette déclaration
En fait de déclaration, le document ressemblait plutôt beaucoup plus à un exercice d’auto encensement du Coren, relatant tout ce qui avait été fait par cette association depuis le début de la crise du Nord. Des actions et initiatives à l’actif du collectif, et qui l’honorent d’ailleurs, aujourd’hui exhibées comme si ses responsables, avec à leur tête Malick Alhousseini Maïga, s’attendaient quelque part à un retour de manivelle. Faut-il dès lors penser que des intérêts inavoués seraient l’élément moteur de la création du Coren?
Après la transition, la galère se fait-elle sentir autant chez le président du Coren pour qu’il engage le collectif dans sa toute première sortie ratée et très mal inspirée ? Ces questions, on ne peut ne pas les poser, du moment qu’en plus d’un certain auto-satisfécit affiché et de l’inopportunité d’une telle déclaration, le Coren est parti jusqu’à tenir des propos qui, en eux-mêmes, constituent le terreau fertile d’exacerbation de la haine ethnique au Mali.
Jugez-en à travers ces passages tirés de la déclaration du Coren rendue publique le 14 février 2015 : « Le Coren en appelle à la fin de la politique de deux poids et deux mesures pratiquée à son encontre. En effet, il est loisible pour tout observateur de constater que certains citoyens sont victimes de pratiques discriminatoires. Au moment où Aliou Touré et autres croupissent, fort justement en prison dans l’attente de leur procès, d’autres criminels et terroristes sont libérés au nom d’une Raison d’Etat qui échappe à la compréhension des citoyens… » En quoi donc le maintien de Aliou Touré, un criminel notoire, ancien chef de la police islamique de Gao (que le Coren ne mentionne pas) en prison serait une pratique discriminatoire à l’égard du Coren ? Y’avait-il une connexion entre le Collectif des Ressortissants du Nord (Coren) et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ?
Le Coren serait-il en train de tenter de nous faire croire que Aliou Touré est en prison parce qu’il est « sonrhaï » et « noir » en plus ? Ou plutôt parce qu’il est « Touré« ? Non, Messieurs du Coren, vous avez une lecture erronée de la population carcérale du Mali. En plus, ce discours que vous tenez porte en lui les germes de la haine ethnique, que notre pays ne connaît pas!
En la matière, vous ne faites pas mieux que le Fores du Pr. Kalilou Ouattara, que les populations du sud sont les premières à combattre d’ailleurs avec énergie. Ces visées ethniques, le Mali n’en a point besoin. Seul regret : nous ne savons pas comment l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, président d’honneur du Coren, a pu tomber dans ce piège ?
Attention donc aux mots qui sont souvent porteurs de maux plus dangereux que Ebola ! Travaillons à panser les plaies laissées par la crise, et non à vouloir en créer d’autres beaucoup plus graves que celles qu’on a jusqu’ici connues. Le salut du Mali, le salut de nous tous, est dans cela. Pas autrement !
Assane SY DOLO
Source: Soir de Bamako