L’abondance des œuvres artistiques ou littéraires a suscité une curiosité d’analyse, non seulement du fond mais aussi de la forme. La critique, dès lors, se fixe pour ambition de relever les qualités et les carences des productions au grand public. Au Mali, rares sont ceux qui évoluent dans ce domaine, pourtant passionnant.
« La critique, ce sont toutes les formes de commentaires, jugements et évaluations qu’on fait d’une œuvre littéraire, que l’on soit professionnel de la critique, amateur ou simple lecteur », explique Dr Mamadou Bani Diallo, critique littéraire et professeur à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako. Il est l’un des rares enseignants de cette discipline au Mali. Il cite le livre « Le Devoir de violence » de Yambo Ouologuem, paru en 1968, premier roman africain à recevoir le prix Renaudot. L’œuvre, taxée de plagiat, a suscité une avalanche de réactions et des prises de positions qui ont fait sa notoriété. « Sans l’œuvre littéraire, il n’y a pas de critique, car c’est elle la matière première», souligne Dr Diallo. A travers les débats et les réflexions, l’œuvre se propage et atteint un large public. Le lecteur participe aussi, par l’accueil et la réception, à la critique. « La critique permet à l’œuvre d’être mieux connue et distribuée. Elle crée la mobilisation autour, et sans un espace comme tel l’œuvre serait confinée », indique celui qui a par ailleurs produit des écrits sur cette discipline, souvent assimilée à une profession.
Tous critiques? Des professionnels du domaine et des amateurs s’adonnent souvent à l’exercice. En plus de la critique universitaire, qui se base sur l’exposé et les commentaires des textes, il y a aussi la critique des amateurs. « Même l’exposé journalistique entre dans le cadre de la critique littéraire », soutient Dr Mamadou Bani Diallo. Mais il y a des différences. « Ceux qui font de la critique universitaire disposent d’un certain bagage conceptuel, acquis à l’université ou ailleurs, leur permettant de faire une critique élaborée et précise », affirme-t-il. La critique littéraire, bien qu’elle ne soit pas la seule, semble être la mieux outillée, du fait des progrès des sciences humaines. « Toutes les grandes découvertes dans ce domaine ont été exploitées par les critiques pour analyser le livre et faire ressortir toute la dimension humaine du texte ».
Il n’y a pas d’engouement sensible pour ce domaine au Mali et certains de ceux qui s’y engagent se limitent à « des approches superficielles », au détriment de la profondeur et de l’analyse réelle. L’appel est donc lancé pour que ce champ soit mieux investi.
Journal du mali