Le Mali est désormais à la croisée des chemins, embourbé dans 4 gravissimes crises, son peuple souffre énormément quand son dirigeant suprême, à savoir le Colonel Assimi Goïta s’enorgueillit et reste indifférent à son cri de détresse. En effet, depuis l’avènement de la junte au pouvoir le 18 Août 2020 le Mali fait non seulement face à une crise sécuritaire sans précédent, mais aussi et surtout semble faire le choix de rompre diplomatiquement et économiquement avec ses voisins de la CEDEAO et l’occident avec à sa tête la France. Cette attitude belliqueuse et va-t’en guerre a eu comme conséquence une crise sociopolitique sans précédent au Mali. A cette crise s’ajoute une autre brouille entre le Premier ministre et ses camarades du M5 RFP qui ne le reconnaissent plus comme autorité du Comité stratégique et surtout une bonne partie de la classe politique qui le désavoue et pourtant le PM semble toujours avoir la confiance du Président de la transition. Le Pays est arrêté tout comme le chronogramme proposé est en souffrance ce qui risque de provoquer une énième prolongation de la durée de la transition. Le régime pourrait-il continuer à contenir un peuple dont le soulèvement reste la seule arme face à cet enfer ? Les maliens pourront-ils tenir encore longtemps ? Que doit faire Assimi Goïta pour sauver ce qui pourrait l’être encore de son régime ?
Si une écrasante majorité des maliens avaient applaudi les héros du 18 Août 2020, pour avoir débarrassé le Mali du régime IBK et surtout pour avoir pris l’option Russe afin de pallier le déficit d’efficacité de la France et des forces européennes présentes au Mali depuis plus de 10 ans, aujourd’hui nombreux sont ceux qui ont commencé à déchanter, au point de préférer le régime défunt à celui sur qui les maliens avaient fondé de l’espoir. Rien n’a changé s’esclaffent beaucoup d’observateurs. Pire, les crises se multiplient sans qu’aucune ne trouve réellement un début de solution. La crise socio-sécuritaire, à la base du soulèvement d’une partie du peuple contre IBK, n’a guère connu la solution escomptée, car les 2/3 du territoire échappent toujours au contrôle de l’Etat central, privant ainsi les populations des services sociaux de base. S’il y a nettement une certaine montée en puissance des forces de défense et de sécurité sur le terrain, force est de constater que l’insécurité est loin d’être vaincue.
Quant à la crise sociale, elle va crescendo, jamais le Mali n’a connu une telle flambée des prix des denrées de première nécessité. Aujourd’hui rares sont les familles qui mangent une fois par jour. Si cette situation est en partie due à la guerre Russo-Ukrainienne, les sanctions stupides et évitables de la CEDEAO et de l’UEMOA n’en demeurent pas moins responsables de la situation alimentaire chaotique dans laquelle le Mali vit. Tout est cher s’indigne un citoyen. A cette brouille diplomatico-économique entre le Mali et les deux organisations sous régionales, à savoir la CEDEAO et l’UEMOA, est venue se greffer une rupture diplomatique sans précédent avec l’occident, premier bailleur de fonds du Mali. La coopération Maliano-Russe ne semble pas combler l’abyssal trou laissé par la France et ses alliés occidentaux, tant sur le plan sécuritaire qu’économique, voir financier. La situation est aujourd’hui intenable.
Que doit faire Assimi Goïta pour sauver ce qui pourrait l’être de son régime ?
Face à ce qui ressemble à un chaos, le Président de la Transition doit au prime abord rassembler tous les maliens, sans exclusive, renouer le fil du dialogue avec les pays voisins du Mali, en général, la Côte d’ivoire et le Sénégal, en particulier. Secundo il doit abandonner sa posture guerrière et savoir qu’aucun pays ne peut vivre en autarcie dans un monde globalisé et interdépendant. Si les maliens sont favorables à une coopération militaire avec la Russie, ils sont nombreux, ceux qui pensent qu’il faut continuer avec l’occident sur le plan économique avec un partenariat gagnant-gagnant. Tertio, Assimi Goïta doit parer au plus pressé dans la recherche des solutions à la flambée inhumaine des prix des denrées de première nécessité. En fin il doit clarifier sa position aux maliens afin d’être un arbitre neutre, en choisissant également un premier neutre pour conduire l’administration vers des reformes et une organisation des élections transparentes crédibles.
Youssouf Sissoko