Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Crise sécuritaire et institutionnelle : Le président Compaoré court derrière son fauteuil de médiateur

blaise compaore president burkina faso mediateur republique mali negociations mnla

Le chef de l’Etat burkinabé séjournera pendant deux jours au Mali. Une opportunité pour lui de demander à des autorités encore réticentes l’occasion de revenir dans le processus de dialogue et de négociations sur la question du Nord.

 

Aujourd’hui, le président du Burkina Faso est attendu au Mali pour une visite de deux jours. Blaise Compaoré est très connu des Maliens. En plus d’être le chef d’un Etat voisin avec lequel le Mali a des liens séculaires troublés à deux reprises par des conflits armés, il est aussi celui que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a désigné comme son médiateur dans la crise sécuritaire et politico-institutionnelle qui a commencé au Mali après le coup d’Etat de mars 2012 qui a renversé le président ATT. Le président burkinabé est connu de la classe politique, de la société civile, des forces armées et de défense, des groupes armés terroristes, ayant reçu chez lui à Ouagadougou les représentants de chacune de ces entités dans le cadre du dialogue inter-malien. Blaise Compaoré est également connu du reste de la communauté internationale qui n’a eu de cesse de l’épauler, avec des intérêts souvent divergents et inavoués, dans le règlement de la crise malienne. Le président du Faso est connu enfin pour avoir parrainé, en plus des rencontres précitées, les négociations qui ont abouti, en juin 2013, à la signature de l’accord préliminaire de Ouagadougou entre le gouvernement malien de transition et des groupes armés terroristes devant les représentants de communautés internationales.

La signature de ce document est intervenue grâce au travail en amont de Tiébilé Dramé, conseiller spécial, à son corps défendant, du président de la transition Dioncounda Traoré. Vu ce qui s’est passé plus tard, on peut dire que Blaise Compaoré et Tiébilé Dramé ont réussi leur mission : permettre, conformément aux termes de leur œuvre commune, la tenue des élections présidentielle et législatives dans toutes les régions du Mali. Mais cet accord n’était qu’un préliminaire qui devait ouvrir un dialogue inter-malien, seulement quelques mois après l’élection d’un président de la République et l’installation d’institutions « crédibles et légitimes », devant aboutir à un accord de paix durable.

 

Mais depuis l’élection plébiscite d’IBK, à la suite d’une élection à laquelle n’a pas participé le maître d’œuvre de l’Accord de Ouaga, qui s’est retiré parce que les conditions d’une élection libre et transparente n’étaient pas réunies, les négociations pataugent entre groupes armés terroristes et gouvernement malien. Malgré les réunions du groupe de suivi de l’Accord de Ouaga, malgré la création d’une commission vérité justice et réconciliation en remplacement de la commission dialogue et réconciliation, malgré la nomination d’un haut représentant du président de la République chargé du dialogue inclusif inter malien en vue d’une paix définitive dans le Nord du Mali, malgré de nombreuses rencontres informelles entre le président Compaoré et les groupes armés terroristes ou avec les émissaires du gouvernement malien.

 

L’enlisement du dossier malien a braqué certaines communautés internationales, excédé les populations maliennes qui doutent de plus en plus de la capacité du président burkinabé à aboutir à un règlement de la crise. Mais surtout, celui-ci est jugé par bien de Maliens de partialité dans ce dossier, notamment lorsqu’il s’accroche à son dessein de ne mener les négociations qu’en terre burkinabé, jugée terrain neutre alors qu’elle sert depuis des années de sanctuaire aux groupes armés terroristes, notamment le Mnla et le Hcua. Blaise Compaoré serait-il de parti pris dans ce dossier ? Dans l’incapacité de répondre à cette question qui nourrit encore la suspicion et la défaillance, beaucoup se sont détournés de la table de négociation burkinabé pour explorer d’autres voies.

 

La chose était d’autant plus aisée que les représentants foisonnaient. Cedeao, Uemoa, Union africaine, Union Européenne, Onu, Etats-Unis, etc. chacun éprouvait le besoin d’avoir ses yeux et ses oreilles sur ce qui se dit ou fait dans le dossier du Mali, un pays dont l’importance géostratégique est mise à jour. Foisonnent également les médiateurs et ceux qui veulent le devenir. Le Burkina Faso est vite débordé. Notamment par le retour de l’Algérie, le traditionnel médiateur dont la médiation n’a jamais abouti à un accord durable, par le Maroc qui s’est invité à la table en mettant en avant un chapelet de conventions économiques avec le Mali, la Mauritanie qui voulait se faire valoir avant l’élection présidentielle et qui a elle aussi été accusée de connivence avec les terroristes du Mnla. Par le Qatar et la Tunisie, également.

 

Mais malgré cette profusion de médiateurs, tous les médiateurs sont unanimes sur un point : le retour au processus enclenché par la signature de l’Accord de Ouagadougou. Mais l’ostracisme dont le Burkina Faso fait l’objet et la défiance à son égard dans certains milieux officiels font que le dossier nord du Mali reste bloqué. Pire, depuis le 21 mai, à la suite de la débâcle de l’armée à Kidal, les positions se radicalisent donnant la chance à Blaise Compaoré de se repositionner dans cet épineux dossier et de redorer du même coup son blason rudement malmené dans son pays par les adversaires de la révision constitutionnelle. Mais pour cela, il lui faut convaincre les plus hautes autorités maliennes de sa bonne foi et de sa disponibilité. Il est vrai qu’en ce moment, tout le monde, officiellement ou pas, le pousse dans ce sens. Et en cas d’acceptation des autorités maliennes, il lui faut recommencer par la case de départ : juin 2013. Et pour cela, il serait très peu malin de laisser à quai celui qui a permis la signature de l’Accord de Ouagadougou, et qui, c’est sûr, a dû depuis longtemps se rendre compte de nombreuses lacunes et imperfections.

 

Cheick Tandina

 

Remise en selle de l’accord de Ouagadougou

Blaise Compaoré à Bamako ce matin

Ce lundi 30 juin 2014, le président du Faso Blaise Compaoré effectue une visite de travail et d’amitié de deux jours à Bamako. Premier médiateur dans la crise malienne, le président burkinabé vient, par la présente visite, répondre aux sollicitudes de la communauté internationale pour aider le Mali à relancer le processus de dialogue, mais aussi et surtout  remettre en selle la feuille de route de l’Accord préliminaire de Ouagadougou et planifier le chronogramme des pourparlers.

 

Pour l’ensemble des parties de la crise malienne, les conditions sont réunies pour que s’engagent des pourparlers directs. Le Burkina Faso figure parmi les acteurs clés du dialogue inter-malien et ce pays est incontournable. La Cedeao l’a souligné lorsqu’elle a officiellement réitéré sa confiance en Blaise Compaoré afin qu’il poursuive la médiation dans la crise du Mali. L’Union européenne a fait de même en commissionnant son directeur Afrique des relations extérieures, Nicholas Wescott, pour dire au président du Faso de reprendre en main le dossier malien en tenant compte de l’Accord de Ouagadougou, signé en juin 2013. Quant à l’ONU, elle a envoyé le Représentant spécial de Ban Ki-Moon pour le Mali et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Albert Koenders, à Ouagadougou pour solliciter la continuation de l’implication de Blaise Compaoré dans la résolution de la crise malienne. Toute chose qui justifie la visite du président burkinabé. Accompagné d’une importante délégation, il rencontrera séparément le président IBK et le Haut représentant du chef de l’Etat pour le dialogue inclusif inter malien, Modibo Kéita. Avec eux, il discutera des procédés de redémarrage de la feuille de route de l’Accord de Ouagadougou, et aussi comment planifier le chronogramme des pourparlers. De sources diplomatiques, il recevra à son hôtel les élus de Kidal, les représentants des groupes armés, ainsi que ceux de la Cedeao, de l’UE et de l’ONU. Le Mardi, avec son hôte, le président du Faso et sa délégation se rendront en quatrième région (Ségou) où ils visiteront le site de l’Office du Niger, fierté agricole du Mali et de la sous-région.

 

Les acquis de la médiation de Compaoré

En 2012, lorsque la junte militaire a renversé le pouvoir démocratique d’Amadou Toumani Touré et que le Mali faisait face à une des phases les plus sombres de son histoire, le président Blaise Compaoré fut le premier dirigeant sollicité par ses pairs de la Cedeao, avec l’appui du reste de la communauté internationale, pour venir en aide au Mali.  Ce choix s’explique, d’une part,  par son expérience en matière de médiation sur le continent, d’autre part, la médiation dans la crise malienne lui a été confiée compte tenu des liens de voisinage entre le Burkina Faso et le Mali. Sa médiation fut accueillie avec beaucoup de soulagement par les Maliens qui redoutaient l’aventure rocambolesque du coup d’Etat militaire. C’est ainsi que le 06 avril 2012, de manière très inattendue, son implication a permis de remettre le pouvoir aux civils. Un véritable coup de maître.

 

En effet,  c’est grâce  à sa technicité diplomatique que la junte, dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo, et la Cedeao parviennent à un accord qui a permis de rétablir effectivement les institutions de la République, que la Cour constitutionnelle constate la vacance du pouvoir et investit pour l’intérim le président de l’Assemblée nationale, en l’occurrence le Pr Dioncounda Traoré. Ce fut salutaire à sa juste valeur. De sommets de chefs d’Etat de la Cedeao en rencontres de forces vives du Mali, Blaise Compaoré mit au service du voisin et du pays frère qu’est le Mali non seulement son savoir-faire en médiation mais aussi son expérience de doyen des chefs d’Etats de la sous-région. Il a reçu à Ouagadougou et écouté, d’une oreille attentive, toutes les parties prenantes, des politiques aux représentants de la société civile, en passant par la junte, les groupes armés et les partenaires.

 

Il faut reconnaitre qu’en quelque sorte, Blaise Compaoré, parfois contesté, a lavé l’honneur terni de la Cedeao. Puisque cette dernière avait elle-même bafoué son estime au Mali, à force d’ébrouer des dissuasions qu’elle ne peut mettre à exécution. C’est la raison pour laquelle, le Mali, déboussolé, s’est  orienté vers le Maghreb pour résoudre sa crise. Et en se rendant à Bamako ce matin, bien au delà de la relance du processus de dialogue, Blaise Compaoré replace toute la Cedeao, mais aussi l’ONU et l’UE, au centre des pourparlers inter maliens.

Rokia DIABATE

SOURCE: Le Prétoire

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance