Avec à sa tête le colonel Assimi Goita, président de la transition, le Gouvernement du Mali n’est visiblement pas prêt à se plier aux menaces venant de la France d’Emmanuel Macron. Jadis, si un simple discours de l’Elysée faisait quasiment trembler tout le Mali, tel n’est plus le cas, avec les autorités actuelles. Cette nouvelle mesure, jugée extraordire dans l’histoire d’amitié entre le Mali et la France, fait suite à la tenue des propos « irrespectueux » et « grossiers » venant de Paris. Pour n’avoir pas apprécié une décision du Gouvernement malien concernant le départ des troupes danoises illégalement déployées au Mali, Jean Yves Le Drian a traité le pouvoir de Bamako « de junte ».Le responsable étranger soutenait que « la junte malienne prend des mesures irresponsables ».En tant que ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian a ainsi poussé les autorités de Bamako à la prise d’une décision inimaginable, peut-on le dire. Il s’agit de l’expulsion du sieur Joël Meyer du territoire malien, dans un délai de 72 heures. Dans un communiqué publié pour la circonstance, le Gouvernement dit informer l’opinion nationale et internationale qu’en date de ce lundi, 31 janvier 2022, l’Ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer a d’abord été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, en l’occurrence Abdoulaye Diop. Ensuite, souligne-t-on dans ce document, le ministre Diop a notifié à l’Ambassadeur français la décision du Gouvernement l’invitant à quitter le territoire malien, dans un délai de 72 heures. Ladite mesure fait suite aux propos « hostiles et outrageux » récemment tenus par le chef de la diplomatie française, en l’occurrence Jean Yves Le Drian, à l’égard des autorités de Bamako, capitale du Mali. Cela, indique-t-on dans le communiqué, en dépit des protestations maintes fois élevées.
En clair, le Gouvernement malien dit vigoureusement condamner les propos venant du diplomate français. Aussi, les autorités estiment que lesdits propos sont contraires au développement des relations amicales entre les deux pays. Sans aucunement garder de rancune contre quiconque, les nouvelles autorités ont voulu clarifier ceci au monde entier : « Le Gouvernement de la République du Mali réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et à poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du peuple malien ».La décision, quasiment appréciée par beaucoup de maliens laisse dire que Bamako décide ainsi de s’assumer face à l’histoire, afin de mettre un terme à certaines pratiques qui n’ont jamais honoré les Maliens. En réaction à cette mesure, les autorités françaises ont, à leur tour, aussi fait un communiqué pour rappeler l’Ambassadeur en question, sans pour autant expulser l’Ambassadeur malien en France. Ce qui, peut-on supposer, pourra pour l’instant éviter la dramatisation d’un éventuel bras de fer diplomatique entre le Mali et les autorités de la France.
Mamadou Diarra
Source: LE Pays