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Crise au Nord du Mali : De « merci Papa Hollande » hier à « à bas la France » aujourd’hui

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On se souvient comme si c’était hier de la décision salutaire de François Hollande, le 10 janvier 2013, d’engager les forces spéciales de son pays au Mali contre des groupes armés se réclamant d’un islam radical, qui occupaient les deux tiers du pays en commettant de graves exactions contre des populations civiles innocentes.

Cette intervention a été saluée par la majorité des Maliens, qui voyait au président français un sauveur. Certains semblaient ignorer et d’autres refuser carrément d’admettre que l’Hexagone pourrait retirer d’une main ce qu’elle avait donné de l’autre.

 

En effet, on se souvient à l’époque que des citoyens comme l’artiste raggaewoman, Sista Mam, étaient montés au créneau pour rappeler la citation du Général de Gaulle qui disait que : « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts », dans une interview qu’elle nous avait accordée. Ce qui lui avait d’ailleurs valu des injures de toutes sortes.

 

Pourtant, l’intervention militaire française au Mali avait toutes les raisons d’avoir lieu. En effet, l’extrémisme religieux qui avait pris pied au Mali n’aurait sûrement pas arrangé ses affaires et même celles de tous les pays occidentaux dans la sous-région ouest africaine.

 

Une autre raison rappelée à juste titre par le président Hollande dans son discours prononcé lors de la cérémonie de prise de fonction de son homologue IBK, le 19 septembre 2013, est que son pays n’a fait que payer sa dette envers le Mali qui est le pays africain ayant engagé le plus de troupes lors de deux guerres mondiales pour la libération de la France.

 

Toujours est-il que le peuple malien reconnaissant a, pendant des mois, magnifié ce geste d’un pays ami. Les drapeaux français ont continué à flotter dans les villes, sur les véhicules, dans les boutiques, partout où ils pouvaient être accrochés. Parfois, ils cohabitaient avec le drapeau malien.

 

L’inspiration musicale de certains artistes convergeait dans le même sens.

Seize mois à peine sont passés et beaucoup de Maliens commencent à déchanter. Des rhétoriques comme « Merci, la France, Merci Papa Hollande » se sont transformées en « A bas la France, à bas Hollande ». Des marches de protestation se déroulent provoquant la panique chez les plus hautes autorités du pays. Celles-ci interviennent du reste pour appeler à l’apaisement et à ne pas faire d’amalgame en s’en prenant aux amis du Mali.

 

Tout le monde se pose donc des questions sur le cas de Kidal comme si cela date d’aujourd’hui. Non ! Depuis les premières heures de la libération des régions septentrionales du Mali, lorsque le MNLA s’accaparant de cette région, sortant pourtant de nulle part après avoir été malmené et chassé par les islamistes, la région de Kidal commençait déjà à échapper au contrôle du pouvoir central. C’est durant cette période qu’il fallait mettre la pression pour contrecarrer les manœuvres favorisant la mainmise des rebelles sur la région.

 

C’est un secret de polichinelle que la France, lors de cette opération de reconquête des régions du nord du Mali, s’appuyait également sur les indépendantistes pour notamment retrouver leurs otages et resserrer l’étau autour des islamistes. Malheureusement, nos efforts étaient essentiellement concentrés sur les remerciements.

 

La visite mouvementée du premier ministre Moussa Mara à Kidal, le samedi 17 mai dernier, a visiblement accéléré les choses. Beaucoup s’interrogent sur l’opportunité de ce déplacement dans les circonstances actuelles et au vu des pertes en vies humaines et du chaos qui en ont résulté. Ensuite, à quoi cela nous a servi ? Visiblement à rien, sinon revenir à la case départ. Pire les rebelles ont gagné en assurance.

 

Brûler le drapeau français, ou s’attaquer à coups de pierres aux véhicules de la MINUSMA ne constituent sûrement pas la meilleure voie à suivre pour reconquérir Kidal et rétablir notre souveraineté nationale.

 

D’autres méthodes de lutte pacifiques et tout aussi efficaces doivent être recherchées et mises en œuvre par tous ceux qui ont été choqués à juste raison pour ce qui s’est produit la semaine dernière à Kidal.  Ce n’est que par la réflexion que notre révolution sera effective. Par contre, il y a lieu de reconnaitre que la génération actuelle se connecte sur internet, lit, se cultive, et sait des choses que nos parents ignoraient totalement. Nous pensons qu’il serait donc plus judicieux de continuer dans ce sens, mais aussi d’anticiper sur les événements au lieu de rester passif.

 

Lorsqu’on se promène dans les rues de Bamako, on est sidéré de voir des jeunes crier « à bas la France », alors que c’est ceux-là mêmes qui sortaient il y a moins de deux ans, pour remercier l’Hexagone qui a pris la sage décision d’intervenir pour nous aider à libérer le septentrion du pays.

 

Clarisse

SOURCE:L’Independant

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