Un vendredi pas comme les autres dans ce hameau d’orpaillage pourtant calme jusqu’au moment où un crime passionnel allait plonger toute la contrée en deuil. Abdoulaye, dont les témoins sur place ignorent le nom de famille, et Hawa Bagayogo venus de Bamako sur ce site d’orpaillage ont fini par échanger sur la possibilité d’établir une relation sentimentale mais avec des intentions divergentes. Au lieu du copinage sollicité par Abdoulaye, Hawa exige le mariage que le criminel ne voulait pas entendre de ses oreilles. Alors il commet l’irréparable. Et réussit à s’échapper des mains de celui chargé de le surveiller. Qu’est-il donc advenu ce jour à Kounda, hameau situé en partant vers Djidian dans le cercle de Kéniéba ?
Quand Hawa Bagayogo quittait Bamako, personne ne doutait de ce qui pouvait lui arriver dans cette aventure. Et au moment où nous mettions ce papier sous presse, et probablement jusqu’à ces instants où vous lisez ces colonnes, ses parents pensent qu’elle est encore pétillante de vie. La défunte n’a aucune pièce d’identification, ni personne sur les lieux qui puisse donner aux forces de sécurité la moindre information sur sa famille.
Alors Hawa Bagayogo n’est plus et aidez-nous, à travers nos coordonnées, à retrouver ses parents si vous en connaissez la moindre piste.
Pleine de vie, car dans la fleur de l’âge, 16 à 17 ans, soucieuse de son honneur et de sa dignité, engagée à se faire de l’argent par la sueur de son front, Hawa a tenu le langage de la vérité devant Abdoulaye qui lui a proposé de vivre une relation amoureuse. “ Si tu m’aimes, alors je te propose de me marier “, indique Hawa. Mais Abdoulaye tourne en rond et se heurte au refus catégorique de Hawa d’accepter ses avances. Certainement ni les douces paroles, ni les menaces ne semblent avoir fait fléchir cette dernière. Ce que Abdoulaye ne semble pas supporter du tout. Alors il pousse la témérité jusqu’à égorger Hawa après avoir planté le coteau un peu partout dans son corps.
En effet, pour réussir son abominable projet criminel, Abdoulaye se fait aider par deux compagnons pour mettre fin aux jours de Hawa Bagayogo. Cette dernière a quitté son tuteur le matin pour se rendre au lieu d’orpaillage communément appelé ” drag “. Sur sa route, elle croise un complice de Abdoulaye qui lui propose de la transporter à moto. N’y voyant pas d’inconvénient, Hawa accepte et les voilà en route. Mais Hawa ne saura ce qui l’attendait que lorsque le jeune homme freine la moto, et subitement deux intrus sortent des buissons. Imaginez la scène qui s’en suite. Hawa est immobilisée par les deux complices de force et tenue au respect de se faire tuer. Les criminels, après leur sale besogne, trainent la victime sous les bois et s’éclipsent.
Entre temps, le propriétaire du ” drag “, inquiet de n’avoir pas vu Hawa en ces heures tardives de la journée de travail – vers 11 h – téléphone à son logeur pour en savoir plus. Ce dernier a rétorqué que Hawa a pourtant quitté la maison depuis la matinée pour se rendre au service. Cependant, rien de nouveau sur Hawa, ni sa présence, ni son appel, ni celui de son logeur jusqu’aux environs de 17 h. Alors le propriétaire de ” drag ” relance le tuteur. Ce dernier révèle alors cette disparition soudaine et inexpliquée aux chasseurs. Ces derniers se lancent à la recherche de la disparue. Peine perdue, et il fait déjà nuit, mais en y réfléchissant, les chasseurs interpellent Abdoulaye et le contraignent à avouer son crime. Ce dernier fait des aveux en ajoutant qu’il n’était pas seul. Alors il dévoile les noms des deux complices. Aussitôt les chasseurs appréhendent l’ensemble du gang. Direction la brousse pour découvrir la dépouille mortelle de Hawa. Ce qui fut fait aux environs de 3 h du matin. Mais l’histoire n’était pas terminée car un autre scandale s’ouvre.
En effet, pour aller en brousse et retrouver Hawa, les chasseurs ont attaché Abdoulaye pour le confier à un membre du syndicat. Ce dernier avait pourtant fait des sollicitations de tolérance voire de grâce en faveur de Abdoulaye. Mais les chasseurs n’entendaient pas de cette oreille. Et voilà que Abdoulaye a réussi à s’échapper en un moment où les chasseurs étaient préoccupés par d’autres conjonctures. ” Impossible qu’un homme attaché puisse t’échapper “, s’indignent les chasseurs auprès du syndicaliste qui est aussitôt appréhendé. Mais au même moment, les chasseurs constatent qu’un complice avait pris la tangente. Il ne restait plus que le motocycliste qui a transporté Hawa. Ce dernier et le syndicaliste sont placés sous la surveillance des chasseurs en entendant l’accomplissement de la procédure judiciaire.
Rappelons que le lieu est un hameau sans aucune présence administrative. Mais à la date d’aujourd’hui, le dossier se trouverait ouvert, notamment après l’intervention des forces de sécurité et du médecin légiste depuis le samedi.
Soulignons que les gendarmes de Djidian ont été les premiers à arriver sur le lieu du crime. Ils sont deux jeunes qui, malheureusement ne sont pas venus avec un médecin légiste. Les policiers de Kéniéba par contre se font accompagner par Lassina Dembélé, Major de garde TSS (infirmier d’Etat) qui fera l’autopsie concluant à un assassinat.
Joint au téléphone par nos soins, Dr Dembélé confirme que Hawa a été agressée et égorgée à l’aide d’une arme blanche qui laisse plusieurs marques sur son corps : trois points d’entrée de couteau sur la poitrine, un sur l’abdomen, deux sous l’aisselle gauche, un sur le dos de la main droite,deux déchirures au niveau des lèvres. Hawa n’a cependant pas été violée, a constaté le médecin légiste. Elle a mordu Abdoulaye qui conserve les marques de cette morsure sur sa main et qui a guidé les chasseurs à mettre la pression sur le criminel lors de l’interrogatoire.
Ce samedi, le village de Kounda est devenu le carrefour des attractions sous la supervision des chefferies locales. Le chef de village de Kounda, Mahibou Sissoko, a fait appel à celui de Mahinamine, Bréma Cissé, venu avec trois conseillers. Tout le monde a pu constater l’horreur semée par Abdoulaye qui est fortement recherché, avec l’un de ses complices, pour la suite à donner à ce crime passionnel. Ils doivent répondre de cet odieux crime par lequel ils ont mis fin à la vie d’une femme dont le seul tort a été de préférer le mariage au copinage, de vouloir constituer avec Abdoulaye un foyer, faire pour lui des enfants. Que méritent un tel individu et ses complices ?
Mamadou DABO
Jeanne COULIBALY, stagiaire
Zénith Balé-Mali