Dans l’histoire du Mali, les Touareg n’ont jamais eu une histoire propre à eux-mêmes. Fouillez dans tous les grands empires, vous n’en trouverez pas. Les Touareg ont toujours pratiqué une vie de transhumance de pays en pays, selon les saisons. C’est pourquoi les colons français les ont toujours appelés : «les populations nomades de nos colonies».
Les colons français n’ont jamais pu maîtriser le déplacement permanent de pays en pays des Touareg. Ce mode de vie de transhumance est le seul pratiqué par les Touareg depuis des siècles et des siècles. C’est ainsi qu’ils ont échappé à l’esclavage de la colonisation française. Si les Touareg sont au Mali aujourd’hui, demain ils seront au Niger ; le lendemain, ils seront en Libye, ensuite en Algérie, puis en Mauritanie et au Burkina Faso. C’est ainsi qu’ils ont toujours vécu au fil des siècles et les colons français n’ont jamais pu les suivre dans ce déplacement permanent.
Ces Touareg n’ont jamais payé un centime de franc comme impôt aux colons français. Ils n’ont jamais été recrutés dans l’armée française pour aller défendre la «mère Patrie» coloniale française. Aucun Tamasheq n’a fait les deux (2) guerres mondiales de 1914- 1918 et de 1939-1945. Parmi les Touareg, vous ne verrez aucun ancien combattant de ces deux guerres mondiales. Les colons français ont toujours appelé les Touareg les «Gitanes de l’Afrique».
Cette histoire de l’Azawad est donc une pure invention de la France pour avoir la mainmise sur les gisements de pétrole se trouvant dans le sous-sol malien. En effet, à la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1946, la France avait découpé le Sahara malien, le Sahara mauritanien, le Sahara burkinabé, le Sahara algérien, le Sahara nigérien pour former un territoire unique, un territoire français appelé le Sahara français afin de s’accaparer de toutes les richesses de ce grand territoire.
En 1956, à la Loi cadre, les présidents Mamadou Konaté et Modibo Kéïta du Mali, Sékou Touré de la Guinée Conakry, Ouezzin Coulibaly de la Haute-Volta (Burkina Faso actuel), Hamany Diory du Niger, Moctar Ould Dada de la Mauritanie, François Tombalibaye du Tchad et même Félix Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire se sont tous levés ensemble pour combattre la formation de ce grand territoire français sur le continent africain. Et depuis, la France n’a jamais abandonné cette idée de s’accaparer des richesses du Sahara.
Le Mali possède le gisement de pétrole le plus important sur le continent africain. C’est l’un des pays les plus riches en pétrole au monde. Combien de sociétés de pétrole, américaines, japonaises, russes, chinoises sont venues pour extraire notre pétrole ? La France les a toutes chassées en faisant prévaloir son droit sur sa zone d’ancienne colonie. La division du Mali en deux territoires et l’occupation du Nord par les bandits armés est tout simplement une guerre pour le pétrole.
Nous ne parlons pas dans le vide. Les dossiers de toutes ces sociétés de pétrole, qui étaient venues pour extraire le pétrole malien, existent à la Direction nationale de la géologie et des mines (Dngm). Nous invitons tout le monde à aller les consulter. La Cédéao, le Mnla, les Salafistes et Ançar-Eddine et éléments Aqmi, tous ces groupes rebelles sont au service de la France et sont financés, entretenus et armés par elle.
Notre seul adversaire et unique interlocuteur est la France seule. Il ne faut pas que le Mali se trompe d’ennemi ; notre seul ennemi, c’est la France. Aujourd’hui, le Mali doit négocier et signer avec la France les conditions d’extraction des gisements de pétrole existant dans le sous-sol malien. C’est à ce seul prix que le Mali retrouvera sa quiétude et son bonheur.
Les Touareg ignorent totalement que l’habillement et la nourriture des troupes françaises pendant les deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945) étaient fournis par les paysans africains jusque dans les villages les plus reculés, dans les confins des brousses. Chaque village devait payer, fournir par personne imposable un certain nombre de kilogrammes de coton pour l’habillement des militaires français, de riz, de mil, de sorgho pour leur nourriture, de caoutchouc pour la fabrication des pneumatiques pour les engins militaires, les fibres de dah pour confectionner les sacs pour les différents emballages.
Les Touareg ignorent totalement que toutes les routes, les ponts, tous les chemins de fer qui existent sur le continent africain ont été bâtis, bras nus par nos pères et nos grand-pères soumis aux travaux forcés perpétrés par les colons européens. Les Touareg doivent reconnaître et remercier les populations sédentaires du Mali de leur acceptation et de leur coexistence pacifique avec eux depuis des siècles et des siècles. Le peuple malien est naturellement un peuple très pacifique.
L’Empereur du Mali, Soundiata Kéïta, qui fonda ce grand Empire de 1235 à 1255 a tenu la première Assemblée nationale constituante au monde, «Kourgan-Fouga», qui mit en place la loi de la coexistence pacifique, la loi du bon voisinage, le cousinage «Séninkougna». Tous les pays qui entourent le Mali aujourd’hui ont été formés par le morcellement de ce grand Empire du Mali, l’empire le plus vaste sur le continent africain, par les colons français pour leurs intérêts coloniaux. Tous ces pays étaient partie intégrante de ce grand Empire du Mali. C’est le cas de la Guinée Conakry, du Burkina Faso, de la Mauritanie, de la Gambie, du Sénégal et du Niger.
Le Mali n’a jamais fait de revendication territoriale à aucun de ces pays. Le Mali se dit que cela n’a aucun sens de réclamer son territoire à soi-même. Car il est sûr que tous ces pays vont se retrouver un jour et s’unir définitivement dans la grande famille comme l’avaient voulu l’Empereur Soundiata Kéïta et le président Modibo Kéïta.
C’est pourquoi le président Modibo Kéïta n’avait pas hésité à céder une grande partie du territoire malien à Moctar Ould Dada, président de la Mauritanie quand la France avait poussé celui-ci à attaquer le Mali pour revendication territoriale en 1962, 1963, 1964 dans le but de déstabiliser le gouvernement du Mali.
Le président Sékou Touré de Guinée et le président Modibo Kéïta du Mali ont mené la guerre de libération nationale de l’Algérie à côté du peuple algérien jusqu’à la victoire finale. Le président actuel de l’Algérie, Bouteflika, est témoin de cela. L’unité de l’Afrique n’existe-t-elle pas dans l’hymne du Mali ? Cette guerre imposée au peuple malien aujourd’hui est purement et simplement une guerre pour le pétrole. Et c’est l’œuvre de la France.
Amadou Sangaré, Docteur Ingénieur Pétrochimiste, spécialiste des synthèses de chimie organique et de pétrochimie, Professeur de biochimie à la retraite
Source: Le Reporter