Le Conseil national de la Défense a décrété la levée du couvre-feu le 8 mai dernier. Cette décision, incomprise par une frange de la population, a été interprétée par certains comme la fin du Covid-19 au Mali. Entre gestes barrières non respectés et incrédulité, le virus menace toujours les personnes souffrant déjà de maladies chroniques, avec des risques de co-morbidités. Avec ces risques des cas graves, la question de leur protection se pose avec acuité.
« Plus on a de co-morbidités, plus la mortalité est forte », prévient Stéphane Besançon, Directeur de l’ONG Santé Diabète Mali. Face au Covid-19, les personnes souffrant de maladies chroniques telles que l’hypertension, le diabète ou l’obésité, sont les plus vulnérables. Le deuxième cas de décès au Mali en est un exemple. Le 29 mars dernier, un patient de 88 ans souffrant de diabète et d’hypertension est décédé à l’hôpital de Kayes.
Une personne à risque de co-morbidités n’est pas plus encline à attraper le Covid-19 que d’autres types de patients. Mais, chez elle, les complications et la mortalité pourront être plus fréquentes et élevée.
Dans l’interview qu’il nous a accordée fin avril 2020, le ministre de la Santé, Michel Hamala Sidibé reconnaissait que la présence de co-morbidités constituait généralement la première cause de décès, surtout chez les personnes âgées. « Pour ce qui est du Mali, il est difficile d’affirmer que le Covid-19 ait causé le décès chez ces personnes, en l’absence d’une autopsie. Mais il peut être un accélérateur de décès chez des personnes déjà vulnérables ».
Il est plus qu’important de réfléchir aux voies et moyens afin de mettre cette couche de patients hors de portée du virus. C’est ce qu’a initié l’ONG Santé Diabète Mali. En partenariat avec le ministère de la Santé, elle a mis en place un plan de prévention et de suivi à l’endroit des personnes diabétiques. « On a plus de 1 000 patients auprès desquels on va mener une campagne de prévention, à l’aide de SMS ciblés et de chats whatsApp avec des endocrinologues et des diabétologues, pour renforcer le suivi des patients, notamment pour éviter qu’ils ne se déplacent dans les hôpitaux que quand c’est nécessaire, afin d’éviter qu’ils se contaminent », explique Stéphane Besançon.
La campagne, démarrée cette semaine, travaille également à prévenir une probable rupture des stocks d’insuline, en cette période de pandémie où la mobilité n’est pas facile.
Au Mali, 5% de la population adulte est atteinte de diabète. Autant de milliers de personnes à risque pour le Covid-19. Étendre de telles initiatives à d’autres types de co-morbidités constituerait, selon les responsables sanitaires, de forts boucliers contre la pandémie.
Boubacar Diallo
Journal du Mali