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Covid-19 au Mali : Les femmes évoluant dans les secteurs formel et informel touchées au même titre que les hommes

Avec la découverte de la Covid-19 au Mali, beaucoup de femmes ont vu leurs activités lucratives carrément gelées, en plus de la pauvreté et de nombreuses difficultés familiales auxquelles elles demeurent confrontées. Qu’il s’agisse des dames entrepreneures évoluant dans les secteurs formels, passant par celles travaillant à leur propre compte dans l’informel, afin de subvenir à leurs besoins, l’impact de la Covid fait que beaucoup d’entre elles se trouvent dans des situations économiques difficiles, et parfois sans mesure d’accompagnement de l’Etat.

Beaucoup de Maliens demeurent convaincus que les hommes sont les seules victimes de la maladie à coronavirus au Mali. Une idée s’expliquant par le fait que les hommes s’occupent de toutes les dépenses de la famille. Mais, la réalité est tout autre. Les femmes, elles aussi, ont subi les mêmes effets que les hommes. Certaines ont carrément perdu leur emploi. D’autres travaillant dans leur entreprise ont vu leurs activités arrêtées. À cela s’ajoutent de nombreuses plaignantes qui œuvrent dans l’informel pour subvenir à leurs besoins.

À Kita, Oumou Keïta, enseignante, fait également le commerce. « Durant les vacances, je voyage pour Dubaï et la Chine afin d’acheter mes marchandises. Avec la Covid-19, tout a été finalement arrêté. Parce qu’on ne pouvait pas voyager », témoigne l’enseignante. Au-delà de toute peur de la maladie, elle déplore le gel total de leurs activités et le manque d’aide pour la reprise du commerce.

Absétou Touré, vendeuse d’aliments devant le palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ de Bamako, de déplorer : « Depuis les années 1999, j’exerce cette activité. J’ai pu avoir du maïs et du riz pour la famille, mais pas d’aide financière. J’ai souffert pendant la Covid-19, car il n’y avait pas de clientèle. Du coup, mes activités ont été arrêtées ». Sans détour, la dame soutient avoir été obligée de s’endetter pour le redémarrage du travail qu’elle exerce pour sa famille.

Fatoumata Doumbia, vendeuse de légumes, se débrouille au marché ‘’Dabanani’’ de Bamako. La dame et sa maman ravitaillent certaines Bamakoises en tomates. « Ma mère et moi quittons Bamako pour des villages afin d’acheter des tomates. Avec le couvre-feu adopté durant la Covid, les mouvements étaient interdits à partir de 21h. Il nous est arrivé de passer beaucoup de nuits hors de Bamako, avec nos véhicules chargés des marchandises », s’est-elle confiée. Sans bénéficier de l’aide de quiconque, la commerçante dit avoir enregistré énormément de pertes dues au coronavirus.

Pour Mme Kébé Tantou Sambake, vice-présidente des femmes du Patronat malien, les difficultés rencontrées par les femmes entrepreneures restent nombreuses durant la Covid-19. Certaines parmi elles voyagent pour d’autres continents. « Mais la Covid a fait que des dames qui partaient dans d’autres pays n’arrivaient pas à le faire. Celles qui venaient pour se ravitailler aussi à Bamako n’arrivaient pas non plus à le faire à cause de la fermeture des frontières », explique la responsable. Puis d’ajouter : « Ça nous a beaucoup touché et ébranlé. Les activités ont été vraiment ralenties. Au niveau du Patronat, nous nous sommes axées sur la sensibilisation des femmes. Nous avons formé des femmes en saponification. Nous les avons sensibilisées pour l’usage des gels, le port des maques et la vaccination contre la pandémique. Nous avons fait des visioconférences avec l’Uemoa, la Cedeao et n’avons pas pu apporter d’aides financières à elles. Nous avons eu un manque de budget », rapporte la vice-présidente.

De son côté, Touré Rachida Ousmane, l’un des leaders de l’Association femmes leadership et développement durable (Afled) affirme avoir enregistré les mêmes impacts. « Avec la Covid, les femmes n’arrivaient plus à s’en sortir avec leurs activités génératrices de revenus. Qu’il s’agisse des vendeuses ambulantes ou des femmes entrepreneures, elles ont toutes eu de problèmes », dit-elle. Et puis, selon elle : « la Covid a augmenté le taux de violences basées sur le genre, parce que beaucoup d’entre elles se plaignaient par le fait que leurs époux les brutalisaient ». Mme Touré confie que l’Afled a quand même octroyé un financement à 40 femmes, pour qu’elles redémarrent leurs activités. À cela s’ajoutent les campagnes digitales de sensibilisation de l’association en faveur des dames.

A Bamako, Moussa Guindo est le président de l’Association pour la protection des travailleurs domestiques. À cause du coronavirus, il regrette l’arrêt de l’activité des aide-ménagères. « Les patrons censés payer les aide-ménagères avaient du mal à verser leurs rémunérations. Ces travailleuses domestiques quittant les villages avaient du mal à se rendre à Bamako, la capitale malienne, pour leur travail », souligne M. Guindo. Elles avaient également des difficultés à envoyer de l’argent aux parents se trouvant dans les villages. D’autres ont simplement perdu leur emploi, aux dires de Guindo.

Dans l’entrepreneuriat, Mme Coulibaly Raihanatou Wagué est transformatrice dans l’agro-alimentaire. Elle vend des produits comme farimougou, mangue, fonio, Djouka, Kaba Mougou, Ségou Dèguè, MoniKourou, Laro…« Je venais d’avoir un gros marché au Gabon, en Guinée et en France, au moment où les frontières ont été fermées à cause de la Covid. Du coup, je n’ai pas pu honorer mes engagements. Je me suis retrouvée avec beaucoup de stocks de produits et mon entreprise a été complètement fermée », explique-t-elle. Et puis, ajoute-t-elle : « Je n’ai bénéficié d’aucune aide. J’ai été obligée de demander des prêts pour redémarrer mon travail ».

L’État est-il responsable ?

La question qui se pose est de savoir si l’Etat a réellement joué son rôle de protecteur à 100% ? Dans l’article 24 du protocole de Maputo, il demeure clair que les Etats doivent s’engager à « assurer la protection des femmes pauvres, des femmes chefs de famille, des femmes issues des populations marginales et à leur garantir un cadre adapté à leurs conditions, en rapport avec leurs besoins physiques, économiques et sociaux ». Et l’article 17 de la constitution malienne met l’accent sur le droit de tous les Maliens « au travail et à la protection sociale ».

À la direction régionale de la promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille de Bamako, des prêts ont été faits à des dames, en plus des campagnes de sensibilisation et d’identification des femmes réellement atteintes, selon un responsable. Cet intervenant dont nous tairons le nom avoue que les femmes ont été aussi outillées en saponification, culture, en coiffure, tatouage, en pisciculture, en maraichage hors sol…

Réalisé par Mamadou Diarra

Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les droits humains (JDH) au Mali et Affaires Mondiales Canada

Source: LE PAYS

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