Comme pour signifier qu’en politique, notamment en matière d’une élection présidentielle, ce n’est pas forcément celui qui doit aller loin qui doit se lever tôt pour ménager sa monture. Les petits présidentiables s’agitent pendant que les mastodontes observent patiemment. Si les deux challengers du deuxième tour de 2013 prennent tout leur temps pour se prononcer sur leur participation ou non à l’édition de cette année, ceux qu’on peut appeler par les outsiders sont d’ores et déjà en ordre de bataille.
Ils sont nombreux à avoir déjà clamé tout haut leur alignement pour la montée de la colline. De Moussa Sinko Coulibaly de la Plateforme pour le Changement à Aliou Boubacar Diallo de l’ADP Maliba en passant par Gnankoro Yeah Samaké, Modibo Koné, l’ancien de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), Hamadoun Touré, l’ex-chef de l’Union internationale des télécommunications (UIT), et Mohamed Ali Bathily, l’effectif des petits poucets s’étoffe au fil des jours avec l’entrée en lice d’un candidat de milieu de tableau en la personne de Moussa Mara.
Si les tout premiers n’ont pas grand-chose à faire valoir devant l’électorat si ce n’est qu’ils misent sur l’onction du Chérif de Nioro pour soigner leur score et se faire une certaine notoriété avec le statut de candidat ayant brigué le fauteuil en 2018, le dernier a plus d’un tour dans sa gibecière. D’une part, tout comme Yeah Samaké, il est à sa deuxième expérience à seulement 43 ans, mais aussi il avait réussi lors de sa première expérience à réaliser un score relativement meilleur que ses concurrents novices de l’époque. D’autre part, Moussa Mara, est pour l’heure le seul petit-moyen candidat à s’être clairement prononcé sur les axes de sa campagne électorale. Ceux-ci s’articulent autour de la «Lutte contre la corruption des élites», de la «Décentralisation» et de l’«Augmentation des revenus des plus défavorisés».
Cette agitation n’a nullement affecté les caïds dans leur famille politique respective. Ils continuent à entretenir du suspens sur leur participation consacrant cette période de précampagne aux derniers déblayages de terrain. Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta et l’Honorable Soumaïla Cissé, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, quoique considérés comme les candidats naturels du RPM et de l’URD pourraient, toutefois, créer la surprise par une alternance au niveau de leurs primaires. Mais force est de constater que ni l’un ni l’autre, de par les enjeux et les défis du moment, ne voudra s’éclipser au profit de l’un des leurs. Les deux candidats arrivés en tête à l’issue du premier tour de 2013 seraient, donc, en train de reculer pour mieux sauter, histoire d’améliorer leurs performances d’il y a cinq ans. En témoignent leurs initiatives du moment.
Pour une remontée de pente, le Président IBK a préféré souffrir d’un effacement au profit de son PM appelé à la rescousse en cette avant veille de juillet 2018. Soumeylou Boubèye Maïga est en clair présent un peu partout aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Mali au point où on peut tout lui reprocher sauf la sécheresse d’initiatives. L’objectif de son programme marathon est de regagner la confiance du lectorat pour qu’enfin le «patron» puisse asseoir sa deuxième candidature sur de bases solides sereines. Même son de cloche chez son principal challenger Soumaïla Cissé qui, après s’être allé chercher l’onction de la métropole française, vient d’entamer l’assaut de la diaspora de la Sous-région ouest-africaine dans le cadre d’une croisade URD. Actuellement, à Accra au Ghana, le Chef de file de l’opposition a de bonnes raisons de propulser l’annonce de sa candidature au tout dernier moment. Ce, de par son statut de l’un des plus capés de cette compétition dans notre pays. Les grands se seraient, donc, fait devancer par les petits.
Katito WADADA
LE COMBAT