Au total, 18 affaires étaient inscrites au rôle de ladite session avec 54 accusés. L’examen des dossiers a permis d’aboutir à 2 réclusions criminelles sur les 54 accusés ; 5 emprisonnements ; 15 contumaces ; 20 acquittements ; 2 renvois à la prochaine assise ; 5 condamnations avec sursis et 1 cas de complément d’information. Les amendes prononcées se chiffrent à 639.040.000 F CFA.A lire le discours du procureur, le remboursement s’élève à 1.577.145.907 F CFA, contrairement aux dommages-intérêts estimés à 260.150.000FCFA.Par la mise hors de cause de l’affaire Bakary Togola et ses 11 coaccusés, le procureur estime que le nombre de personnes acquittées (20) a été grossi. « C’était l’affaire la plus importante qui a pris à elle seule 7 jours d’audience pour accoucher de ce que tout le monde sait. Alors, poursuit le magistrat débout, il faut s’interroger : est-ce que les dossiers sont mal ficelés, ou c’est parce que les juges font montre de la mansuétude particulière vis-à-vis de ces délinquants ».
Aux magistrats, Idrissa Arizo a déploré que tous les accusés étaient en liberté avant de comparaitre devant la cour d’Assises. « Les questionnements commencent là. Les accusés pensent que même qu’étant en liberté, ils doivent comparaitre libres, alors que l’on sait que l’on ne comparait pas libre devant une cour d’Assises », explique le spécialiste du droit. D’où l’expression de ceci : « Cette session qui était attendue pour être la session de tous les espoirs ; donner un signal fort en ces moments d’engagement tous azimuts dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, s’est muée en fiasco judiciaire unique dans les annales des cours d’Assises au Mali ; véritable tremblement de terre, désastre ; chaos ; tsunami, tous les superlatifs dans les qualificatifs ont été donnés par les juges eux-mêmes, de la décision intervenue à l’occasion de l’examen du dossier Bakary Togola et autres ».Il n’en décolère pas et poursuit : « Désapprobation générale, indignation, incompréhension et surprise. Chacun y va de son qualificatif pour ce qui n’est ni plus ni moins qu’un désastre ; une catastrophe qui va déteindre inévitablement et négativement sur la confiance de nos concitoyens en la justice ».
Le magistrat estime que le dossier était clair pour tout le monde, « sauf la composition du jour ». D’après lui, rien ne pouvait justifier un acquittement dont les auteurs ont, précise-t-il, caché leur jeu jusqu’au jour du verdict, rassurant sur le bon déroulement des débats ne permettant à personne de découvrir la duplicité qui se cachait derrière les assurances données. En clair, le procureur général maintient que la décision de la cour est tombée au mauvais moment et sur la mauvaise personne (Bakary Togola). Parce que l’accusé concerné est, dit-il, connu pour ses fanfaronnades et son mépris souverain pour la justice, voire pour son intempérance de langage. Lequel comportement a fait qu’à un moment donné, explique le procureur, Bakary Togola voyait le bien public ni plus ni moins qu’un gâteau à partager. En acquittant l’ex-président de l’APACM, il pense que les juges lui confortent dans sa vision particulière du bien public, oubliant que c’est toute la magistrature qui voue aux gémonies et aux mépris publics. C’est pourquoi, annonce-t-il, « devant une décision aussi inique et scélérate », il ne restait plus qu’à faire le recours à la cour de cassation. Le parquet général a immédiatement exercé cela, selon lui. Excepté « la débâcle » du dossier Bakary Togola, Idrissa Arizo Maiga témoigne que les autres jugements, rendus par la cour d’Assises, ont été une réussite. Les expressions du procureur laissent simplement insinuer que l’affaire Bakary Togola et coaccusés n’est pas totalement close.
M. Diarra