Entre 1958 et 2022, il y a eu quatre-vingt-sept (87) coups d’État en Afrique. «La distinction entre putsch et une prise de pouvoir par un militaire et un coup d’État qui peut aussi être le fait d’un civil soutenu par l’armée est quasi superflue pour l’Afrique subsaharienne, ces évènements ayant presque toujours profité à un gradé.»
Les États africains à n’avoir jamais connu de coup de force se comptent sur les doigts d’une main. Toutefois, le mythe de l’armée comme arbitre impartial, force d’ordre et garant de l’unité nationale s’était singulièrement émoussé en Afrique. Son taux de réussite est à la hausse de nos jours: Mali, Guinée Conakry, Burkina Faso, Tchad (Deby est venu au pouvoir, en 1990 par un coup de force, et est resté jusqu’à sa mort, en 2021).
La sous-région CEDEAO est sérieusement secouée par des coups d’État. Des militaires ont souvent tronqué le treillis contre la veste de démocrate dans plusieurs pays CEDEAO pour se faire élire. Dans un tel contexte de militaires-démocrates ou militaires-civils. Il y a beaucoup de questionnements. La Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) communément appelé syndicat des chefs d’État est dans un coma. L’âme de la CEDEAO a été enlevée (Mali). Son porte parole a présenté sa lettre de démission (Burkina Faso).
La Guinée Conakry, un soutien de taille, bascule vers un retour à l’armée. Les quelques rares médecins et économistes de l’UEMOA, qui y sont encore membres de la CEDEAO doivent arrêter le virus de coup de force. Un seul médicament: mettre fin au troisième mandat des présidents africains. Une bonne organisation des élections présidentielles.
Le Mali est un pays de haute tradition historique, il correspond à l’ancien Soudan. En politique étrangère, le Mali soutient les combats menés en Algérie, au Congo-Kinshasa, en Angola contre l’impérialisme. Il tente de s’assurer des appuis à l’est du coté de la Chine et de la Russie, comme à l’ouest avec les États-Unis et l’Allemagne, par une politique de modération qui n’exclut pas la fermeté. Entre 2020 et 2021 il y eu, deux (02) coups d’État successifs au Mali.
La Guinée serait à son quatrième coup d’État. Quant au Burkina Faso, le cinquième coup de force. Le dernier a eu lieu, le lundi 24 janvier 2022. Ces trois pays ont un dénominateur commun en matière de coup d’Etat. Le Mali est à son cinquième (05) putschs (1968-1991-2012-2020-2021). Le Burkina Faso (1983), ex-Haute-Volta est niché au cœur de l’Afrique, dans la boucle du Niger, c’est l’ancien empire des Mossis. Il constitue un atout. C’est une succession de coup d’État. Après la mort d’Ouezzin Coulibaly, Maurice Yaméogo devient président de la République en 1959 et son parti, remporte la majorité des sièges à l’Assemblée.
Depuis janvier 1966, après l’éviction du président Maurice Yaméogo, le pays a assisté à l’instauration d’un gouvernement militaire. Et depuis il s’en est accommodé. N’ayant pas encore découvert de grandes ressources naturelles, le Burkina Faso fonde ses espoirs sur son «capital le plus précieux: l’homme Burkinabè». (Burkina pays des hommes intègres).
Le général Sangoulé Lamizana prend le pouvoir, s’institue président, dissout l’Assemblée nationale, suspend la constitution, forme un gouvernement de techniciens et de soldats entouré par un comité consultatif, où siègent les politiques, et fait adopter un budget d’austérité sensiblement analogue à celui de son prédécesseur. «L’armée, dit-il, nous a appris deux choses: la discipline et l’économie des deniers de l’État». Du haut de ses soixante et un (61) ans d’indépendance, le Burkina Faso a quarante-sept (47) ans de vie de régime militaire.
Le Mali a trente-cinq (35) ans de régime militaire. La Guinée Conakry est un pays atypique. Son indépendance en 1958 a été extraordinaire, le 28 septembre 1958, fit l’effet d’un véritable coup de tonnerre dans le ciel jusque-là clément de «l’empire» Français d’Afrique. Il est juste de reconnaitre que ce coup d’éclat fit accélérer un mouvement qui était déjà en gestation. Par une réaction en chaine prévisible, deux (02) ans plus tard, tous les territoires français d’AOF et d’AEF accédaient à l’indépendance les uns à la suite des autres.
Le «Non guinéen» au référendum d’octobre 1958 a joué un rôle d’un véritable catalyseur. Où en est la Guinée, aujourd’hui, presque soixante-quatre (64) ans après la proclamation de son indépendance ? Bilan controversé ? Une chose est certaine à l’heure actuelle, la nation guinéenne existe en tant que telle. Après la mort de Sékou Touré, en 1984, il y eut un coup d’État en 1984, le militaire Lansana Conté prend le pouvoir.
En 1998, il organise des élections truquées, emprisonnant son opposant principal, Alpha Condé. Jacques Chirac rend visite au même moment à Lansana Conté, félicitant la démocratisation du pays.
Le régionalisme et le panafricanisme
La quasi-totalité des pays africains sont engagés dans des processus d’intégration régionale dont les formes vont des coopérations sectorielles jusqu’aux unions politiques avec transferts de souveraineté. L’intégration régionale est prioritaire pour une Afrique balkanisée, composée de cinquante-quatre (54) pays dont 32 sont en conflits et dont la plupart sont de petits pays enclavés. Il existe plus de 200 organisations régionales. Les quatre (04) organisations reconnues par l’UA sont la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) est en Afrique de l’ouest, la CEEAC en Afrique centrale, la SADC en Afrique australe et le Comesa en Afrique orientale. Si la France et l’ONU ne revoient pas leur politique en direction de l’Afrique elles perdront le continent.
L’Afrique est le troisième continent par la superficie, représentant un quart des terres émergées. Elle est le berceau de l’humanité, avec une croissance démographique exceptionnelle. Vingt- cinq (25) ans ont suffit pour que sa population double et comptait plus d’un milliard d’habitants, en 2010.
Safounè KOUMBA
Source : L’Inter de Bamako