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« Coupeur de route », « coupeur de route rigoureux » : emploi au Mali, entre abus et désillusion

Faible recrutement dans la fonction publique, abus dans le secteur privé. Trouver de l’emploi au Mali n’a jamais été aussi difficile.

 

La ritournelle est connue : les Maliens, notamment les jeunes, n’aiment pas travailler. Ce cliché est repris par certains qui sont « arrivés », pour reprendre un jargon populaire, et qui considèrent les autres comme étant des « fainéants ».

Le travail est avant tout un devoir envers soi, mais aussi envers la société. Dans ce monde capitaliste, travailler devient un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre. Déjà que le système éducatif ne produit pas pour le marché de l’emploi, il est difficile de se faire une place quand tout ce que nous savons faire se limite à lire et écrire.

Né avant la honte

L’administration publique ne recrute pas ou très peu. Les entreprises privées et ONG locales tentent de se positionner comme des alternatives, mais à quel prix ? Elles négocient tout, à commencer par les salaires. Parmi ces catégories d’employeurs, il y a le « coupeur de route ». Il fait signer à l’employé un contrat de 400 000 F CFA, mais ne lui verse que 150 000 F CFA. Ça, c’est quand il a de la chance ! Ou il lui fait signer un montant colossal, mais lui donne des miettes.

De toutes les façons, il n’a pas le choix. Le « coupeur de route » le sait. Il profite de la vulnérabilité de l’employé pour lui sucer le sang tel un vampire. J’aime les « coupeurs de route ».  Ils ont l’air souvent gentil. La plupart du temps, ils négocient. C’est-à-dire ils expliquent la situation à prendre ou à laisser, quand bien même qu’ils savent qu’on n’a pas le choix.

Il y a aussi les « coupeurs de route rigoureux », qui exigent un travail de qualité avec une pression énorme, sachant bien qu’ils n’ont pas mis le prix pour ça. Eux, ils font rire : comment exiger quelque chose dans des conditions pareilles ? Ne vous étonnez pas, le « coupeur de route rigoureux » est né avant la honte !

L’entrepreneur local : un débrouillard

Avec un chiffre d’affaires de moins de 2 000 000 F CFA, l’entrepreneur local se dit CEO (Chief Executive Officer ou PDG) et veut employer du monde. Comment va-t-il s’en sortir ? Bonjour l’exploitation de l’homme par l’homme comme l’illustre ce témoignage :

« Il m’a fait comprendre que j’ai besoin de lui, que je ne peux pas y arriver seule quand bien même que j’ai du potentiel. Il dit qu’il a la solution pour me faire avancer et qu’il a des opportunités de développement pour moi. Voilà comment, avec quelques mots, monsieur a réussi à me faire travailler dans sa boite pendant plus de deux mois sans salaire. Je commençais à m’épuiser financièrement, car je devais dépenser environ 5000 F CFA par jour pour aller au travail. Alors que je ne gagnais rien en retour. Je me suis sentie prise au piège, car j’étais très occupée et endettée. Je ne pouvais plus continuer. J’ai pris la décision de tout arrêter, d’autant plus que j’ai des charges et des responsabilités à assumer. Je préfère utiliser mes réseaux sociaux pour vendre plutôt que de me faire exploiter par un egocentrique qui ne pense qu’à sa gueule. »

L’entrepreneur social : un loup dans la peau d’un agneau

Les organisations de la société civile à but non lucratif sont gérées par des leaders cupides et dépourvus de tout humanisme. Ne travaillant jamais gratuitement, ces leaders veulent des jeunes, des services gratuits ou minablement payés en brandissant l’arnaque du bénévolat.

Tous les secteurs peuvent se donner le luxe d’avoir une mauvaise gouvernance interne. Mais comment des structures censées faire le gendarme vis-à-vis l’État peuvent avoir une gouvernance aussi défectueuse ? Exploiter des êtres humains en se servant de leur faiblesse est juste inhumain. Le paradoxe est que ces organisations réclament à l’État plus de transparence, de redevabilité et de justice.

Les leaders de ces organisations sont éloquents et persuasifs. Mais ne vous fiez jamais à eux. Ce sont des vautours déguisés. Ces personnes portent, pour la plupart, le manteau du « coupeur de route ». Ils font travailler sans contrat, pour ne pas être pris au piège. Ils sont calculateurs et stratèges.

Dans ce genre de scenario, c’est difficile de s’en sortir. Il faut peut-être essayer le « free-lance ». Mais attention, là également, il faut être meilleur dans son domaine et être très discipliné financièrement. Sinon, on retombe dans la même spirale.

Source : Benbere

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