Après deux mois de tergiversations, la semaine dernière Washington a reconnu le coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023 au Niger. En conséquent, le pays de l’oncle Sam a décidé de suspendre son aide financière estimée à 500 millions de dollars au Niger.
Depuis l’éviction de Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier par le chef de sa garde prétorienne, les Etats-Unis s’étaient bien gardés d’employer le terme “coup d’Etat” pour qualifier le putsch qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Tout de même, Washington a suivi de près durant ces deux mois l’évolution de la situation sur le terrain contrairement à ses homologues européens qui ont fait du bruit pour ce dernier afin qu’il soit rétabli au pouvoir.
Mais la semaine dernière, Washington est sorti de sa réserve en qualifiant l’action militaire du général de brigade Abdourahamane Tchiani de “coup d’Etat”. Cette réaction du locataire de la Maison Blanche et du département d’Etat américain a entraîné une réaction sévère de la part de Washington.
“Les Etats-Unis ont conclu qu’un coup d’Etat militaire avait eu lieu au Niger. Conformément à l’article 7008 de la loi annuelle sur les crédits du département d’Etat, les Etats-Unis suspendent la majeure partie de l’aide américaine au gouvernement du Niger”, a indiqué le communiqué du département d’Etat.
Dans la foulée de cette qualification, l’administration américaine de Joe Biden a annoncé la suppression de près de 500 millions de dollars d’aide économique au Niger. Cette annonce des Américains vient s’ajouter à celle de la France qui, dès les premières heures du coup de force a suspendu son aide publique au développement, de 120 millions d’euros qui devait être un peu supérieure cette année, ainsi que des soutiens sécuritaires.
Deux mois après le coup d’Etat, une solution de sortie de crise s’amenuise au Niger. L’Algérie qui avait accepté une médiation a jeté l’éponge en demandant une clarification de part du Niger sur la durée de la Transition. Les Etats-Unis qui ont 1100 soldats américains et une base importante de stationnement des drones Reaper, qui renseignent et participent à la lutte contre le narcoterrorisme au Niger ne veulent pas une solution militaire au Niger contrairement ce que souhaite envisager la Cédéao pour une sortie de crise au Niger.
“Nous restons concentrés sur la voie diplomatique pour obtenir les résultats que nous voulons, à savoir le retour à l’ordre constitutionnel. Je crois qu’il continue d’exister une marge pour obtenir ce résultat par la diplomatie”, a martelé Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine.
Ousmane Mahamane
Mali Tribune