Vouloir une chose et son contraire n’a visiblement tout son sens qu’en Afrique de l’Ouest où l’attachement aux valeurs démocratiques fait bon ménage avec l’inclination pour les renversements de pouvoirs élus : Mali, Guinée Conakry, Burkina Faso, puis le 26 juillet dernier au Niger, sous les yeux médusés et hagards d’une CEDEAO qui n’a plus réellement sa raison d’être.
En effet si ce dernier coup d’Etat sous régional en date pendait au nez du président nigérien Mohamed Bazoum, sa bonne intelligence avec la France et la communauté internationale, ajoutée aux garde-fous mis en gestation par la CEDEAO pour éradiquer les coups d’Etat qui pullulent dans la sous-région Ouest africaine, on pensait qu’il allait au moins honorer son premier mandat présidentiel. Sauf que le Général Tchiani, chef de la garde présidentielle, en a décidé autrement. Sans entrer dans les détails de qui reste confus pour l’heure et qui ressemble plus à un coup de palais qu’un coup d’Etat adoubé par le peuple, on reste dubitatif sur la stabilité sociopolitique de la sous-région avec ce laxisme et ces réactions fantoches de la CEDEAO face à cette flopée de coups d’Etat dont les dividendes dans plusieurs cas risqueraient de se faire attendre éternellement.
Par ailleurs, même s’il est de notoriété publique que le chef d’Etat nigérien déchu souffre d’une impopularité certaine dans beaucoup de pays voisins, il n’en demeure pas moins qu’il a été démocratiquement élu et ipso facto à cette latitude de gérer son pays selon son programme sans entrave ni immixtion contre nature d’une armée séduite par des modèles voisins ayant des succès quelque peu frivoles. En tout cas, au Niger, la CEDEAO serait inspirée de ne pas trop vite lâcher prise au risque de voir le coup d’Etat devenir le nouvel ordre ouest-africain francophone en termes d’accession au pouvoir.
Somme toute, même si la CEDEAO est mal aimée du fait de sa caution aux dérives de chefs d’Etat, ça n’est quand même pas elle qui choisit en fanfare ces derniers tout en chantant après quelques mois ou quelques années ? La vérité est que le temps du mea-culpa et de l’introspection est d’un besoin impérieux pour notre sous-région.
Seydou Diakité
Le Témoin