À trois jours de l’échéance de l’ultimatum fixé par la Cedeao aux putschistes nigériens pour rendre le pouvoir à Mohamed Bazoum, le général Abdourahamane Tiani déclare qu’il « refuse toute ingérence dans les affaires intérieures » de son pays.
Une intervention militaire au Niger serait « la dernière option sur la table » pour rétablir le président Mohamed Bazoum, a estimé un responsable de la Cedeao, dont les dirigeants ont menacé d’utiliser « la force ». « L’option militaire est le dernier recours, mais nous devons nous préparer à cette éventualité », estime le commissaire de la Cedeao chargé des affaires politiques et de la sécurité, Abdel-Fatau Musah.
Il s’exprimait à l’ouverture d’une réunion des chefs d’état-major ouest-africains à Abuja, au Nigeria, qui doit s’achever le 4 août, deux jours avant l’expiration dimanche d’un ultimatum de la Cedeao exigeant un retour à l’ordre antérieur.
La Cedeao, présidée par le président nigérian Bola Tinubu, a donné jusqu’au 4 août aux putschistes pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions, sous peine d’utiliser « la force ». Une délégation de l’organisation d’Afrique de l’Ouest conduite par le Nigérian Abdulsalami Abubakar, se trouve actuellement à Niamey pour « négocier » avec les putschistes.
La junte qui a renversé le président Bazoum a envoyé un émissaire au Mali, pays qui, avec le Burkina Faso, soutient la junte nigérienne, affirmant que toute intervention armée serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cedeao.
Dans une intervention diffusée sur les ondes de la télévision nationale, le général Abderahamane Tiani a par ailleurs affirmé que le CNSP « rejette en bloc ces sanctions et refuse de céder à toute menace d’où qu’elles viennent ». « Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger », a-t-il notamment martelé.
Appel au « dialogue »
Parallèlement, l’aide internationale continuait de se tarir, la Banque mondiale annonçant la fin de ses déboursements au Niger « pour toutes ses opérations et jusqu’à nouvel ordre ». En ligne avec les sanctions, le Nigeria a coupé son approvisionnement en électricité au Niger, qui dépend énergétiquement à 70% de son voisin.
À Moscou, la diplomatie russe a appelé au « dialogue » pour éviter une « dégradation de la situation », estimant que la « menace de recourir à la force contre un État souverain ne contribuera(it) pas à désamorcer les tensions et à résoudre la situation dans le pays ».
Dans la journée, plusieurs avions ont procédé à des évacuations vers Paris et Rome de leurs ressortissants et des étrangers qui le souhaitent. Le 2 août, un cinquième avion du gouvernement français dont l’armée française précise que cela devrait être le tout dernier vol d’évacuation après le départ de 992 personnes, dont 560 Français.
« Aucune raison de partir »
Paris a justifié l’opération par les « violences qui ont eu lieu » contre son ambassade lors d’une manifestation hostile à la France, et par « la fermeture de l’espace aérien ». Mais pour le général Tiani, les Français, « qui n’ont jamais été l’objet de la moindre menace » (…) n’ont aucune raison objective de quitter le Niger ».
L’évacuation des quelque 1 500 militaires français postés au Niger n’est « pas à l’ordre du jour », selon l’état-major des armées françaises. Pas question non plus pour les États-Unis qui disposent aussi d’un millier de soldats déployés dans le pays dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel. Ils ne ne parlent pas de « coup d’État », estimant qu’il reste encore une « petite fenêtre » pour la diplomatie et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions, auquel le secrétaire d’État américain Antony Blinken a affirmé le « soutien inébranlable des États-Unis ».
jeuneafrique (Avec AFP)