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Côte d’Ivoire : savez-vous parler nouchi ?

Né au début des années 1980 dans les glôglô, les quartiers précaires, l’argot abidjanais est désormais utilisé par tous en Côte d’Ivoire, écrivains et politiques compris. Pour les néophytes, un petit décodage s’impose…

C’est un élément essentiel de la culture abidjanaise. Le nouchi, argot mêlant le français et différentes langues parlées en Côte d’Ivoire (dioula, baoulé, bété, attié…), est désormais présent dans toutes les sphères de la société. De la rue aux salons feutrés des grands hôtels, des médias classiques aux réseaux sociaux, des milieux d’affaires au monde politique… Tout le monde parle nouchi.

À tel point qu’en juillet 2013, lors de la 39e session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, l’ancien secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Abdou Diouf, déclarait : “La langue française doit féliciter tous les Ivoiriens pour leur imagination et leur façon savoureuse de s’exprimer en français. Chaque fois qu’on me demande de donner des expressions qui ne sont pas venues de l’Hexagone ou des pays du Nord, les exemples qui me viennent à l’esprit sont des exemples ivoiriens.” Un hommage auquel le président Alassane Ouattara avait répondu : “Président, nous sommes enjaillés [contents] de toi. Certains diront, président, nous sommes fans de toi. Le président Diouf est vraiment un président chocó [stylé, classe].”

Jamais les mots de différentes langues n’auront été aussi bien modifiés, tripatouillés et combinés les uns avec les autres.

Jamais les mots de différentes langues n’auront été aussi bien modifiés, tripatouillés et combinés les uns avec les autres, ni leur sens si insolemment détourné. Bien plus qu’un simple langage, le nouchi représente l’esprit d’Abidjan, l’humour de ses habitants et leur capacité à rire de tout (surtout du pire). Petit florilège imagé : lemangement remplace la corruption, les cambodgiensdésignent les étudiants qui n’ont pas obtenu de chambres universitaires et squattent celles de leurs amis (souvent à plusieurs, en dormant sur un matelas par terre), les microbes sont les jeunes des gangs violents qui sévissent dans le nord d’Abidjan (un surnom inspiré de celui des gangs d’enfants des favelas du film brésilien La Cité de Dieu) et les virusles membres des mêmes gangs, mais plus âgés.

Des expressions arrivent du jour au lendemain

Certains mots et expressions sont devenus des classiques, comme go (“une fille”), woody (“un garçon”), s’enjailler(“être content”), gaou (“stupide”), ya fohï (“il n’y a rien”), kpakpatoya (“commérage”), dja (“tuer, ou mourir”), bara(“travail”), wêre-wêre (“turbulent, vantard”) ou jetons (“argent”). D’autres arrivent du jour au lendemain, sans qu’on sache où, comment et par qui ils ont été inventés.

Les Abidjanais s’inspirent aussi d’épisodes et d’événements bien précis pour lancer certaines expressions et blagues bien à eux, qui se propagent très, très rapidement. “Si tu es fâché, envoie-moi à La Haye !” peut-on se voir rétorquer lors d’une dispute, en référence, bien sûr, au procès de l’ancien président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale(CPI) et à son incarcération en banlieue de la métropole néerlandaise.

Autre exemple. En juin, lors de l’élection de Miss Côte d’Ivoire 2014, la mère d’une des candidates malheureuses s’est emportée à l’annonce des résultats, hurlant à l’un des membres du jury : “Tu as abusé de moi ! Tu vas mourir !” Il n’en fallait pas moins pour créer le buzz… Et pour que le verbe “abuser” soit utilisé par tout le monde et à toutes les sauces : pour dire que l’on a été trompé, que l’on a eu un accident de voiture, etc.

Enfin, parmi les dernières expressions tendance, celles dérivées du vocabulaire des réseaux sociaux, où “faut cliquer sur quitter” signifie qu’il est temps d’abréger une conversation qui commence à vous énerver. Et si, d’aventure, vous vous retrouvez complètement pantois devant un idiome qui vous dépasse, n’hésitez pas à le dire : les Abidjanais adorent se lancer dans des explications très drôles et imagées de leurs néo(nouchi)logismes.

Source: jeuneafrique.com

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