Jamais dans l’histoire de la République, un régime ne s’est autant signalé par sa propension à s’accaparer, détourner et gaspiller les ressources de l’Etat. Le Mali sous Ibrahim Boubacar Keita offre une désolante image, celle d’un pays livré à des magouilleurs (nationaux et étrangers) passé maître dans l’art de piller les ressources financières d’un pays gangrené par la corruption.
En matière de gouvernance, le régime IBK présente un visage peu réjouissant En effet, les scandales financiers se sont multipliés et sont restés impunis très loin des promesses du candidat IBK. Ce dernier jurait de mener une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière. De l’achat de l’avion présidentiel à la nébuleuse affaire des 1000 tracteurs, en passant par les diverses contrats d’armement et les engrais frelatés, tous les scandales dégagent une forte odeur de corruption et de détournements de grande envergure. En effet, sous le magistère de IBk, la République n’a jamais connu autant de scandales de corruption. L’une des affaires qui aura le plus marqué l’opinion publique reste sans doute celle liée à l’achat de l’avion présidentiel, acquis à la suite d’un montage financier opaque de type mafieux mêlant sociétés-écrans et hommes d’affaires douteux. Hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737 (non encore immatriculé au nom du Mali). Le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale étaient sortis de leur réserve pour exprimer leur mécontentement. Le Bureau du Vérificateur général a été commis par le FMI pour auditer cette affaire, ainsi que la section des comptes de la Cour suprême. Les rapports de ces deux structures de contrôle sont accablants : des surfacturations comprises entre 29 milliards et 38 milliards sont décelées.
En outre, lors de l’acquisition de l’avion, un contrat d’exploitation est signé avec l’entreprise Jet Magic Limited basé à Malte, le bureau du vérificateur général n’a jamais eu accès au contrat bail. Il faut signaler aussi l’existence d’une ligne budgétaire (dans les charges communes) depuis 2013 pour couvrir les frais du contrat. Il s’élève depuis 2013 à 3 milliards par ans. Pis, aujourd’hui encore, nul ne sait si l’avion « acheté » appartient au Mali. Aujourd’hui encore le mystère entoure cette sombre affaire qui a certainement des ramifications à l’extérieur…
Achats d’équipements militaires
Alors que le souffle lié à l’affaire de l’avion était à peine retombé, les Maliens effaré découvraient la nature d’un marché de gré à gré portant sur un contrat d’armement opaque et surfacturé pour l’équipement de l’armée malienne, passé en décembre 2013 entre l’Etat malien et la société Guo Star.
Ce contrat colossal de 69 milliards de FCFA attribué, en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle, promu aussitôt conseiller spécial à la présidence de la République. Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Le fait que le marché soit attribué de gré à gré est un piétinement flagrant des principes élémentaires de passation de marché public. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que le ministre des Finances, a couvert ce marché par une garantie de 100 milliards de francs CFA. Des personnalités, l’on se souvient, avaient profité de ces affaires pour se sucrer en se livrant à des surfacturations dont seules les Républiques bananières ont le secret.
Sur le même registre, En avril 2016, le gouvernement a remis au MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) 42 véhicules destinés aux patrouilles mixtes. La presse a rapporté que lesdits véhicules ont coûté à l’État 2 milliards 300 millions de FCFA, soit plus de 50 millions l’unité.
Mais au lieu de poursuivre les délinquants à col blanc qui ont pillé les caisses de l ‘Etat, c’est la décision judiciaire qui est venue « récompensera ». En effet, en février 2018, la Cour suprême a condamné l’Etat à payer plus de 20 milliards de F CFA à un fournisseur de l’armée. Aujourd’hui encore de nombreuses questions sont posées autour de cette affaire et surtout de cette décision judiciaire qui profite à des gens soupçonnés de surfacturation.
Le dernier scandale en date concernant l’achat d’équipement militaire est celle des 2 hélicos Puma, en 2017. Après que le président de la République IBK ait confirmé dans un entretien à Jeune Afrique que les avions achetés sous son magistère sont cloués au sol « faute de maintenance appropriée ». C’est au tour du président de la commission défense de l’Assemblée nationale, Karim Keïta, de déclarer, lors d’un colloque à Paris : «les hélicoptères que nous avons achetés ne peuvent plus voler, ça marchait au début mais vraisemblablement on a un problème». Le fils du président IBK ne fait que confirmer certaines révélations du Parti pour la renaissance nationale. En effet, le Parena avait révélé des détournements et des magouilles à grande échelle lors de l’achat d’avions de combat pour l’armée malienne. Ainsi, dans un document, le parti s’était particulièrement interrogé sur l’exécution d’un contrat signé en juin 2015 au salon du Bourget (France) avec l’entreprise brésilienne Embraer pour la vente de six avions de combat A-29 Super Tucano.
Rénovation du palais et de la résidence de Sébéninkoro
Autre scandale qui a défraye la chronique ? La rénovation du palais présidentiel et celle de la résidence privée du chef de l’Etat. Le président IBK ayant décidé d’habiter à Sébéninkoro (résidences privée). Il a entrepris d’importants travaux dans sa résidence privée suscitant de multiples interrogations : Qui finance ces Travaux. ? Le budget de l’Etat ? Le chef de l’Etat lui-même ? Quel est le coût réel des travaux ?
Quant au Palais de Koulouba, sa rénovation n’a finit plus. Confié, en 2015, au groupe français Eiffage la rénovation du palais présidentiel de Koulouba (avait été évaluée à près de 6 milliards de francs CFA). Au finish, nul n’est en mesure d’avancer les montants exacts soutirés dans les caisses de l’Etat pour réaliser les travaux de Koulouba. Idem pour la réhabilitation de la résidence des hôtes présidentiels, évaluée quant à elle à près de 5,5 milliards de francs CFA les travaux de rénovation du palais présidentiel sont aujourd’hui portés à 10 milliards et supervisé par un beau-frère du chef de l’Etat.
Il faut rappeler que les deux chantiers de rénovation du palais Koulouba et de la résidence privée du président ont chacun bénéficié de rallonge budgétaire en 2016.
Engrais frelate et 1000 tracteurs
Un autre scandale, portant sur des milliards de FCFA, a éclaboussé le régime. Ce énième scandale portait sur une soixantaine de milliards F CFA destinés à l’achat d’engrais pour les paysans, sous forme de prêts à rembourser dès la fin des récoltes dans les opérations de développement rural.
C’est un minuscule GIE (Groupement d’intérêt économique) qui était chargé de l’attribution, à travers un avis d’appel fort douteux, de ce gros et juteux marché à des fournisseurs, parfois sans foi ni loi. Il a fallu qu’un concurrent mécontent crache dans la soupe, en soumettant au test de conformité l’engrais d’un rival à un laboratoire de la place, pour que le pot aux roses soit découvert. Le président de la République a promis la fermeté dans ce dossier, au cours de la session du Conseil supérieur de l’agriculture qu’il a présidée le 16 mai 2016. L’opinion a longtemps attendu sa réaction. En vain. L’impunité encourageant de nouvelles atteintes à la morale publique, une nouvelle affaire dite « des 1000 tracteurs » a été révélée à l’opinion malienne. Selon le Parena, il y a eu une procédure irrégulière et frauduleuse de gré à gré déguisé, un délit d’initié et des surfacturations qui ont fait perdre à l’État plusieurs milliards de francs CFA.
Contrairement à ses promesses de rigueur et de fermeté, Ibrahim Boubacar Keïta a instauré, depuis son, accession un pouvoir basé sur l’impunité et le laisser aller. D’où la multiplication des scandales sur fond de surfacturation et de détournement de deniers publics. ; les présumés auteurs n’ont nullement été inquiétés. À ce jour, ni poursuite encore moins de condamnation.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube