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Corruption dans l’administration : Un ministre sollicite 134,39 millions de FCFA pour l’installation de son cabinet

Les contributions financières pour l’installation des nouveaux patrons des départements ministériels sont des facteurs favorisant l’impunité, le laisser-aller dans l’administration et rendent parfois inefficace l’action du ministre qui se retrouve pieds et mains liés.

 

C’est une pratique courante dans l’administration malienne. Le nouveau patron des lieux en plus de recevoir des présents, sollicite des responsables des services déconcentrés ou rattachés, des contributions financières pour prendre en charge l’installation de son cabinet.

Au cours du contrôle de la gestion financière des ressources du Conseil Malien des Transporteurs Routiers au titre des exercices 2017, 2018, 2019 et 2020 (1er semestre), l’équipe du BVG a constaté qu’un ministre des Transports a sollicité auprès du président du CMTR, M. Youssouf Traoré, la prise en charge de dépenses non prévues par le budget approuvé par l’Assemblée Consulaire.

En effet, par courrier confidentiel n°013/MT-SG du 18 mai 2017, le ministre a demandé au président Youssouf Traoré du CMTR une contribution financière pour les travaux d’aménagement des bureaux de son Cabinet.  Le devis estimatif rapporte le rapport s’élève à 134,39 millions de FCFA. Le président du CMTR a, par mandat n°214 du 29 août 2017, autorisé le paiement de 35 millions de francs CFA au profit du Directeur des Finances et du Matériel  (DFM) du Ministère des Transports comme contribution financière à la réalisation desdits travaux.

Les vérificateurs précisent dans le rapport que ce montant prélevé sur le chapitre « 620 -dépenses en investissement » n’était ni inscrit au budget de l’exercice 2017 ni autorisé par l’Assemblée Consulaire. Du côté du ministère des transports, le DFM n’a pas pu fournir à la mission d’enquête, les pièces justificatives des dépenses de 35 millions FCFA mis à sa disposition.

La longévité du chef de service est fonction de sa contribution ou de sa disposition à aider financièrement le nouveau patron. Des cadres compétents, intègres et travailleurs y laissent leurs peaux s’ils n’accueillent pas le nouveau roi avec des liasses d’agent. C’est le cas de ce directeur d’un service rattaché au département des transports dont nous tairons le nom qui a fait les frais de cette mauvaise pratique à la limite assimilable au chantage quand il a refusé d’accéder à la sollicitation du nouveau ministre.

Il y a là, manifestement une collusion d’intérêts entre le ministre qui veut se faire la poche dès son arrivée et les différents responsables des services rattachés à son département et qui peut mettre en mal l’exécution correcte des décisions.

Comment un ministre ‘’mouillé’’ peut-il donner une instruction ferme à un Directeur général ou un directeur d’un service ? Même en cas de faute grave ou de manquement à son devoir, le chef du département, au lieu de sévir, ne serait-il pas enclin à protéger son bienfaiteur ?

« C’est de la corruption à combattre sans hésitation », nous a confiés l’ancien premier ministre Moussa Mara.  En tout cas, avec de telles pratiques, la lutte contre la corruption et la délinquance financière a des beaux jours devant elle au Mali.

Daouda T Konaté

Source : L’Investigateur

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