Cette révélation a été faite la semaine dernière, lors d’une journée d’échanges avec les Organisations de la société civile de Bamako et de l’intérieur. Organisée par l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), cette activité avait pour l’objectif global de créer un cadre commun de compréhension et de partage sur le cadre juridique de la lutte contre l’enrichissement illicite au Mali.
Aussi, il s’agissait d’informer les couches de la société civile par rapport aux actions en cours visant à renforcer la lutte contre la corruption dans notre pays. A cet effet, les échanges ont porté sur l’OCLEI, sa mission, ses actions, ses perspectives. Par ailleurs, les causes de l’expansion de la corruption et ses conséquences négatives sur la vie des populations ont été abordées.
De 2004 à 2017, les irrégularités financières constatées par le Bureau du Vérificateur Général s’élèvent à 741, 43 milliards FCFA. Cette somme ne représente qu’une infime partie des pertes engendrées par la corruption au Mali. Selon Amadou Mallé, membre de l’OCLEI, cette somme représente: 4.500 Km de route bitumée en raison de 150 millions FCFA par kilomètre; 12 300 centres de santé en raison de 60 millions FCFA par centre. « Cette somme aurait pu servir à construire également 160 000 salles de classe », a-t-il dit.
Avant d’ajouter : « Au-delà de l’impact financier, la corruption a un impact négatif sur le climat des affaires et freine les investissements directs étrangers. Elle joue aussi sur l’image et la crédibilité du pays et de ses institutions ».
Pour lutter contre le phénomène, le gouvernement s’est doté de plusieurs institutions. Il s’agit entre autres du Contrôle Général des Services Publics, de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite, de la Section des Compte de la Cour Suprême, de la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration, de l’Inspection des Finances, du Contrôle Financier, du Bureau du Vérificateur General, de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières, de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics… Malgré l’existence de toutes ces structures, la corruption gagne toujours du terrain. D’où la nécessité d’impliquer les organisations de la société civile.
S’exprimant à ce sujet, le président du Conseil national de la société civile a remercié l’Office pour avoir associé la société civile à la célébration de cette semaine de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Pour Bouréima Allaye Touré, « cette lutte est une question très importante que la société civile essaie de comprendre afin de trouver des solutions idoines pour réduire ce fléau ».
Des années 1991 à nos jours, la société civile a joué un grand rôle dans toutes les grandes actions de lutte contre la corruption y compris l’avènement du Bureau du Vérificateur général, a t-il expliqué. Avant d’exhorter les autorités du pays et l’ensemble des acteurs de la lutte contre la corruption à exprimer et afficher la volonté de bannir la corruption sous toutes ses formes.
Pour sa part, le président de l’OCLEI a rappelé que l’Assemblée générale de l’ONU a institué la Journée internationale de lutte contre la corruption pour sensibiliser sur le phénomène de la corruption et faire connaître le rôle de la convention dans la lutte contre le fléau et sa prévention. Pour ce faire, Moumouni Guindo compte sur la société civile pour sensibiliser la population.
Pour lui, l’introduction du thème de la « lutte contre la corruption» dans les prêches – dans les mosquées et les églises – pourra aider à sensibiliser sur les valeurs ancestrales de dignité, d’honnêteté et de droiture.
Mahamane Maïga
Lejecom