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Contestation des résultats provisoires: Soumaïla Cissé appelle à la résistance

L’opposition malienne a organisé, le samedi dernier, une marche de protestation contre les résultats proclamés par le ministère de l’Administration territoriale. La manifestation, suivie d’un meeting, a été l’occasion pour Soumaïla Cissé d’appeler ses militants à la mobilisation et à la résistance contre le régime.

La manifestation est partie de la Place de la Liberté à l’esplanade de la Bourse de travail de Bamako. De centaines d’individus y ont pris part, pour rejeter les résultats provisoires du ministère de l’Administration territoriale. La marche, encadrée par des centaines d’éléments de la sécurité et de maintien de l’ordre, était conduite par les candidats Soumaïla Cissé, Choguel Kokalla Maïga, Dramane Dembélé. A leurs côtés, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, Konimba Sidibé et Tiébilé Dramé, le directeur de campagne de Soumaïla Cissé qui ont été également de la manifestation.
Durant tout le trajet, de plus de 30 heures minutes de marche, les manifestants scandaient « IBK, voleur », « Soumaila Cissé, président », « Non à notre victoire volée », « Les suffrages des Maliens ne seront pas détournés ». De même réclamaient-ils la démission du Premier ministre et du ministre de l’Administration territoriale. Ces deux personnalités politiques maliennes sont accusées par les marcheurs d’avoir tripatouillé les suffrages des électeurs en faveur du président sortant.
Contrairement aux autres manifestations de l’opposition, la mobilisation n’était pas au rendez-vous de l’affluence des manifestations passées. Selon Nouhoum Togo, l’un des membres du cabinet de chef de file de l’opposition, ce qui importe c’est la détermination des individus et non le nombre.
« Même si c’est avec vingt personnes engagées et motivées, nous allons faire nos manifestations. Nous avons avec nous des personnes dévouées par la cause du Mali. Cette marche, c’est pour la démocratie malienne et le respect des principes républicains», a expliqué M. Togo, tout en signifiant que c’est leur candidat qui a été élu président par les Maliens. Pour sa part, Tiébilé Dramé a expliqué qu’ils ont introduit des requêtes auprès de la Cour constitutionnelle et espère qu’elles seront bien examinées par l’Institution.
« En attendant, le peuple malien résiste, la jeunesse malienne résiste pour rejeter ce qui vient de se passer. N’accepte pas ce qui s’est passé. N’accepte pas le bourrage d’urnes N’accepte pas la dictature de la fraude. Alors le peuple veut que sa volonté soit respectée, que son choix soit respecté. Le peuple veut la vérité des urnes ; alors, que la vérité des urnes triomphe », a lancé le directeur de campagne de Soumaila Cissé.

La sérié de congratulions à IBK fâche Ras Bath
« Ce qui s’est pas passé à l’issue du scrutin du 12 août est un déshonneur pour le peuple malien. Puisque dans aucune religion, aucune tradition, on se glorifie avec la fraude. Le vol, la fraude est le pire des crimes qu’un homme peut cautionner et amener à le poser. Nous n’allons pas accepter de perdre sur la base de la fraude », a déclaré Ras Bath.
L’animateur de l’émission ‘’Carte sur table ‘’ qui est également l’un des conseillers de Soumaila Cissé, affirme que c’est leur candidat qui a gagné selon leur système de centralisation des résultats. Il indique que les chiffres du ministère de l’Administration territoriale, qui affirment la réélection d’IBK, sont manipulés.
Puis, connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, Ras Bath s’en est vivement pris à la Communauté internationale, à travers Emmanuel Macron ainsi que le Secrétaire général des Nations Unies. Leur tort, aux yeux du coordinateur du CDR, est d’avoir félicité IBK pour sa réélection avant la proclamation définitive des résultats par la Cour Constitutionnelle. Selon lui, cela est un manque de respect et de considération à l’égard des Institutions maliennes.
« Les présidents Macron et Hollande, même s’ils aiment IBK , ils devaient respecter le principe républicain et démocrate, en attendant la proclamation de la Cour », a dénoncé Ras Bath, tout interprétant cette attitude comme une manière d’influencer la Cour Constitutionnelle. Pourtant, outre ces deux personnalités françaises, plusieurs autres personnalités africaines, dont le Roi du Maroc, les présidents Nigérien, Burkinabé, Sénégalais, ainsi que le Président Kagamé du Rwanda, et président en exercice de l’UA, ont également félicité le président sortant pour sa réélection.
Toutefois, pense Youssouf Mohamed Bathily, la présidente de la Cour Constitutionnelle a l’obligation, à l’instar des autres juges, d’entrer par la porte de l’honneur et de la dignité en disant le droit. Dans tous les cas, il a promis qu’ils vont user de tous les moyens légaux pour « chasser les voleurs de la république, les brigands de la république ».

La colère de Choguel
A sa suite, le candidat Choguel Kokalla Maiga, d’un autre ton, explique qu’il s’est associé à la manifestation pour défendre le vote des Maliens dont les suffrages sont perdus en cours de route, entre les centres de vote et le centre national de centralisation des résultats.
« Les partis politiques, les candidats mobilisent les électeurs en vue des élections ; il n’est pas normal, après tous ces efforts, que le suffrage de ces gens soit détourné par un camp», a dénoncé le candidat Choguel Kokalla Maiga. Cet ancien ministre de la communication du président IBK conclut également qu’il y a eu bourrage d’urnes dans plusieurs localités. Autrement, soutient-il, c’est impossible que dans un bureau de vote il ait plus de 800 votants. Ce qui, conclut-il, veut dire que dans ces bureaux « les gens ont voté en deux, trois et quatre secondes ».
Or, il a expliqué qu’en moyenne dans les pays comme la France, un électeur prend quatre minutes pour voter. Partant sur cette base, un bureau de vote ne peut enregistrer plus de 150 électeurs au Mali en raison de cinq minutes, le temps estimé de vote par personne.
« Au Mali, la bonne partie de la population est illettrée. L’élection n’est pas bien organisée. Ça veut dire qu’on fait plus de cinq minutes au Mali pour voter. Aucun citoyen ne peut voter en moins de cinq minutes. Quand on divise 600 minutes par cinq, on a 120 votants par bureau de vote », a expliqué Choguel Kokalla Maiga.
Par ailleurs, tant que le système de bourrage d’urnes demeura, le principe de l’élection d’un candidat sera inutile : « Ça ne sert plus à rien d’aller aux élections. Ça ne sert plus à rien d’être candidat. Ça ne sert plus à rien de donner des messages aux Maliens parce que quel que soit ce que vous allez faire, ils vont bourrer les urnes », s’insurge le président du MPR.
Dans tous les cas, assure-t-il, on ne peut le convaincre d’admettre qu’il y a 33 000 votants à Ménaka, une ville presque vide à cause de l’insécurité. A l’instar de cette ville, échappant au contrôle de l’Etat, les PV des bureaux de votes ont été remplis par des mouvements armés en faveur du candidat IBK, a déploré M. Maiga,
« Je suis là pour défendre le vote tous les Maliens. Continuez à vous battre, militants de tout parti confondu, pour que demain, s’il y a un vote, le maire que vous voulez soit installé, le député que vous voulez soit installé, le président que vous voulez soit installé », a-t-il martelé.

Une autre manifestation après la fête
Quant au candidat, Soumaïla Cissé, il a déclaré que les Maliens n’accepteront jamais d’avoir un président élu sur la fraude. Elle est une violence contre le peuple.
« La démocratie est assise sur le vote, à condition que ce vote soit sincère. Ils trichent partout et jusque dans les petits bureaux de vote. Un bureau de six personnes en Turquie (Soumaïla 4, IBK 2), mais à l’arrivée, Soumaïla a eu zéro », a rapporté le candidat de la Restauration de l’Espoir. Ce qui est en cours, selon M. Cissé, met en jeu l’avenir du Mali, l’avenir de l’Afrique et de la sous-région, parce que la mauvaise gouvernance n’amènera pas la paix, ne permettra pas de développer ce pays. C’est pour cela que ce combat n’est pas seulement celui de son camp, mais de tous les démocrates, de tous les partis politiques, est convaincu le challenger du président IBK.
« Il fait continuer à se battre. Attendez-vous à la police politique, comme ils l’ont fait l’autre jour à Smart Médias. Attendez-vous à tout, mais résistez. Su vous aimez votre pays, il faut résister. Et nous allons résister », lance Soumaïla Cissé, avant de donner rendez-vous après la fête de Tabaski pour une autre manifestation plus grandiose. Selon les responsables du camp de la contestation, ce sera très probablement le samedi prochain.

Par Sikou BAH

Info-matin

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