Au Mali, 94% des filles de 0 à 14 ans et 89% des femmes de 15 à 49 ans ont été excisées de façon traditionnelle, selon EDSM VI de 2018. Cette pratique ancestrale comporte souvent des conséquences désastreuses pour les victimes. Elle est par exemple la cause de la terrible fistule obstétricale.
L’excision, classée dans les mutilations génitales féminines (MGF), est l’ablation d’une partie de tissu biologique. Le terme est plus communément utilisé pour désigner les ablations du clitoris ou des petites lèvres. Après l’acte, les tissus de la vulve forment une cicatrice dure et fibreuse dans laquelle se développent parfois des chéloïdes et des kystes dermoïdes. Pour de nombreuses femmes, les mutilations génitales féminines causent un traumatisme, en raison de la douleur extrême ressentie au moment de l’opération, du choc et de la force utilisée pour maîtriser le sujet.
Malgré les innombrables messages de sensibilisation du ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille à travers le Programme national des violences basées sur le genre (PNVBG) sur ses méfaits, l’excision est pratiquée au Mali avec un taux élevé dans les régions de Koulikoro et Sikasso 96%. Ségou enregistre 92% et le district de Bamako 91%. Les régions de Mopti et de Tombouctou sont concernées respectivement à 82% et 50% tandis que le taux à Gao et Kidal est de 1%.
Pratique ancestrale laissant des traces chez ses victimes
Elle freine également l’épanouissement sexuel des femmes dans leur foyer. Avec des images, parfois insoutenables, les spécialistes de la santé avancent plusieurs conséquences de l’excision comme les difficultés lors de l’accouchement, les règles douloureuses, les douleurs pendant les relations sexuelles dues à la cicatrisation, les kystes très douloureux empêchant les rapports sexuels, les hématoscopes ou accumulation du sang des règles consécutives à l’infibulation et surtout la fistule. Une maladie redoutée par la majorité des femmes.
La fistule, faut-il le noter, est définie comme une déchirure entre le vagin et la vessie ou le rectum, ou encore les deux. Cette lésion provoque chez la mère une incontinence urinaire et/ou fécale. Les femmes victimes de fistule font l’objet de rejet de la part de leur conjoint et de la communauté entière du fait de leur mauvaise odeur. Si elles ne sont pas prises en charge, leur chance de travailler et d’avoir une vie familiale normale se compromet fortement.
Face à cette situation alarmante, il sied aux plus hautes autorités d’intensifier les campagnes de sensibilisation et d’information. Elles devraient mettre l’accent sur les actions concrètes visant l’abandon des mutilations sexuelles féminines.
Bintou Diarra
Le Challenger