Le lundi 22 décembre 2014, la salle des réunions du secrétariat général de la présidence de la République à Koulouba a servi de cadre à une réunion du Conseil Supérieur de la Défense sur convocation de Ibrahim Boubacar Kéita, président de la République et Chef suprême des Armées du Mali.
Au terme des débats, deux projets de loi ont été adoptés. Le premier concerne “la politique de défense et de sécurité nationale” et le second se rapporte à la “Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (Lopm)”. Le tout dans un plan quinquennal qui s’étendra de 2015 à 2019 pour un coût évalué à un peu plus de 510 milliards de francs Cfa.
Par ailleurs, le Conseil Supérieur de la Défense a décidé de l’approfondissement de la politique de défense et de sécurité nationale en l’élargissant particulièrement et en faisant en sorte qu’elle prenne en compte certaines dimensions non militaires, mais nécessaires, pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires. Ainsi, le plan de réforme prévoit la construction de logements sociaux destinés au personnel et au commandement militaire. En sus, il est prévu l’établissement d’un camp pour les militaires de carrière.
La tenue de ce Conseil Supérieur de la Défense intervient à un moment où la situation sécuritaire est déplorable, surtout dans la partie septentrionale du pays et elle ne dépend, en grande partie, que de la force française Barkhane et de la mission onusienne au Mali (Minusma). C’est un secret de Polichinelle de dire que l’armée malienne est sous-équipée. Alors, pour parer à un tel état de fait, le Conseil supérieur de la défense s’est fixé deux objectifs principaux dans les cinq ans à venir :
– primo, l’équipement de l’armée. Car cette institution a très peu d’hélicoptères et le matériel dont elle dispose est vétuste et carrément inadapté. Or les menaces sont plus que jamais présentes, surtout dans le nord. Notre pays, avec l’état actuel des Forces Armées Maliennes (Fama), est obligé de compter sur les forces françaises et onusiennes.
– secundo : la formation des troupes avec la création d’unités spéciales opérationnelles, afin de permettre aux soldats des Fama de faire face à l’ennemi avec courage sans être obligés d’abandonner leurs positions en prétextant l’argument saugrenu de “repli tactique”. Cette formation des troupes, si elle est menée à bon escient, permettra à l’armée malienne d’être autonome des troupes étrangères sur le territoire national.
Si le Président de la République s’est félicité de la tenue de ce Conseil Supérieur de la Défense, certains observateurs dans le sérail de ses détracteurs, ont fait part de leur scepticisme quant au bien-fondé des décisions prises, spécifiquement en ce qui concerne le volet de la formation des troupes avec les créations d’unités spéciales opérationnelles. Pour eux, la création des unités spéciale est une façon inavouée, de la part de l’Etat malien, de chercher à réintégrer les combattants des groupes armés du nord dans l’armée malienne.
Par le truchement des unités spéciales, le gouvernement tentera, à coup sûr, d’appeler sous le drapeau malien, bon nombre de combattants des groupes armés. Mais ces observateurs perçoivent derrière cette décision du Conseil Supérieur de la Défense, la main de la communauté internationale, notamment la France et les États-Unis d’amérique. Ils avancent comme arguments le fait que les Usa aient demandé recemment à ce qu’il y ait des patrouilles mixtes regroupant la Minusma, les Forces Armées Maliennes (Fama) et les groupes armés, et aussi les “injonctions” faites par la France pour qu’un accord soit à tout prix signé à Alger pour le mois de janvier prochain.
Toujurs selon les mêmes détracteurs, le Président IBK prend très au sérieux ces “injonctions” de la France et est décidé à bien joer sa partition, afin qu’il ne soit pas indexé comme fautif en cas d’échec lors de la prochaine session des pourparlers d’Alger. Ces observateurs vont jusqu’à établir un lien entre le bref passage du Colonel Hassane Ag Medhi à Bamako la semaine écoulée et la décision prise par le Conseil Supérieur de la Défense, à propos de la création des unités spéciales au sein de l’armée malienne.
Quoi qu’il en soit, les maliens sont unanimes à reconnaître la nécessité absolue pour leur armée nationae d’être réformée, voire même restructurée en profondeur. Si le Conseil Supérieur de la Défense fait sienne cette préoccupation des populations, alors vivement que l’opération de réforme des Forces Armées Maliennes (Fama) soit couronnée de succès.
Mamadou GABA
Source: Soir de Bamako