Depuis quelques jours, par voix ou presse interposée, certains membres du Conseil National de Transition (CNT) du Mali semblent être très en colère d’une part, contre les autorités de la transition, et d’autre part, contre le président du CNT, Malick Diaw qui s’oppose explicitement au départ de l’armée française du Mali. Une brouille qui sème le doute dans les esprits quant à l’avenir ou la durée de la lune de miel qui les lie avec le CNT. Il s’agit précisément de Issa Kaou Djim, Ben le «cerveau» et Dr. Aboubacar Sidiki Fomba, tous anciens membres du M5- RFP.
Le premier à être en colère ces derniers jours a été le 4ème vice président du CNT, Issa Kaou Djim, ancienne figure du M5-RFP. Le jeudi dernier, avec la démolition des constructions illicites sur la zone prioritaire de la zone aéroportuaire, Issa Kaou Djim a qualifié cette attitude des autorités de «sauvage». Se trouvant parmi les victimes dont les maisons ont été démolies, dit-on, Issa Kaou Djim n’aurait pas aimé la manière des autorités. Selon les indiscrétions, il a décidé de mettre en place un collectif des victimes pour revendiquer leurs droits. La question qu’on se pose est de savoir comment Issa Kaou, étant une personnalité de la transition (4ème vice président), peut se combattre lui-même, lui qui, il y a quelques semaines, vilipendait les grèves des syndicats de l’UNTM, des enseignants, des administrateurs civils, des collectivités, etc. Issa Kaou Djim ne leur disait-il pas que cette période transitoire ne devrait pas être un intervalle de grève, mais d’accompagnement des autorités de la transition. Aurait-il oublié donc qu’eux, comme lui, revendiquent leurs droits? Faut-il être Kaou Djim pour oublier, en si peu de temps, pour se mettre en porte à faux avec ses propres déclarations qui résonnent toujours dans l’esprit des gens ? Autre question qui taraude les esprits est de savoir ce que fera Issa Kaou Djim, membre du CNT, si on l’interdisait de s’opposer à l’Etat, à lui-même, par rapport à ce dossier? Démissionnera-t-il du CNT ? Malin qui pourra l’affirmer !
Après leur manifestation le weekend dernier pour exiger le départ de l’armée française du Mali, Ben le « Cerveau » du M5-RFP et Aminata Fofana, tous membres du CNT, ont eu leur part de dose de la part du président du CNT, Malick Diaw, dans un communiqué s’opposant directement à cette attitude venant des membres du CNT et du départ de la France du Mali. « Le Président du Conseil National de Transition (CNT) a le regret de constater que, depuis quelques jours, des déclarations émanant de certains mouvements et regroupements, au sein desquels militent quelques membres du CNT, tendent à décrier la présence militaire française au Mali. Au moment où notre pays aspire profondément à la paix et à la stabilité, le Président du Conseil National de Transition informe l’opinion nationale et internationale que lesdites déclarations n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Il tient à réaffirmer le soutien et la disponibilité du CNT à l’endroit de tous les partenaires qui œuvrent aux côtés du Mali dans la lutte antiterroriste, sous toutes ses formes.
Le Président du Conseil National de Transition invite l’ensemble des membres du CNT à se focaliser exclusivement sur la mission qui leur est dévolue dans le cadre de la transition en cours au Mali et d’observer strictement les dispositions de l’article 92 du Règlement intérieur interdisant d’user de leur titre pour d’autres motifs que pour l’exercice de leur mandat », s’est sèchement adressé, le Président du CNT, Malick Diaw, aux auteurs (ceux qui sont au sein du CNT) de la protestation pour le départ de l’armée française du Mali. Une attitude de Malick Diaw qui n’a pas du tout plu à Dr. Aboubacar Sidiki Fomba, ancien membre du M5-RFP, également non moins président du Parti ADPM. Selon lui, le président du CNT est mal conseillé. « Il y a une intention de compromettre la liberté d’expression», a-t-il dit. Et d’ajouter : « l’ADPM rappelle au président du CNT que, conformément à la constitution et à la charte de transition, les membres du CNT ont même le droit de demander et de voter des lois pour résilier ces traités à fortiori dénoncer. Et de rappeler à Malick Diaw que son communiqué viole non seulement le règlement intérieur du CNT, mais aussi du décret de nomination et de la constitution de février 1992.
Des dissensions sont donc visibles entre ces trois leaders aujourd’hui qui ne voient plus les choses de la même manière que certains dirigeants de la transition. Quel avenir donc est réservé à Issa Kaou Djim, Dr. Aboubacar Sidiki Fomba et Ben le «cerveau» dans la transition ?
Hadama B. Fofana
Source: Le Républicain- Mali