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Conférence sociale: le jalon d’un pacte de stabilité

Le Premier ministre par intérim, Abdoulaye MAIGA, a présidé ce lundi 17 octobre 2022, l’ouverture des travaux de la Conférence sociale dans le domaine du travail, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). C’était en présence du ministre du Travail, de la fonction publique et du dialogue social, Mme Diawara Aoua Paul DIALLO ; du représentent des syndicats, Abdramane Infa TOURE, secrétaire général adjoint de l’UNTM ; du Directeur du Bureau Pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour l’Afrique de l’Ouest, basé à Abidjan, Frédéric LAPEYRE ; du représentant du patronat du Mali, Mossadek BALLY ; des représentants des 4 centrales syndicales et autres syndicats autonomes, etc.

Organisée par le gouvernement du Mali, à travers le ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, en collaboration avec le Conseil national du Patronat du Mali et les Syndicats, avec l’appui technique du Bureau International du Travail (BIT), l’objectif général de cette rencontre est d’identifier les moyens et mécanismes permettant d’aboutir à une stabilité sociale durable.
Elle constitue, selon ses initiateurs, un véritable tremplin de vitalité dans la recherche de solutions aux problèmes endogènes et exogènes du monde du travail au Mali, tant public que privé.
Cette rencontre se veut un cadre pour l’Etat et ses partenaires sociaux (syndicats, patronat) de traiter les défis auxquels est confronté le monde du travail au Mali ; notamment les questions de la fixation des salaires, en partenariat avec les organisations d’employeurs et de travailleurs qui représentent les acteurs centraux de l’économie réelle. Il s’agit aussi d’associer de manière plus approfondie les partenaires sociaux aux réformes envisagées.

Poser le diagnostic
Pendant six jours, les participants vont se pencher et échanger sur des thématiques majeures que les experts ont élaborées. Il s’agit pour le gouvernement de transition de procéder à un diagnostic clair des causes réelles de la détérioration constante du climat social ; d’identifier les inégalités salariales et leurs causes pour plus d’équité et de justice sociale ; d’identifier les besoins de renforcement des capacités des acteurs tripartites.
De même, il s’agit aussi d’identifier les besoins de renforcement du cadre juridique et institutionnel du dialogue social ; favoriser l’élaboration et la signature d’un Pacte de stabilité sociale ; et de proposer des mécanismes appropriés de préservation d’une paix sociale durable.
Au Mali, la crise politico sécuritaire que connaît notre pays depuis 2012 continue d’affecter le monde du travail avec le déplacement des entreprises et de l’administration des zones de conflits vers les zones plus sécurisées.
Ce qui explique les nombreux cas de licenciements pour motifs économiques, la fermeture de certaines écoles et l’absence des services sociaux de base dans les zones d’insécurité.
Cette situation continue de perturber, considérablement, le fonctionnement global de l’économie nationale, avec des difficultés de tous ordres dans les secteurs public et privé.
Selon les initiateurs de cette rencontre, depuis quelques années, le climat des affaires se trouve davantage détérioré à cause de l’impact de la maladie à Coronavirus (COVID-19), avec son corollaire de fermeture d’entreprises, de réduction de personnel ou de rémunération et de mise en chômage technique.

Aperçu
Faisant l’état des lieux, il ressort des différentes interventions que de juillet 1963 à décembre 1997, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) est restée la seule centrale syndicale au Mali. À partir de 1997, le pluralisme syndical est devenu une réalité dans notre pays avec la création d’autres centrales syndicales à savoir : la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) en 1997 ; la Confédération Malienne du Travail (CMT) en 2006 ; la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali (CDTM) en 2014.
En plus des centrales, il existe des syndicats non affiliés à la centrale syndicale (au nombre de 25 à ce jour).
Depuis quelques années, on assiste à une montée des revendications catégorielles, avec son corollaire de grèves souvent illimitées dans des secteurs public et privé.
Aujourd’hui, chacune des centrales syndicales revendique le droit d’être représenté au sein des conseils consultatifs nationaux comme le Conseil Economique, Social et Culturel, le Conseil supérieur du Travail, le Conseil supérieur de la Fonction publique et dans les organes de délibération des établissements publics.

État des lieux
En termes de statistique, le Ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social et ses services centraux et déconcentrés ont enregistré, pour les secteurs public et privé, au total 78 préavis de grève en 2018, 114 en 2019, 125 en 2020 et 67 en 2021, soit un total al de 342 préavis de grèves.
Une analyse desdits conflits fait apparaître que les multiples revendications syndicales dans les secteurs public et privé, ont portée sur les principaux points ci-après : l’exercice de la liberté syndicale ; les revendications salariales et l’amélioration des conditions générales de travail ; la représentativité syndicale ; la gestion des carrières.
Elles concernent aussi : la santé et la sécurité au travail ; les licenciements ; la gestion des départs volontaires ; la gestion des compressés ; les questions d’intégration des contractuels dans la fonction publique ; la sécurisation des lieux de travail ; le renforcement du dispositif de prévention et de gestion des conflits.
Tout ceci démontre, selon le gouvernement, la nécessité d’identifier les organisations syndicales les plus représentatives, pour assurer l’équité de traitement des centrales syndicales et les syndicats non affiliés et renforcer par la même occasion le dialogue social.

Une perte de confiance

En prélude à l’organisation des élections professionnelles, la détermination du seuil de représentativité demeure nécessaire.
Aussi, la problématique de la qualité des interlocuteurs des acteurs sociaux, notamment, pendant la négociation des préavis de grève, le manque de capacité des acteurs dans la maîtrise des textes qui encadrent la grève, sont des défis qu’il convient de relever très rapidement.
Il en résulte une perte de confiance entre le Gouvernement et le Patronat et les organisations syndicales compte tenu de la non-application des engagements issus de ces procès-verbaux.
Dans les fonctions publiques d’État et des Collectivités territoriales, des disparités existent entre agents d’une même fonction publique. Ces disparités portent essentiellement sur les grilles salariales, les primes et indemnités et la gestion des carrières.
De ce fait, le niveau de détérioration du climat social nous impose d’interroger les causes réelles de cette détérioration d’une part et l’exercice du droit de grève au Mali d’autre part.
Cette volonté des pouvoirs publics d’associer de manière plus approfondie les partenaires sociaux aux réformes envisagées résulte de la conviction du Gouvernement de Transition qu’un consensus est nécessaire entre les principaux acteurs du monde du travail pour résoudre les questions économiques et sociales importantes, promouvoir la bonne gouvernance et favoriser la paix et la stabilité sociale et économique.
A cet effet, l’axe n°4 du Programme d’Action du Gouvernement (PAG), a fixé comme objectif, « assurer la stabilité sociale ».
Parmi les actions prioritaires inscrites pour l’atteinte de cet objectif, il y a l’adoption d’un Pacte de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance.
Parmi les activités à mener pour aboutir audit pacte, il y’a la tenue d’une Conférence sociale dans le domaine du travail.

Synergie d’actions face aux défis
La synergie d’actions tant recherchée à travers l’organisation d’une conférence sociale dans le domaine du travail, permettra aux différents acteurs d’asseoir les bases d’un dialogue social revitalisé, tout en faisant le diagnostic des causes réelles de la détérioration du climat social afin d’adopter des réformes idoines en faveur d’un développement socioéconomique durable.
Pour le Gouvernement de Transition, un consensus est nécessaire entre les principaux acteurs du monde du travail pour résoudre les questions économiques et sociales importantes, promouvoir la bonne gouvernance et favoriser la paix et la stabilité sociale et économique.
Pour le représentant du BIT, cette conférence constitue une étape très importante pour développer un dialogue social solide et juste qui est une condition nécessaire de la cohésion sociale et d’une paix durable.
«Je peux vous assurer du soutien de l’OIT dans la mise en œuvre des conclusions et recommandations qui résulteraient de vos travaux dans les prochains jours qui, je suis confiant, construiront, en cohérence avec les normes internationales du travail, les bases du travail décent et de la justice sociale au Mali», a rassuré Frédéric LAPEYRE.
«Vous faites le choix du dialogue social et du tripartisme, valeurs qui sont chères à l’OIT et qui sont au cœur de sa structure et de son fonctionnement », a-t-il encouragé.
Pour l’OIT, les défis complexes auxquels fait face le monde du travail ne peuvent pas être traités durablement et efficacement par les gouvernements seuls.
«Il y a un besoin fondamental d’implication des représentants du monde du travail que sont les organisations d’employeurs et de travailleurs dans le traitement de ces questions à travers un dialogue social efficace, inclusif et permanent», a souligné Frédéric LAPEYRE du BIT.

Création d’un cadre
permanent tripartite
Pour lui, une meilleure structuration du dialogue social avec comme objectif final la création d’un cadre permanent tripartite ; la promotion de la négociation collective ; la clarification du paysage syndical par la détermination de la représentativité syndicale ; la formation des acteurs ; la mise en place d’initiatives volontaristes sont, entre autres, les pistes stratégiques que la présente conférence pourrait explorer.
«Je puis vous assurer que le BIT sera à vos côtés sur ces divers chantiers afin de faire du dialogue social un levier de cohésion, d’unité, de prospérité partagée et de paix durable», a-t-il conclu.
À l’entame de son propos, le Chef du gouvernement a rendu un vibrant hommage à tous les travailleurs de toutes les branches d’activités de notre pays, secteur public et privé.
«Par votre labeur, le Mali est en train de réussir son pari face aux nombreux défis auxquels il est confronté», a déclaré le Colonel Abdoulaye MAIGA.
Selon lui, malgré toutes ces difficultés la résilience du Peuple malien, notamment des masses laborieuses, a permis au Gouvernement de supporter les conséquences des sanctions injustes, illégales et inhumaines que nous avaient imposées la CEDEAO et l’UEMOA.
«Par votre labeur quotidien, vous avez toujours apporté des pierres aussi précieuses les unes que les autres à la construction de notre pays et contribué au rayonnement de l’économie nationale, surtout pendant les moments difficiles de la vie de la Nation», a-t-il rendu hommage.

Une recommandation des ANR
Il ressort de son propos que cette conférence sociale, recommandée par les Assises Nationales de la Refondation, cadre parfaitement avec la vision du Président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA.
Elle s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre Stratégique des Recommandations de la Refondation de l’État 2022-2031 et son Plan d’action adopté en Conseil des ministres par Décret N°2022-0453 du 10 août 2022.
De son avis, la synergie d’actions tant recherchée à travers cette rencontre permettra aux différents acteurs du monde du travail d’asseoir les bases d’un dialogue social revitalisé, tout en faisant le diagnostic des causes réelles de la détérioration du climat social afin d’adopter des réformes idoines en faveur d’un développement socio-économique durable.
«Les pertinentes recommandations auxquelles vous parviendrez, au cours de vos travaux permettront de donner un contenu essentiel au futur document de pacte de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance dont notre pays a tant besoin et aideront le Gouvernement à endiguer les remous et contestations de nature corporatiste reposant quand même sur des fondements de droits : droit au travail, droit à une vie décente, droit au repos et j’en passe», a-t-il conclu.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source: Info- Matin
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