Face à la justice à qui il demande sa réhabilitation, l’ex-maire de Vence (Alpes-Maritimes) Christian Iacono a répété jeudi qu’il était “innocent” des viols dont l’a accusé son petit-fils, qui s’est depuis rétracté et a demandé “pardon” à son grand-père.
La Cour de révision dira le 18 février si elle annule la condamnation de l’ancien élu à neuf ans de prison et ordonne un nouveau procès. L’avocate générale a demandé le rejet de la requête en révision.
“Je suis parfaitement, complètement innocent”, a déclaré Christian Iacono devant les magistrats de la Cour, comme il l’avait fait dès le début de cette affaire devant le juge d’instruction.
Emu après avoir entendu son petit-fils – avec qui tout contact lui est interdit depuis une libération conditionnelle en 2011 -, lui demander pardon, il a expliqué qu’il ne pouvait “pas condamner un enfant de 10 ans qui avec un mensonge” a fait de 14 ans de sa vie “un vrai calvaire”.
“Excuse-moi”, lui a demandé son petit-fils Gabriel, “j’ai dû faire un travail sur moi-même”, “assumer les conséquences de mes actes”.
S’il a eu du mal à se rétracter, c’est parce qu’il avait “peur de passer pour un menteur”, devant son fils, devant “tout le monde”, “devant la France”.
En mai 2011, quelques mois après la condamnation en appel de son grand-père, cette affaire avait connu un spectaculaire rebondissement: Gabriel Iacono était revenu sur ses accusations, maintenues pendant 11 ans et portant sur des faits qui se seraient déroulés entre 1996 et 1998 dans la villa de Christian Iacono, à Vence, alors que l’enfant avait entre cinq et huit ans.
Pour les avocats de Christian Iacono, si la justice avait eu connaissance des éléments dont elle dispose aujourd’hui, elle aurait rendu un tout autre verdict.
Il n’existe aucun élément de nature à mettre en doute la “sincérité” de ces rétractations, qui n’ont été ni “manipulées” ni “récompensées”, a plaidé Me François Saint-Pierre. Son confrère Me Dominique Roméo a lui souligné la “linéarité” des rétractations du petit-fils, aujourd’hui âgé d’une vingtaine d’années.
“Ultime rempart” contre l’erreur judiciaire
“On accorde crédit à un homme lorsqu’il accuse et pas quand il innocente”, a également plaidé Me Gérard Baudoux.
L’instabilité de Gabriel Iacono ne peut faire douter de la véracité de ses rétractations, a-t-il ajouté, car il connaissait depuis sa petite enfance “des difficultés d’ordre psychique”, bien avant qu’il n’accuse son grand-père.
“Le recours en révision, c’est l’ultime rempart avant que ne soit définitivement scellée l’erreur judiciaire”, a-t-il conclu.
L’avocate générale Pauline Caby a estimé les rétractations du petit-fils de Christian Iacono “extrêmement sujettes à discussion”, “floues”, fluctuantes”, “imprécises”.
Pour l’avocat de Gabriel Iacono, Me Luc Febbraro, la position de l’accusation traduit peut-être une “blessure, qui peut être celle de l’institution judiciaire”, qui aurait été “baladée pendant des années” et a condamné “sur les fantaisies d’un enfant”.
Selon l’arrêt de la Commission de révision, qui a accepté le 4 juillet dernier de saisir la Cour, Gabriel Iacono pense qu’il avait “inconsciemment menti” et se demandait s’il n’avait “pas été influencé par son père en conflit avec son grand-père”.
Il avait déclaré, en mars 2012, qu’il avait “menti, petit, pour attirer l’attention et réunir ses parents autour de lui”, “avoir ensuite été convaincu par les divers médecins de la réalité de ses propres mensonges jusqu’au premier procès, avoir eu des doutes lors du second procès mais ne pas avoir osé les formuler à haute voix en présence de ceux qui l’avaient soutenu au cours des dix ans d’instruction”.
Depuis 1945, seuls huit condamnés pour des crimes ont été acquittés au terme d’une procédure de révision, dont une seule fois, en 2011, dans une affaire sexuelle.
© 2014 AFP