Tout a commencé à déborder depuis l’entrée du Centre international de conférence de Bamako (CICB). Il est 8 heures et quelques minutes. Certains parmi les premiers venus pour entrer se sont heurtés à l’inviolabilité du CICB sans carte d’invitation et par conséquent, s’en est suivi des tensions avec l’équipe de la sécurité en charge des accès. 1 heure plus tard, soit à 9 h00, l’entrée du CICB commence à se remplir. Des jeunes remontés pour ne pas avoir accès à la salle, haussent le ton. Des cris de protestations s’en suivent, puis des échauffourées et des échanges verbaux acerbes avec la sécurité sur place.
Acculés par une foule en horde de tous acabits, qui voulait forcer le passage, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à user de gaz lacrymogènes, provoquant des scènes de paniques dans tout le quartier, au son des détonations. L’entrée du CICB est, ainsi, bloquée pour quelques minutes.
Le Mali était à la loupe de la communauté internationale hier jeudi. Mais hélas, la première journée du second et dernier round des concertations nationales, censées poser les jalons de sortie d’une situation enlisée, s’est transformée en un cafouillage qui a fait des mécontents.
Dans l’enceinte du CICB, pendant que les travaux peinent à démarrer, certains participants se lancent des mots. Les détails et les comptes personnels se règlent.
En effet, Issa Kaou Djim, le virevoltant porte-parole de la CMAS, met le pied dans le plat : « le M5 est mort de sa belle mort » a-t-il fustigé, se désolant de la portion limitée d’invitation qui a été réservée à la CMAS, par le Comité stratégique du M5 RFP. En effet, il accuse ce comité d’avoir réservé à la CMAS, seulement deux cartes d’invitation sur un total de 40 reçues ».
Il n’en fallait pas plus pour qu’un rendez-vous de concertations nationales se mue en véritable ring de contestation nationale. Ainsi, chaque participant se fait une idée sur les scènes qui se déroulent : les couloirs du CICB sont transformés en tribunal. Chacun veut juger, et de véritables échanges s’installent, on s’entend sans s’écouter, la cérémonie se tient en présence d’invités augustes, qui ont déjà pris place dans la grande salle du CICB.
Dans les coulisses, le tintamarre se poursuit : « Je ne comprends plus rien. On ne peut plus s’entendre même sur des choses élémentaires ? », se lamente un participant.
Contrairement à lui, cet autre participant, Idriss Thiam, a une idée précise et tranche : « tout ça c’est la faute aux organisateurs. Pourquoi convier quelques-uns pour venir parler au nom des autres personnes, sachant bien que le pays traverse aussi une crise de légitimité et de représentativité », accuse Mamadou Dembélé.
Une accusation que réfute Mme Keita Aissata Mallé, membre de la plateforme citoyenne pour le changement : « Voilà l’image du Mali et des maliens. On ne peut même plus s’écouter pour avancer. Ni la communauté internationale, encore moins le CNSP, ne devrait être accusée. Ce sont nous maliens qui n’arrivons pas à surpasser nos passions. Il faut qu’on se ressaisisse vite, et on peut le faire si nous le voulons. Il est temps, et ça sera ainsi », espère ce membre de la société civile.
En tout cas, les maliens ont toujours su dialoguer et pour ces concertations nationales, cet autre rendez-vous de l’histoire, ils doivent et peuvent de nouveau se parler et s’entendre sur l’essentiel, car il est temps de mettre fin au grand bazar.
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews