Ce vendredi 27 avril pourrait bien symboliser la propension plutôt nouvelle du président Alpha Condé à lancer des projets. Ainsi, en ce seul jour saint pour les Musulmans, le chef de l’Etat a procédé au lancement de deux grands projets. Le premier, fruit de l’accord stratégique avec la Chine, est en rapport avec la reconstruction de la voirie urbaine dans la ville de Conakry. Le second, s’inscrivant dans la logique d’un vaste chantier dit de la « Nouvelle ville de Conakry », a trait à la construction de 20.000 logements sociaux à Kobayah, en haute banlieue de la capitale guinéenne. Des projets qui se rapportent donc à des défis cruciaux pour la population guinéenne dans son ensemble.
Pour ce qui est de la reconstruction de la voirie urbaine de Conakry, c’est le rond-point stratégique de Matoto qui a été choisi pour le lancement symbolique du projet. Sur place, devrait être édifié un échangeur qui devrait permettre de fluidifier la circulation. Confiée à l’entreprise chinoise, CIBITEC, l’exécution du projet d’un budget de 220 millions de dollars, devrait déboucher sur la construction d’un autre échangeur au niveau du rond-point de Kagbélen, mais aussi la reconstruction des voiries dans les communes de Kaloum, Dixinn et Matam. Alpha Condé y voit surtout l’occasion de relever le défi lancé il y a quelques années par le président turc qui, à l’occasion d’un de ses déplacements en Guinée, avait trouvé que Conakry, à travers notamment ses habitations, n’avait rien d’une capitale. « Vous savez, tout ce que le président turc a dit lors de son passage à Conakry. C’est un défi que nous devons donc relever pour que dans quelques années, quand les présidents viennent, qu’ils disent que Conakry est l’une des plus belles villes d’Afrique. Nous espérons donc que d’ici peu de temps, nous allons changer Conakry à travers les voiries et les logements sociaux », a notamment indiqué le chef de l’Etat.
Mais pour ce faire, le chef de l’Etat sollicite de la population de la discipline.
Comme on le disait tantôt, Alpha Condé a aussi, ce même vendredi, procédé au lancement du projet de construction de 20.000 logements sociaux, sur le site de Kobayah, dans la commune de Ratoma. Cette fois, c’est à China Dreal Group que l’exécution est confiée. Au-delà des logements sociaux en principe destinés aux citoyens à revenus moyens, le projet qui s’inscrit dans le cadre de la « Nouvelle ville de Conakry », pourra, à en croire le PDG de China Dreal Group, « fournir…divers appartements de haut/moyen standings, villas, bureaux, ministères, hôtels cinq étoiles, centres de conférences, marchés, contres commerciaux et hôpitaux ». Dans les quinze prochaines années, rajoute-t-il, 250.000 personnes pourraient aménager sur le site, non seulement pour y habiter, mais aussi pour y travailler. A préciser cependant que le délai d’exécution du projet est de 5 ans.
De fait, le projet est compartimenté en cinq zones : administrative, commerciale, résidentielle, de culture et de loisirs et celle des réserves naturelles.
Le président Alpha Condé, à l’occasion de la pose de la première pierre, n’a nullement caché la joie qui l’anime. D’autant plus heureux que, déclare-t-il : « Nos amis (chinois), après avoir construit Plaza Diamant qui est pour les grands bourgeois, ont pensé à nous accompagner pour les maisons sociales ». Mais, avertit-il : « Nous ne voulons pas commettre les erreurs des autres pays où des maisons sociales deviennent des bidonvilles. C’est pourquoi à chaque fois que nous devons construire des maisons sociales, nous exigeons que (le projet) soit composé de maisons de moyen et de grand standings où les populations seront mélangées ».
Le président de la République a également justifié sa joie par le fait qu’avec ce projet de construction de logements sociaux, c’est le premier pas en direction de la reconfiguration de la ville de Conakry qui sera posé. D’où, selon lui, le programme Conakry 2040, pour tourner la page des habitations dont certaines datent de l’époque d’avant la deuxième guerre mondiale. Des « maisons dépassées », admet Alpha Condé.
Gilles Mory Condé
