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Commission dialogue et réconciliation : Les 33 membres désormais aux manoeuvres

Les 33 membres de ladite Commission ont été officiellement installés dans leur fonction par le président de la République par intérim. C’était jeudi dernier au Centre international de conférence de Bamako.

Mohamed Salia Sokona commission dialogue et reconciliation nationale

La cérémonie organisée à cet effet a regroupé  des présidents d’institutions de la République, des membres du Gouvernement, des chefs des missions diplomatiques et de coopération, des parents et amis des commissaires, entre autres. Il s’agissait là d’un moment hautement historique pour notre pays parce que cette rencontre consacre le démarrage officiel d’un processus qui devrait, à terme, réconcilier les cœurs et les esprits des Maliens après une longue période de crise qui aura laissé un clivage entre les différentes communautés du Mali, notamment celles du Nord. D’ailleurs, le président de la Cdr, Mohamed Salia Sokona, a vraisemblablement pris toute la mesure de l’importance de cette mission. « Certes la mission que j’ai l’honneur et le privilège de conduire est des plus exaltantes. Mais c’est aussi et avant tout une lourde responsabilité historique car il s’agit de rechercher, par la vertu du dialogue, la réconciliation entre toutes les communautés maliennes», a reconnu M. Sokona.

Par ailleurs, il dit avoir conscience que la composition de la Cdr va au-delà  de ses membres pour la raison qu’elle est, naturellement,  une structure de tous les citoyens du Mali. C’est pourquoi, conscient des attentes du peuple, Mohamed Salia Sokona en a appelé à l’implication de tous pour la réussite de leur mission. Car, a-t-il estimé, il est temps, après tant d’exactions et d’humiliation, que nous fassions la paix pour que nous ne soyons pas un jour interpellés par les générations futures.
Le président de la République par intérim, après s’être réjoui des appréciations qui ont accueilli la nomination du président de la Cdr, a exhorté ce dernier à ne jamais céder aux caprices inhérents à l’exercice de cette fonction et à faire preuve d’humilité. Dioncounda est ensuite brièvement revenu sur le processus de nomination des membres de la Commission. Processus qui, de son avis, a  non seulement été participatif, mais aussi a tenu compte des qualifications et de la représentativité.
Le recadrage du Coren
C’est d’ailleurs pourquoi, le Chef de l’Etat s’est dit étonné des agissements de certaines associations,  notamment le Collectif des ressortissants du Nord (Coren). Un Collectif qu’il estime sérieux, respectable et engagé qui a pourtant été le premier à sonner la charge contre la Commission au prétexte qu’il aurait été marginalisé, pour reprendre les propos de Dioncounda. Conséquemment, a-t-il continué, le Coren a dit ne pas se reconnaitre dans cette commission et s’abstiendrait de toute relation avec cette dernière. Or, dans cette correspondance dont il a brandi une copie, le Coren se félicité d’une audience que lui, Dioncounda, leur a accordée le mardi 19 mars, relative certainement à la composition de ladite commission. Mieux, Mety Ag Mohamed Rissa, Vice-président et Mohamed Fall ould Mohamed, commissaire, ont tous deux été proposés par le Coren. En tout cas, personne n’a été marginalisé de manière délibérée, à en croire le président de la République.
Après cette brève précision, Dioncounda Traoré, tout en attirant leur attention sur les enjeux et les défis qui les attendent, a renvoyé les 33 commissaires à l’exercice de leur fonction. Toutefois, il a insisté sur le fait que cette Commission avait une obligation de résultat, même si lui-même s’est par ailleurs engagé à faire de son mieux afin qu’elle réussisse sa mission.
Bakary SOGODOGO

Ils ont dit
Soumana Sako, Ancien Premier ministre et homme politique du Mali
«Il n’y a pas de réconciliation durable dans l’impunité»
Je souhaite bonne chance à cette commission pour la raison qu’elle a un rôle très important à jouer. Ce rôle consiste à ramener la paix dans les cœurs et les esprits des Maliens, mais surtout réinstaurer la concorde nationale. Les hommes et les femmes qui ont eu l’honneur d’être nommés sont, j’en suis convaincu, conscients de l’importance historique des responsabilités qui leur sont aujourd’hui confiées. Nous serons là évidemment pour les suivre et les accompagner. J’ai noté que le président a insisté sur le fait que  cette Commission a une obligation de résultats. Elle n’a donc pas le droit à l’échec. Oui, dialogue entre tous les fils et filles du Mali, mais à condition que tous ceux qui ont pris les armes contre la partie les déposent. Mieux, que ceux qui se sont rendus coupables d’exactions contre les populations ou sur notre patrimoine culturel soient appelés à rendre compte. Car, il n’y a pas de réconciliation durable dans l’impunité.
Topan Mohamed Sané, Ambassadeur du Burkina Faso au Mali
«C’est le Mali, la sous région et la paix qui gagneront»
Je ne peux que formuler de vœux de succès pour la Commission parce que son président est un ami et un frère. Je voudrais donc que, sous sa sage direction, l’ensemble des 33 membres puissent faire une œuvre fort utile pour le Mali qui en a besoin. Qu’ils puissent amener, par les vertus du dialogue, le peuple malien à se réconcilier avec lui-même. Le Mali et toute la sous région gagneront et c’est la paix qui va gagner. Car, sans elle on ne peut rien faire. Je formule donc des vœux de franc succès à la Commission pour le bonheur du peuple du Mali.
Modibo Niaré, commissaire et membre des familles fondatrices de Bamako
«On finit toujours par dialoguer»
La guerre ne règle et n’apporte rien non plus. On a beau fait la guerre, on finit toujours par s’asseoir autour d’une table pour dialoguer. Je crois qu’on a eu l’intelligence pour discuter et c’est cela qui nous différencie des animaux. Nous devons échanger afin de nous comprendre. C’est cela, à mon avis, la solution. Nous prions pour que nous réussissions cette mission. Pour ce faire, nous avons besoin du soutien de l’ensemble des Maliens.
Bajan Ag Hamatou, Député de Ménaka et président de la plateforme des leaders et cadres kel Tamasheqs
«Je pense que ça va marcher»
J’espère que ça va marcher parce que le Mali est une grande et vielle nation. Ce n’est pas la première fois que notre pays se trouve buté à un problème de ce genre. Ce pays regorge d’hommes et de femmes capables de le sortir des grandes difficultés. Je pense donc que ça va marcher.
Mme Dembélé Oulématou Sow, commissaire et membre de la société civile
«Cette Commission est un espace de dialogue assez représentatif»
Mes impressions sont très bonnes. Les autorités de la transition nous ont fait confiance et nous prions de tous  nos cœurs pour ne pas les décevoir. Je me réjouis de la mobilisation des femmes pour nous accompagner et nous encourager. Car, on a réellement besoin de leur contribution eu égard à leurs place et rôle dans la société. C’est nous qui pouvons dire à nos maris de déposer les armes en ce qui concerne le Nord. Je pense que la Commission est un espace d’échanges assez représentatif pour prendre les points de vue et les stratégies des femmes qui puissent l’aider à mieux mener sa mission. Il faut mettre tout le monde à contribution pour que le travail de la Commission nous serve d’avant-garde, qu’il prépare le terrain à l’installation d’institutions légitimes.
Propos recueillis par Sogodogo

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