La crise née dans les deux régions anglophones du pays ne cesse d’empirer. 160.000 civils sont désormais dans le besoin et les enlèvements se multiplient.
Crise politique, crise sécuritaire et désormais crise humanitaire qui s’aggrave. Les problèmes nés dans les deux régions anglophones du Cameroun ne cessent d’empirer depuis des mois. Ainsi, 160.000 personnes seraient dans le besoin et 34.000 réfugiés auraient gagné le Nigeria, selon l’Ocha, le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires de l’Onu. Sur le terrain, les combats sont quotidiens entre les deux camps : 27 séparatistes ont été tués la semaine dernière et les enlèvements se multiplient.
Perturber l’école
“Au moins cinquante personnes ont été enlevées depuis le début de la crise“, estimait déjà mi-mai auprès de l’AFP le défenseur des droits de l’homme camerounais Felix Agbor Ngonkho, du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique. Rien n’a changé depuis et des écoles et leurs personnels viennent même d’être, à nouveau, pris pour cible. Deux responsables d’établissements scolaires ont été enlevés en fin de semaine dernière.
“On ne peut pas toujours affirmer de façon certaine que ce sont les séparatistes anglophones, mais cela y ressemble et parfois ils le revendiquent, d’ailleurs“, explique Sarli Sardou Nana. Cet expert camerounais vit en exil en Grande-Bretagne et est militant pour la défense des droits de l’homme et ancien proche conseiller de John Fru Ndi, opposant historique. “Là, ils s’en prennent à l’école, c’est un symbole, mais c’est pour perturber et empêcher les examens en cours. Ils veulent montrer qu’ils contrôlent le territoire“.
Libération d’indépendantistes
Pour Sarli Sardou Nana, il est urgent de stopper l’escalade de la violence. “Chaque camp veut montrer sa force et il y a des violences des deux côtés“, assure-t-il. Il cite les 27 activistes anglophones tués par l’armée le week-end dernier. “Il n’y a qu’une seule solution : c’est celle du dialogue“, insiste Sarli Sardou Nana. “Mais pour ça il faut libérer des indépendantistes, les non-violents. Sinon le gouvernement n’a personne pour dialoguer en face de lui.”
Et Sarli Sardou Nana de plaider aussi pour une justice indépendante. “Le journaliste Mancho Bibixy condamné la semaine dernière n’était pas violent lui, par exemple. Si les gens ont commis des crimes, il faut les arrêter, les juger avec des moyens légaux et transparents, mais là, les procès ont lieu devant des tribunaux militaires“, regrette-t-il. Des procès qui radicalisent les populations anglophones et aggravent la crise selon lui.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a demandé mercredi (30 mai) la “libération immédiate” d’une principale de lycée, enlevée en fin de semaine dernière en banlieue de Buea.
Deutsche Welle