Les Bamakois se lamentent de ce que leur ville, sous la période coloniale » un pittoresque oasis au cœur du Sahel » est devenue une cité poubelle avec des montagnes d’ordures ménagères se dressant dans chacune des six communes qui la composent, des caniveaux remplis de détritus, des rues jonchées d’immondices ou dégouinant d’eaux usées nauséabondes.
Pour redonner à « la ville aux trois caïmans » son lustre d’antan, le maire Adama Sangaré a entrepris de tirer le meilleur profit d’un financement mis en place par le Fonds mondial de l’Environnement, une filiale de la Banque mondiale et destiné à six villes de la région sahélienne. Il s’agit de Bamako, Niamey, Ouagadougou, Parakou, Saint-Louis, Thiès.
Sur les 53 milliards de FCFA représentant le montant dudit financement, Adama Sangaré a pu obtenir 12 milliards pour la construction d’une unité de transformation industrielle des ordures ménagères de sa ville. Elle sera installée sur une superficie de 50 ha à Safo, au nord du district. Les déchets, quotidiennement collectés dans les différentes communes, seront transportés à bord de dizaines de véhicules sur le site, triés, transformés en partie en engrais pour les cultures agricoles, en partie en résidus pour le bitumage des routes de la capitale qui en ont un grand besoin. On parle même de production d’électricité toujours grâce à cette miraculeuse usine de transformation des déchets domestiques.
Imaginez en sus le nombre de personnes de tous sexes qui pourraient trouver à s’y employer entre chauffeurs, trieurs, etc Dans tout autre pays africain ce dossier aurait fait l’objet d’un traitement d’urgence. Au Mali, où l’on ne voit pas passer le temps et où l’urgence c’est d’attendre, ce ne fut pas le cas.
Le dossier a mis un temps anormalement long dans les dédales du ministère des Affaires étrangères et, quand il en est miraculeusement sorti, ce fut pour s’éterniser dans ceux du ministère de l’Assainissement. Il aurait subi le même sort que les 31 milliards de FCFA dont Bamako vient d’être privé dans le cadre du PAVB (voir article ci haut) si l’édile de la capitale n’avait alerté un proche collaborateur du président de la République qui a pris les choses en main pour arracher la signature de Mme Kéïta Aïda M’Bow.
Cette affaire, comme celle du PAVB, est illustrative de l’observation que faisait un représentant-résident de la Banque mondiale en fin de mission au Mali et qui peut se résumer comme suit : » Je garderai l’amer souvenir de cadres qui manifestent très peu d’enthousiasme pour le décaissement des fonds mis à la disposition de leur pays « .
Saouti Haïdara
L’Indépendant