Les tontines, communément appelées pari, étaient considérées comme Activités Génératrices de Revenus (AGR) pour notamment les femmes. Aujourd’hui, elles sont étendues aux hommes qui y ont pris goût. Elles sont devenues un moyen, de genre de petites caisses d’épargne et d’entraide entre proches, camarades de services, membres de grins. Comment expliquer l’émergence des tontines dans la société, chacun y va de ses commentaires. Jadis réservées aux femmes, au fur des années les hommes y sont venus nombreux aussi. Que ce soit aux services, dans les quartiers ou en famille même, les hommes adhèrent aux tontines. Toutes les Bourses peuvent y adhérer. Et à chacun selon ses moyens. C’est pourquoi on qualifie également ces tontines de petite Banque.
Ils sont nombreux à donner leur point de vue sur l’importance de ces tontines dans nos quartiers.
Amadou Djiguiba, Blanchisseur de profession à Daoudabougou dit ceci: «Pour moi, les tontines sont des moyens d’économiser le peu d’argent qu’on gagne dans la vie courante ou dans nos activités professionnelles. Surtout pour les citoyens à faibles revenus. A défaut d’ouvrir un compte bancaire classique, on peut se réunir en tontines entre nous où chacun cotise la somme convenue. L’argent ainsi récolté est donné à un membre. Celui-ci pourra se dépanner momentanément. C’est là où réside l’importance des tontines».
Bintou Samaké, Ménagère à Magnambougou, apprécie en ces termes les tontines: «Quand une amie m’a demandé d’adhérer à une tontine, j’étais hésitante au départ. Elle a fini par me convaincre. J’y ai adhéré et aujourd’hui j’ai fait des réalisations grâce aux fonds récoltés des tontines. J’encourage pour ma part à mes camarades d’adhérer à la tontine, c’est le seul moyen pour les faibles revenus de réaliser quelque chose ».
Amidou Traoré, Administrateur civil de son état : «A mon sens, les tontines créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Pour preuve, il y a souvent des conflits nés du comportement des mauvais payeurs. Des conflits entre les femmes surtout dont la plupart se termine dans les Commissariats de police. Ces problèmes viennent du fait que certaines premières bénéficiaires refusent de payer à leur tour à celles et ceux qui n’ont pas touché à leurs parts. Ainsi, après maints rappels, les lésés transportent le différend à la Police ou à la Gendarmerie. Et c’est bonjour aux dissensions et rancœurs pour de bon. C’est pourquoi, je n’encourage personne à adhérer à ces tontines des femmes de Bamako surtout. Le mieux pour moi est de payer une petite boite dans laquelle vous versez certaines sommes et, au bout de quelques mois, vous aurez fait une petite économie propre à vous seul. C’est le sens que je donne à l’économie et non les tontines».
Oumou Coulibaly, Vendeuse au Grand Marché de Bamako : «J’ai fait beaucoup de réalisations grâce aux tontines. Mon premier fonds de commerce est venu de là. Aujourd’hui, je suis m’épanouie pas mal. Et je dois cet épanouissement à mon adhésion à un Groupement de tontine. J’y adhèrerais chaque fois que l’occasion me sera donnée ; car, elle est une source d’économie. Les conflits naissent du non-respect des clauses de départ par certains de ses membres. Une fois ces principes dégagés, les choses se passent comme dans le meilleur du monde. Pour ma part, j’encourage tout le monde à adhérer à une caisse de tontine. Cela, que ce soit au travail, au quartier, aux grins, … ».
Réalisé par Ambaba de Dissongo
Source: L’Observatoire