Pour “instrumentalisation, clanisme et gestion solitaire”, le comité stratégique du M5 Rfp est en train de perdre au jour le jour ses membres fondateurs. Ainsi, après l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, les ex-ministres Mme Sy Kadiatou Sow, Cheick Oumar Sissoko, Konimba Sidibé, c’est au tour de Me Mohamed Aly Bathily, président du parti Front africain pour la solidarité et la démocratie (Fasode) non moins ancien ministre et surtout figure de proue de la contestation contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, de claquer la porte dudit comité.
La lettre de démission du parti Fasode du comité stratégique du M5 Rfp, dont nous avons eu copie, date seulement de la journée du mardi 14 juin 2022 et est signée par le président de cette jeune formation politique, notamment l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Aly Bathily. Dans le document, le parti motive son retrait par le fait que leurs représentants au Comité, dont le président lui-même, ne sont plus informés des réunions, de même que toutes les personnes qui les représentaient au sein de cette instance. “Nul besoin de rappeler que Fasode continuera la lutte pour permettre la réalisation des objectifs du M5 RFP auxquels il est attaché. L’omission dont Fasode est l’objet m’amène à croire que notre présence au sein de ce comité stratégique dévoué seulement à son Président n’est pas souhaitable. Face à ce constat, je vous demande de prendre acte de la démission de mon organisation dudit Comité Stratégique et de la détermination de nos militants à poursuivre leur combat à côté de tous ceux qui voudront poursuivre le combat du M5 RFP, loin des manœuvres politiciennes de gestion du pouvoir”, signé Me Mohamed Aly Bathilty, tout en précisant qu’ils n’ont pas démissionné du M5 RFP.
Un nouveau Comité stratégique en gestation
Approché par nos soins, Mohamed Aly Bathily d’expliquer que leur départ du Comité stratégique n’est nullement surprenant pour la simple raison qu’au moment où cette instance a été mise sur place, il n’y avait aucun règlement intérieur, malgré l’insistance de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, appuyé par lui-même pour la circonstance.
“Ainsi, pour la composition dudit comité, il revenait à chaque force d’envoyer les personnes de son choix. C’est comme ça que le Comité a été mis sur place jusqu’à ce que, récemment, l’actuel Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui est le président du Comité stratégique crée ses propres règles. Partant de cela, il accepte qui il veut au sein de cet organe et rejette les têtes qu’il ne veut pas voir. Pour nous, avec ce format, il a un comité stratégique dévoué à sa personne et non un Comité stratégique du M5 Rfp” a précisé Me Mohamed Aly Bathily.
Selon l’ancien ministre de la Justice, tous ceux qui se sont sentis lésés par ce forcing de Choguel ne vont pas rester les bras croisés. “Nous allons mettre sur place un autre Comité stratégique plus conforme à nos attentes et ce, de façon démocratique”, a-t-il poursuivi, tout en dénonçant des membres de la 25ème heure et une jeunesse à la solde de Choguel qui sont entrés au Comité stratégique par “des portes dérobées” tentant de prendre en otage le mouvement.
Détournement du combat
du M5 Rfp
Me Mohamed Aly Bathily a été clair en soutenant que lui et ses compagnons du parti Fasode (qui était une association lors de la création du M5 RFP) ne se reconnaissent nullement dans la gestion de l’actuel Premier ministre au nom du M5 Rfp.
“Nous avons combattu l’injustice, la gabegie, le favoritisme, le trafic d’influence sous IBK, mais aujourd’hui ce qui se passe est inexcusable pour nous, surtout quand un ministre exige le recrutement de sa femme dans une structure étatique, cela, sans oublier le scandale des logements sociaux ou le concours de recrutement à la police. Ce sont des choses qui ne vont pas avec l’esprit du M5. C’est pourquoi, nous souhaiterons mettre sur place ce nouveau Comité stratégique pour poursuivre le vrai combat du changement que nous avons prôné lors de la création de cette organisation” a soutenu Me Mohamed Aly Bathily qui a été, durant la contestation, le maitre à penser de la désobéissance civile. Ce n’est pas tout ! C’est lui aussi qui a révélé à la communauté internationale l’ensemble des textes violés par le gouvernement de l’époque, sans oublier qu’il a aussi mis sur la place publique les incohérences de la Cédéao dans le traitement du dossier Mali.
Notons qu’il y a aussi près d’un mois, six membres du Comité stratégique, sous la houlette d’El hadj Abdou Oumar Touré, président de Kaoural Renouveau International, avaient aussi animé une conférence de presse à la Maison de la presse, dénonçant l’instrumentalisation du Comité stratégique par l’actuel Premier ministre.
Kassoum THERA