La COMATEX (Compagnie malienne des textiles) est à la croisée des chemins. Sa direction multiplie les initiatives pour la survie de cette société capitale pour la vie de la 4ème région administrative et pour la survie de ses ouvriers. C’est dans cette perspective que l’Etat et la partie chinoise se sont donnés la main pour une reprise de la société. Les plans fonctionnent plutôt bien pour un début. Mais des Maliens mal intentionnés ont maladroitement interprété la vision commune des actionnaires, qui, en vertu des difficultés de l’entreprise, ont jugé, utile, de ne pas reconduire les contrats de travail de 140 saisonniers provoquant l’ire de certains travailleurs.
Le non – renouvellement des contrats de 140 travailleurs saisonniers a fait de nombreux bruits, la décision ayant été prise pendant les congés collectifs et notifiée aux intéressés le 20 août dernier. Et comme insinuent les détracteurs, la COMATEX n’est pas acéphale. Mieux, que chacun comprenne que le Conseil d’Administration a commis un nouveau PDG le 29 juin 2018, que les usines fonctionnement normalement, que le motif pour le défilé du 22 septembre prochain est en cours d’impression et que les activités de filature, tissage et ennoblissement sont de mise.
Aujourd’hui, la COMATEX réclame quelque 2 milliards de FCFA à l’Etat malien, au titre de décotes sur les achats de fibre coton, et des remboursements des taxes sur les hydrocarbures, conformément aux contrats de performance. C’est sur ce montant que l’Etat a payé 306 millions FCFA.
Des difficultés, parlons – en
Oui, chaque entreprise humaine a ses périodes de gloire et ses périodes de vache maigre. C’est pourquoi notre compagnie nationale est confrontée à des problèmes réels de trésorerie conjoncturels et structurels. L’arbre ne doit pas cacher la forêt : ces problèmes sont exacerbés par le retard pris dans la concrétisation des engagements de l’Etat. Mais cela n’enlève rien au mérite du textile malien. Si la COMATEX se bat allègrement dans des difficultés sans mettre la clé à la porte, c’est grâce aux infusions combinées des actionnaires que sont la COVEC et la COMATEX, et ce depuis 1994. Le Malien n’est pas un bon national, car au lieu d’aider cette entreprise parce que nos parents y travaillent, il contribue à la démolir. La bonne nouvelle cependant, c’est qu’un protocole d’accord a été signé entre le gouvernement du Mali et la partie chinoise en mars dernier. Ce nouveau souffle augure t-il d’un nouveau départ ? Nous osons le croire.
Un nouveau départ ?
Le gouvernement malien se soucie de l’avenir des travailleurs de la compagnie malienne des textiles. Il a consenti des efforts par l’octroi d’avantages économiques, douaniers et fiscaux à travers une convention d’établissements et ses différents avenants de renouvellement. Il faut savoir que le ministère de tutelle a conclu avec la COMATEX des contrats de performance qui donnent des avantages et fixent des objectifs. Pour rappel, la partie chinoise a consenti en 2011 un prêt de 1,1 milliard de FCFA. Ces appuis et accompagnements ont été appréciés par le Conseil d’administration car étant de nature à redresser et à renforcer l’entreprise.
Aujourd’hui, la technologie appliquée par la COMATEX est désuète. Il faut donc l’accompagnement de l’Etat pour éviter les chômages techniques et à long terme la fermeture qui est fatale ou mortelle pour les ouvriers de Ségou laquelle doit sa notoriété à cette compagnie. C’est pourquoi d’ailleurs, la COVEC a accédé à la demande du PCA en accordant un premier versement de 400 millions FCFA. Ce décaissement sur le prêt d’urgence de 600 millions servira exclusivement à l’achat des produits chimiques et colorants pour permettre la continuité de l’activité de production. L’espoir est que l’Etat a promis le paiement de la décote dans les meilleurs délais.
En somme, il faut sauvegarder et sauver la COMATEX. C’est le prix à payer pour que survivent nos frères qui y travaillent. Il faut que ceux-ci se sentent comme des Maliens à part entière.
Issiaka Sidibé
Le Matinal