Certains journaux américains reprochent au président la décision de s’abstenir et de laisser de facto adopter une résolution des Nations unies contre la colonisation.
Adoptée vendredi 23 décembre – grâce à la décision des Etats-Unis de ne pas user de leur droit de veto – la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) dénonçant la colonisation israélienne de territoires palestiniens occupés a créé la surprise, mais aussi suscité de vives critiques dans la presse israélienne et américaine.
Le texte de la résolution, contrairement aux affirmations des responsables israéliens, n’est pas fondamentalement hostile à l’Etat hébreu. Il s’inscrit dans la lignée de la résolution 465, adoptée en 1980, qui dénonçait déjà l’extension des colonies, jugées illégales.
Une relation houleuse
Aussi bien israélienne qu’américaine, la presse a souligné la relation houleuse entre le président Obama et le premier ministre Nétanyahou. « Il apparaît désormais que ce président canard boiteux, libéré de toute contrainte partisane, a l’intention (…) d’utiliser son dernier mois au pouvoir pour faire un doigt d’honneur à Israël à l’ONU », a commenté une journaliste du Jerusalem Post.
Très critique, le Boston Herald dénonce dans son éditorial un « dernier acte de mauvaise gouvernance internationale d’Obama », « pensé pour blesser Netanyahou de façon très personnelle. » Le quotidien estime que l’abstention américaine « blesse aussi le seul allié et la seule nation démocratique de la région. » « Peut-on considérer cela comme une bonne décision ? » Le New York Post a lui dénoncé dans son éditorial la « trahison choquante », « un geste sournois et malhonnête » à l’encontre « d’un allié ferme des Etats-Unis ».
Une partie de la droite israélienne peut désormais espérer l’appui du président élu états-unien, Donald Trump, qui a d’ores et déjà annoncé que le futur ambassadeur en Israël serait David Friedman, connu pour son soutien idéologique à la colonisation et son opposition à un Etat palestinien.
Un « coup de semonce » pour le gouvernement
Pour le quotidien israélien Haaretz, l’adoption surprise de la résolution est un « coup de semonce » pour le gouvernement de M. Nétanyahou. « Israël doit écouter les voix qui s’élèvent à l’ONU », et « emprunter une route plus morale », écrit le journal dans son éditorial, appelant le gouvernement à « cesser les colonisations et à créer des bases convenables pour un renouveau des négociations avec les Palestiniens ». « Il n’y a pas d’autre solution », conclut le quotidien.
Comme le souligne le magazine américain Foreign Policy, spécialisé dans les relations internationales, une des premières réactions politiques est venue du futur président des Etats-Unis, Donald Trump, qui sera investi le 20 janvier, et qui promet sur Twitter que « les choses seront différentes » après cette date. « Le vote [de la résolution] a suivi une journée diplomatique extraordinaire au cours de laquelle le président élu des Etats-Unis s’est lui-même lancé dans une dispute diplomatique afin de pousser le président en exercice à changer de position », écrit Foreign Policy.
Source: lemonde